Le risque de déflation menace les actions

Il y a un mois presque jour pour jour, la Bourse de Paris, notamment sous l'impulsion d'une saison de résultats semestriels de qualité, entamait une nouvelle phase de rebond. Depuis le 25 août, l'indice CAC 40 s'est ainsi offert un gain de près de 10 %. Avec en tête de gondole, des profils disparates en termes d'activité, mais appartenant tous à la grande famille des valeurs cycliques. Ainsi, on retrouve en haut du classement des meilleures performances du mois écoulé des acteurs comme Alcatel-Lucent (+ 24,8 %), Peugeot (+ 22,6 %), Crédit Agricolegricole (+ 20,9 %) ou encore Renault (+ 17,1 %). À quelques rares exceptions près, tous ont en commun de bénéficier d'un effet de rattrapage après avoir connu de violentes phases baissières. Faut-il y voir la conséquence d'un embellisement des anticipations économiques de la part du marché ? Rien n'est moins sûr. D'autant que depuis une dizaine de jours, les oscillations de cours ont gagné en amplitude. Et le discours, mercredi, de Ben Bernanke a plutôt été de nature à exacerber la nervosité des opérateurs. Car en se disant prêt, en cas de besoin, à « faire un geste » pour soutenir l'activité économique, et donc les prix, le patron de la Fed a fait ressurgir des craintes déflationnistes. Filet de protectionOr, toute la question est de savoir si la valeur des indices intègre un schéma de baisse généralisée des prix. A priori il n'en est rien, si l'on se réfère au repli des Bourses occidentales à la suite des annonces faites par le président de la Réserve fédérale. Cela dit, pour certains spécialistes comme Alain Bokobza, stratégiste à la Société Généralecute; Générale, la faible valorisation des marchés actions constituerait un filet de protection à la baisse. Selon l'expert, jamais les actions n'ont accusé un tel écart de performance, calculé sur une période de 10 ans, par rapport aux obligations.Pour autant, le constat ne milite pas forcément en faveur d'un mouvement d'achat franc et massif sur les indices boursiers. Dans les faits, les opérateurs leur préfèrent les vertus rassurantes des métaux précieux. L'embrasement des cours de l'or, qui a franchi le seuil historique des 1.300 dollars l'once, et de l'argent en témoigne. Pour les équipes d'ING IM, les investisseurs « se sont trop largement focalisés sur les craintes relatives aux dettes souveraines et à la croissance mondiale ». Oubliant au passage de « protéger correctement leurs portefeuilles contre le risque de déflation ». Valentijn van Nieuwenhuijzen, responsable du pôle taux et obligations chez ING IM, se dit préoccupé « par la modeste croissance des économies développées résultant de la réduction de l'endettement des ménages et du secteur financier ». De leur côté, les experts de BNP Paribas pensent que le récent rebond des marchés actions « manque de conviction » à cause de volumes d'échanges toujours limités. « L'annonce par Microsoft d'une émission obligataire dans l'optique d'un rachat d'actions propres et celle de Cisco pour le paiement d'un premier dividende ont occulté les statistiques décevantes », soulignent néanmoins les spécialistes. Pas de quoi cependant constituer un catalyseur solide et durable pour les marchés boursiers.En se disant prêt « à faire un geste » pour soutenir l'activité économique, le patron de la Fed a fait ressurgir des craintes déflationnistes.
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