Sarkozy veut remettre la France au coeur de la défense indienne

Cela devrait faire les gros titres de la presse indienne. Nicolas Sarkozy, accompagné cette fois de son épouse Carla, doit retourner à Delhi début décembre, selon des sources concordantes. Après une visite express de deux jours en janvier 2008, qui avait beaucoup agacé les Indiens, ce voyage présidentiel est prévu sur quatre jours, dont un week-end - du 4 au 7 décembre. Le conseiller diplomatique de l'Élysée, Jean-David Levitte, ira d'ailleurs à Delhi dans la première quinzaine d'octobre pour préparer cette visite qui intervient après pas mal d'incompréhensions de part et d'autre - l'Élysée avait annulé un voyage en mars - provoquées en partie par quelques déboires commerciaux avec l'Inde.Delhi, qui compte acheter pour 50 milliards de dollars d'équipements militaires au cours des dix ans à venir, a annulé ces deux dernières années deux contrats majeurs signés avec les industriels français dans ce domaine (hélicoptères, avions ravitailleurs) et en fait lanterner plusieurs autres, de gré à gré, depuis de très longs mois. Ainsi malgré le partenariat stratégique signé avec l'Inde, dont les soldats avaient défilé le 14 juillet 2009 aux frais de l'État français, la France reste loin derrière les principaux fournisseurs d'armements du pays : Russie (1,5 milliard de dollars par an), Israël (environ 1 milliard) et États-Unis, dont les entreprises reviennent dans la course après une longue absence. Les groupes tricolores n'ont, eux, pas signé de contrat majeur depuis la vente de six sous-marins Scorpène en 2005 pour 2,4 milliards d'euros. Cette année, DCNS a réussi à remporter un contrat longtemps en suspens de près de 400 millions d'euros environ pour la fourniture d'équipements aux six Scorpène.Désaccord sur l'arbitrageQue peut espérer Nicolas Sarkozy en termes de contrats ? À ce jour, le seul suffisamment avancé pour pouvoir être signé lors de la visite est la modernisation de 51 Mirage 2000-H pour 1,5 milliard d'euros. Ce projet traîne depuis des années. Aujourd'hui, il revêt pour l'industrie aéronautique militaire française une importance vitale pour sa charge de travail, notamment pour Dassault Aviation et Thales, qui tablaient dans leurs commandes, en vain jusqu'ici, sur un contrat Rafale en 2010. En outre, le budget de la Défense sera très contraint. « Tout est prêt à la signature ou presque », confie-t-on à « La Tribune ». Seul problème de taille : Paris et Delhi s'affrontent sur la question de l'arbitrage, les Indiens voulant, en cas de litige, le régler sur leur sol, expliquent à « La Tribune » plusieurs sources concordantes. Thales s'y oppose et plaide pour un règlement international classique. En revanche, pour le Rafale, c'est encore trop tôt pour espérer quoi que ce soit face à ses rivaux : F-16 de Lockheed Martin, F-18E/F Super Hornet Block 2 de Boeing, Eurofighter d'EADS, Gripen de Saab et l'avion russe Mig 35. Côté hélicoptères, EADS ne s'attend pas, lors de la visite de Nicolas Sarkozy, à la concrétisation d'un contrat, pas même celui qui avait été annulé. Alors que l'Inde doit renouveler la quasi-totalité de sa flotte, sa filiale Eurocopter propose, pour l'appel d'offres portant sur les hélicoptères de reconnaissance et de surveillance, le AS 550 C3 Fennec, qui avait déjà gagné cette compétition (197 appareils). Le nouvel appel d'offres porte sur 384 unités, qui seraient produites par HAL. À l'essai, le Fennec en est à sa troisième phase de tests. « Nous attendons une bonne nouvelle, mais nous avons encore un an de négociations », explique-t-on à « La Tribune ». Enfin, le chef de l'État pourrait signer avec Delhi, dans le cadre du partenariat stratégique, un contrat portant sur le développement d'un programme de défense aérienne, le missile sol-air SRSAM (350 millions d'euros). Codéveloppé par MBDA et l'agence indienne DRDO, ce projet inclut des transferts de technologies, du groupe européen vers un industriel indien qui produira sur place. Le contrat, prêt à être signé depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un lobbying intense des Israéliens. À plus long terme, Nicolas Sarkozy pourra proposer le Bâtiment de projection et de commandement (BPC) de type Mistral à la marine indienne et, pour l'armée de l'air, l'avion de transport A400M et le ravitailleur A330 MRTT d'Airbus, dont le contrat a été annulé par le Bercy indien.
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