Didier Lombard fragilisé à la tête de France Télécom

Un mauvais quart d'heure. Convoqué hier matin par les sénateurs de la commission des Affaires sociales, Didier Lombard s'est vu vertement reprocher sa gestion de la crise? et celle de son entreprise. Certains sénateurs socialistes ont même évoqué sans fard sa démission. Le PDG de France Télécome;lécom a cependant déjà modifié sa méthode. Il avait attendu trois jours pour répondre, mi-septembre, à la convocation de Xavier Darcos, le ministre du Travail, pour parler des suicides chez France Télécome;lécom. Il n'aura mis que quelques heures lundi pour se rendre à Annecy, où un salarié d'un centre d'appels s'était donné la mort quelques heures auparavant (lire ci-dessous). Un déplacement éclair à la hauteur de la situation d'urgence dans laquelle se trouve l'entreprise après le suicide de 24 salariés en dix-huit mois. Une implication qui marque aussi un changement dans la stratégie de Didier Lombard et de Louis-Pierre Wenes, directeur général adjoint chargé de la France, à ses côtés lundi.Moins engagés au début de la crise cet été, Didier Lombard et Louis-Pierre Wenes sont aujourd'hui en première ligne. Un peu plus de quatre ans après leur arrivée à la tête de l'opérateur, les deux hommes affrontent la crise la plus profonde jamais connue par France Télécome;lécom. « Humainement affecté par la situation », selon une source interne, le dirigeant est aujourd'hui fragilisé. En interne évidemment. Une entreprise pénaliséeDes responsables syndicaux demandent son départ et surtout celui de Louis-Pierre Wenes, adepte d'un vocabulaire musclé pour faire bouger les équipes. Politiquement ensuite. L'opposition a réclamé sa démission hier, et la majorité commence à se poser des questions. Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée jugeait ainsi hier les règles de management de France Télécome;lécom « très troublantes ». Économiquement enfin. « Les salariés du groupe commencent à indiquer que la mauvaise image actuelle de l'entreprise nuit à l'activit頻, note une source syndicale.Officiellement, il n'est pas question de changer la tête de l'entreprise. Même si à l'Élysée les positions affirmées de Didier Lombard sur la fibre optique et la télévision mobile personnelle ont récemment agacé. Selon un administrateur du groupe, « si la pression pourrait pousser à faire sauter un fusible, Olivier Barberot, Louis-Pierre Wenes ou Didier Lombard lui-même, l'idée n'a pas été évoquée lors du dernier conseil d'administration du groupe, le 15 septembre ». « Ce n'est pas le départ de Didier Lombard qui arrêtera les suicides mais la mise en ?uvre d'un travail de fond », plaide une source interne.Pour autant, un départ au sommet n'est pas totalement exclu. Mi-septembre, après le 23e cas de suicide, la direction redoutait plus que tout, en privé, de nouveaux suicides dans les jours suivants avec les « conséquences » que cela provoquerait.Si cela devait être le cas, l'ordre viendra de l'Élysée. Avec 26,97 %, l'État est toujours le premier actionnaire et bénéficie de trois représentants au conseil d'administration, dont Gilles Michel, le directeur général du Fonds stratégique d'investissement (bras financier de l'État), qui vient de remplacer Jacques de Larosière. Cette crise pourrait accélérer la passation de pouvoir à la tête de France Télécome;lécom. Officiellement, Stéphane Richard, le dauphin désigné de Didier Lombard, doit prendre la direction générale en 2011. Son intronisation pourrait intervenir dès 2010. Présent au dernier conseil d'administration, l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde suit la situation de près. Hier, Stéphane Richard a soutenu publiquement son futur prédécesseur.
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