En plein chantier, l'AFP perd son président

Une démission inattendue. Pierre Louette, à mi-parcours de son deuxième mandat de président de l'Agence France-Presse (AFP), jette l'éponge. Il va rejoindre France Télécome;lécom début avril. C'est un proche de Stéphane Richard, nouveau patron de ce groupe. Il est nommé secrétaire général et se retrouve, ironie de l'histoire, le supérieur de son ancienne ministre de tutelle, Christine Albanel, nommée directrice de la communication de l'opérateur téléphonique. À l'AFP, troisième agence de presse mondiale, la pilule est difficile à avaler et de nombreux salariés ne cachent pas leur inquiétude alors que l'établissement est en pleine réforme. Pierre Louette a justifié son départ en expliquant qu'il y a « des rencontres, une personnalit頻 qui ne se refusent pas. Mais pour beaucoup, ses relations avec les syndicats, de plus en plus tendues, l'ont poussé à claquer la porte.Entré à l'AFP en 2003 comme secrétaire général, Pierre Louette, 47 ans, avait été reconduit pour trois ans à la présidence en décembre 2008. Sa principale mission était de reformer l'agence, dont les statuts datent de 1957. Dans son projet remis à Matignon en mars 2009, il propose de la transformer en société anonyme à capitaux publics. Son idée est de l'adosser à la Caisse des dépôts, qui, en échange d'une participation au capital, ferait rentrer de l'argent frais. Entreprise commerciale mais sans actionnaire, ni capital, l'agence manque de fonds propres. Pour Pierre Louette, cette situation n'est pas tenable car, par manque de moyens, l'AFP a déjà raté le marché de l'information financière, puis de la vidéo. Et elle pourrait bien passer aujourd'hui à côté de la révolution numérique...L'indépendance éditorialeMais, pour les syndicats, il n'est pas envisageable d'ouvrir le capital de l'agence car son indépendance éditoriale serait aussitôt mise à mal. Depuis plus d'un an, les relations étaient exécrables entre le président et l'intersyndicale. « En vacances », cette dernière n'a pour l'heure pas réagi à la démission de Pierre Louette. Cette situation de blocage a poussé le gouvernement à demander à cinq experts de repenser la réforme de l'AFP. Leur rapport doit être remis fin mars. Selon un professionnel, la brutalité du départ de Pierre Louette pourrait jouer en faveur de la réforme de l'agence que présenteront les experts. « Soit la situation de blocage persiste du fait des syndicats, soit au contraire les salariés, qui dans leur grande majorité sont pour que les choses changent, font entendre leur voix... » De sources concordantes, les sages ne toucheraient pas au statut de l'agence et auraient d'ores et déjà trouvé des « solutions » sans toucher aux intérêts multiples des diverses catégories de personnel. Quant au futur PDG de l'AFP, « il devrait lui appartenir de se saisir de ces enjeux, d'achever d'élaborer des plans de réforme et de développement, les porter devant le Parlement et s'investir pour les mettre en oeuvre dans les années à venir », écrit Pierre Louette dans son message adressé au personnel. Le président de l'AFP est nommé par le conseil d'administration, qui comprend quinze membres, dont huit représentants de la presse et trois directement nommés par le gouvernement, deux représentants de l'audiovisuel public et deux du personnel de l'agence. Pour l'heure, l'intérim sera assuré par le vice-président du conseil d'administration, David Guiraud, directeur général du groupe Le Monde.
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