La livre coule avec la bénédiction des autorités

changesLa livre sterling s'enfonce inexorablement, avec le quitus des autorités monétaires britanniques, qui manient sans la moindre pudeur l'arme du dumping monétaire. La monnaie de Sa Majesté est tombée vendredi à un point bas de six mois face à l'euro, enfonçant le seuil de 0,92 qui la rapproche de la parité avec la monnaie unique qu'elle était venue affleurer, en pleine déroute, en décembre dernier. Vis-à-vis d'un dollar en meilleure forme face à toutes les grandes monnaies, la livre a rechuté en dessus de 1,60, pour ne plus valoir que 1,5920, son cours le plus faible depuis mai.Même si personne ne croyait dans leur credo, les responsables américains clament depuis maintenant plus d'une décennie que « le dollar fort est dans l'intérêt des États-Unis », le slogan lancé par le secrétaire américain au Trésor, Robert Rubin, au milieu des années 1990. Jeudi, Mervyn King, qui a déjà plusieurs entorses au libre jeu des forces du marché à son actif, s'est carrément félicité de la faiblesse de la livre, qui, selon ses dires, contribue au rééquilibrage de l'économie britannique en faveur des exportations et à l'assainissement de la balance commerciale lourdement déficitaire. Quelques jours auparavant, un rapport de la Banque d'Angleterre qu'il préside avait indiqué que « le taux de change réel de la livre compatible sur le long terme avec les données fondamentales avait vraisemblablement baiss頻. Autant de prises de position qui s'apparentent à une cabale pour faire baisser une monnaie dont les acteurs du marché des changes doutaient déjà de la solidité.vigoureusement attaquéeAssortie d'un rendement lilliputien de 0,5 %, la livre prend donc une nouvelle longueur d'avance sur le dollar, qui offre une rémunération proche de zéro, en tant que véhicule des stratégies de portage, consistant à jouer sur les écarts de taux. Ce qui risque de l'entraîner nettement plus bas et de lui faire franchir la parité avec l'euro, si elle continue de bénéficier aussi ouvertement du concours des autorités. La Commerzbank estime cependant que la Banque d'Angleterre joue avec le feu, car s'il est aisé pour une banque centrale de faire baisser sa monnaie, la situation est autrement plus compliquée dès lors qu'il s'agit de la stabiliser. Surtout dans le cas du sterling, car c'est de loin la grande monnaie qui a subi les attaques les plus fortes depuis un an : son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux d'Albion a chuté de 15 % contre seulement 2 % pour le dollar, qui avait vigoureusement rebondi après la faillite de Lehman Brothers.
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