Trois cents chercheurs dans vingt disciplines différentes on...

Il fut un temps, lointain, où les hommes s'oignaient délicatement d'huile d'olive pour nourrir leur peau. Un temps où les poètes eux-mêmes n'hésitaient pas à enseigner aux femmes le bon usage des onguents, fards et parfums. Un temps où les traces du temps qui passe offraient à d'habiles chimistes matière à s'enrichir. Un temps où les princesses impériales trouvaient naturel de cautionner des produits cosmétiques. De ce temps-là, on a pourtant surtout écrit sur ses guerres sans fin et ses monarques sans pitié. Mais jamais personne n'avait songé à inviter les plus grands chercheurs à se pencher sur un sujet que les grincheux pourraient juger futile : la beauté et la représentation du corps à travers les âges. Jusqu'au jour où L'Oréalcute;al se mit à considérer que cette thématique au c?ur de ses préoccupations industrielles et commerciales valait bien un investissement citoyen. Le leader mondial des cosmétiques, ou plutôt sa fondation, s'est mis en quête de partenaires pour transformer son idée en livre. Côté fabrication, conception et commercialisation, l'« objet » échut à Gallimard. Et c'est ainsi que sous la houlette d'Élisabeth Azoulay des érudits de tout poil se mirent à fouiller, dépoussiérer et interpréter tout ce qui pouvait contribuer à rendre cette ?uvre collective à la fois inédite et passionnante. « Nous avons réuni 300 auteurs issus de 35 nationalités et travaillant dans 20 disciplines », insiste, ravie, Béatrice Dautresme, qui est à la fois directrice générale de la fondation d'entreprise L'Oréalcute;al et vice-présidente en charge de la direction générale de la communication et des relations extérieures du groupe.Pyramide cartonnéeCet ouvrage, qui n'a d'encyclopédique que l'ambition, surprend de prime abord par sa forme. Ses cinq tomes se rangent dans une pyramide cartonnée que les bibliophiles auront du mal à caser dans leurs rayonnages. Le beau est-il plus à sa place sur une table ? En tout cas, il semble de bon ton qu'il se montre comme une pièce unique. Le lecteur inopiné se trouve ainsi tenté d'en feuilleter quelques pages. Juste le temps de lire que, des charmes de Cléopâtre, on ne sait pas grand-chose alors que « la célèbre Poppée, concubine épousée de Néron, célèbre pour ses bains de lait d'ânesse, a attaché son nom à des crèmes de beaut頻. Ou de noter une recette pour « rendre les mamelles petites et dures ». Elle figure dans un recueil publié à Ferrare du temps où Ronsard invitait les mignonnes à bien profiter de leur jeunesse tout juste éclose. En résumé, vider un cédrat, le remplir du lait d'une chienne à son premier accouchement, le placer dans des cendres chaudes, puis couvrir de cet emplâtre les seins avant de les bander « très serrés ». Vive le progrès. Pierre Kupferman« 100.000 ans de beaut頻, 150 euros, Gallimard.Parce qu'elle le vaut bien?
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