L'ANC débat de la nationalisation des mines

« Les compagnies minières volent les pauvres, sans honte ! Il nous faut plus d'argent pour payer les enseignants et les infirmières. Cet argent se trouve dans l'exploitation des mines. Voilà pourquoi il faut les nationaliser ! » Depuis plus d'un an, l'enfant terrible de la politique sud-africaine Julius Malema, leader de la Ligue de la jeunesse de l'ANC, réclame ce transfert de propriété. Des appels qui ont souvent une connotation raciale. En 2004, dans le but de corriger les inégalités héritées du régime raciste de l'apartheid, les groupes miniers avaient passé un accord avec le gouvernement : ils acceptaient de céder 15 % de leurs capitaux à des investisseurs noirs d'ici la fin 2009. A ce jour, à peine 8,9 % des mines sont aux mains de propriétaires noirs. Rassurer les investisseursSi Julius Malema a contribué à l'accession à la présidence du pays de Jacob Zuma, ce dernier veut aussi rassurer les investisseurs. Il a répété, à Londres ou à Johannesburg, que « la nationalisation des mines n'était pas la politique du gouvernement ». Mais la Cosatu, la puissante centrale syndicale, alliée de l'ANC, s'est ralliée à la Ligue de la jeunesse. Le débat est loin d'être tranché. La semaine dernière, le conseil national de l'ANC a débattu pour la première fois de la question à huis clos. Plusieurs observateurs ont alerté le gouvernement : si l'Afrique du Sud est le premier producteur mondial de platine, le quatrième d'or et de diamants, l'État n'a pas les moyens de gérer le secteur minier. « Nationaliser serait une hérésie. Sans prendre de risque, l'État encaisse déjà entre 50 % et 60 % des revenus des compagnies minières grâce à la TVA, aux charges sociales, aux impôts directs, etc. En nationalisant, il prendrait 100 % des risques », explique Dawie Roodt, économiste, Ce débat montre surtout que « l'ANC hésite à clarifier ses choix économiques. Le parti veut mener des politiques sociales d'envergure et redistribuer les richesses pour corriger les inégalités héritées du passé, mais, en même temps, il souhaite maintenir un niveau de croissance élevé », commente Aubret Matshiqi, analyste politique. La décision finale sera prise en 2012. « La question sera étudiée pendant les deux prochaines années par le comité exécutif du parti. En attendant, la politique en la matière ne change pas », a indiqué Jacob Zuma, qui a besoin pour le moment des deux soutiens.Sophie Ribstein, à Johannesburg
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