cultureSur la planète pop, chaque année voit débarquer son lot de jeunes révélations. Des groupes à l'énergie débordante, des premiers albums composés dans l'urgence, portés par quelques hits fougueux? qui se révèlent parfois n'être que des feux de paille. La dernière formation à passer sur le banc d'essai 2009-2010 s'appelle The XX. Deux garçons, deux filles. Jeunes, ces Londoniens le sont bel et bien, leur moyenne d'âge frôlant tout juste les 20 ans. Leur premier disque « XX », en revanche, n'est ni fulgurant ni impulsif, mais plutôt lent et réfléchi. Il ne contient pas vraiment de tubes, mais invite à être écouté dans sa totalité. Bref, The XX est en quelque sorte une jeune révélation déjà arrivée à maturité.Leur nom, ils l'ont trouvé avant même de composer leur musique. Que doit-on déceler derrière ces « X » mystérieux ? Quelque évocation sulfureuse ou la froideur de l'anonymat ? « Cela dépend de chacun, lance, amusé, Oliver Sim, chanteur et guitariste du quartette. C'est ce qui fait la force de ce sigle. Il évoque une multitude de choses tout en restant singulier. »Une chose est sûre, The XX, ça sonne branché. Tout le contraire du look de ces ados mal fagotés aux mines renfrognées et aux coupes de cheveux improbables. Lorsqu'on les rencontre en septembre dernier, le groupe semble un peu dépassé par les événements, réalisant à peine qu'ils s'envolent pour une tournée américaine de trois mois. En fait, la chanteuse et bassiste Romy Madley est surtout préoccupée par l'iPod qu'on vient de lui voler à Berlin. « Toute ma musique était dessus, s'agace-t-elle. Heureusement, Beggars [leur label parisien, Ndlr] m'a déjà mis plein de disques de côté. »quatre ans d'expérienceOn apprendra ainsi sa passion pour la reine du R'n'B Beyoncé et pour le rock du duo The Kills. Des influences difficiles à déceler sur leur propre album qui rappelleraient plutôt The Cure ou Cocteau Twins. L'esprit new wave est bien là : ambiances mélancoliques et nocturnes, ligne de basse généreuse pour réchauffer le tout. Accompagnées d'une discrète boîte à rythme, les mélodies sont à la fois planantes et accrocheuses. Habilement, les voix d'Oliver et de Romy cohabitent au sein des mêmes morceaux, se répondent ou s'enlacent l'une à l'autre.Les deux complices se connaissent depuis la maternelle et sont à l'origine de la formation. « On écrivait dans nos chambres et on s'envoyait les textes par e-mail. C'est toujours gênant de faire lire ses écrits, explique Oliver. Nous avons commencé à jouer nos compositions mais il manquait quelque chose. Et puis Jamie Smith nous a rejoints. Avec ses sons électroniques, il a réussi à lier les éléments de notre musique pour la rendre vivante. Finalement, cela fait presque quatre ans que nous travaillons ces chansons. » Ce qui explique sans doute la maîtrise que dégage l'album. Sans effets spectaculaires, The XX a su imposer son identité. n The XX (Young Turks/Beggars).Concert le 18 février 2010 à La Cigale, Paris, 75018.

latribune.fr

29 Oct 2009, 13:48

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