Pour une poignée de dollars

Bâle 3 : le mot que les banquiers détestent le plus ces derniers mois. Synonyme d'une régulation accrue qui vise à les brider, ces règles prudentielles nécessitent plus de fonds propres pour renforcer leur solidité. Une étude de la banque britannique Barclays Capital estime que les banques américaines auront besoin de 100 à 150 milliards de dollars pour se conformer à ces nouvelles règles. Un montant gigantesque dans l'absolu mais qui reste, somme toute « gérable », selon Tom McGuire, analyste chez Barclays Capital. En effet, selon l'étude, 90 % de ces besoins proviennent des six premières banques américaines qui sont J.P. Morgan, Bank of America-Merrill Lynch, Wells Fargo, Citigroup, Goldman Sachs et Morgan Stanley. Là encore, une moyenne de 15 milliards de dollars par banque paraît très lourde. Mais des établissements comme Bank of America, Citigroup ou J.P. Morgan peuvent réaliser jusqu'à 10 milliards de dollars de bénéfices par an ou plus. En mettant en réserve une partie de leurs bénéfices pendant quelques années, leurs besoins en capitaux ne devraient pas leur poser de difficulté.L'agacement des européensSauf que dans le même temps, les banques américaines verront leur rentabilité diminuer. La réforme financière prévue par la loi Dodd-Frank leur impose plus de restrictions et réduira à terme leurs profits. Dans ce contexte, elles auront d'autant moins de bénéfices à mettre de côté pour de nouveaux fonds propres. Aucune n'a toutefois manifesté de crainte sur sa capacité à se conformer aux règles de Bâle 3. Il faut dire que les régulateurs, la Réserve Fédérale en tête, n'ont pas insisté outre mesure sur leur volonté de les appliquer. Une attitude qui agace les Européens. Ils reprochent aux Américains de mettre en oeuvre ces règles à leur convenance. Les autorités américaines sont en réalité soucieuses d'appliquer d'abord leurs propres réformes financières qui concernent aussi bien les consommateurs que les activités spéculatives. L'application de Bâle 3 n'arrive qu'au second rang de leurs priorités, preuve que les montants de capitaux qui seront nécessaires aux banques, ne leur semble pas si démesurés et ne leur inspire pas un sentiment d'urgence.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.