L'éditorial de OLIVIER PROVOST

On crie toujours avant d'avoir mal. Ce réflexe quasi pavlovien, les établissements financiers français, nourris par l'expérience, en ont fait une seconde nature. Les banques avaient déjà dû se plier aux impératifs de Bâle 2 et voyaient avec angoisse se dessiner le troisième opus de la série des règles prudentielles. Les assureurs, eux, craignaient l'arrivée de Solvency Two (pardon ! Solvabilité deux). Avec, en épée de Damoclès, des augmentations de capital nécessaires pour renforcer leurs fonds propres qui risquaient de faire dégringoler leurs cours de Bourse. Les craintes côté français étaient d'autant plus vives que le talent de lobbying à l'international des acteurs tricolores n'a pas brillé dans le passé par son efficacité. De la finance à l'industrie, nous avons le chic pour nous laisser étrangler au coin du bois par des régulateurs sous influence (américaine, anglaise, allemande...) et de nous retrouver au pied du mur, devant le fait accompli, avec nos beaux yeux pour pleurer. Cette fois, les banques françaises, même si elles ont paru d'abord se faire une fois de plus prendre de vitesse, ont fini par réagir. Elles ont crié au loup, tempêté, protesté, aidées en cela par les crises successives de la finance avec les subprimes, de la récession mondiale, puis des dettes souveraines en zone euro. Cette fois, le Comité de Bâle, réunion des banquiers centraux et régulateurs de 27 pays, qui édicte les fameuses règles prudentielles auxquelles doivent se conformer les banques internationales, en a finalement tenu compte. Ses préconisations sonnent comme un grand « ouf » de soulagement pour les banques françaises qui risquaient sinon de faire les frais de leurs singularités : le mutualisme, avec des organes centraux qui dépendent souvent de leurs entités régionales riches en fonds propres, et la bancassurance très développée dans l'Hexagone. La banque française est un drôle d'animal qui a cependant montré, aussi limitée soit la validité des récents « stress tests » bancaires, qu'il était plutôt résistant aux crises. Plus que d'autres. [email protected]
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