Tokyo tente de rééquilibrer son modèle de croissance

La chambre haute de la Diète a adopté mercredi le premier budget du gouvernement d'alternance mené par Yukio Hatoyama. Il traduit bien sûr les priorités énoncées lors de la campagne du Parti démocrate du Japon (PDJ) : une réorientation des politiques publiques directement vers les citoyens plutôt que vers les entreprises, « du béton vers les gens », comme le résumait ironiquement la brochure du PDJ par allusion aux programmes d'infrastructures répétitifs menés au fil des ans par la majorité précédente et dont les premiers bénéficiaires étaient les entreprises du BTP. Cette fois, les grands bénéficiaires sont censés être les ménages, qui reçoivent d'authentiques allocations familiales (13.000 yens cette année, puis le double l'an prochain si les finances publiques le permettent). ruptureMalgré une démographie en berne, avec un taux de natalité à moins de 1 enfant par femme à Tokyo, et à 1,3 au Japon, les gouvernements précédents n'avaient jamais mis en place de politique nataliste. Ce budget est à cet égard une rupture : les dépenses sociales ont progressé de 9,8 % par rapport à l'an dernier. Mais ce budget engendre aussi des perdants, les acteurs de l'immobilier. Les dépenses publiques consacrées à la construction ont chuté de 18,3 % dans ce budget, atteignant un plus-bas inédit depuis 32 ans. La politique d'alternance du PDJ repose sur le pari de la demande intérieure, comme moteur de la croissance. Mais les Japonais sont historiquement plus enclins à épargner qu'à consommer, et l'économie a toujours tiré l'essentiel de sa croissance de la demande mondiale et non de la demande des Japonais eux-mêmes. Le jour de la promulgation du budget, le ministère des Finances a d'ailleurs annoncé que les exportations avaient bondi de 45 % en février par rapport à février 2009, et que l'excédent commercial avait augmenté dans des proportions inédites depuis 1982.Reste que la réorientation politique voulue par le Premier ministre, Yukio Hatoyama, signifie une hausse des salaires et des cotisations sociales, autant de mesures qui vont contre les souhaits des champions nippons de l'exportation que sont Toshiba, Toyota, Canon... Tel est le dilemme du gouvernement à quelques mois d'élections sénatoriales en juillet.
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