La Force du destin à l'Opéra Bastille : Verdi tel qu'on l'aime passionnément

L'Opéra Bastille présente jusqu'au 17 décembre une nouvelle version de ce magnifique opéra de Verdi. Le thème de l'expiation a inspiré le metteur en scène et surtout les chanteurs.
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 La Force du Destin n'est pas l'opéra le plus connu de Verdi. Il n'est pas non plus le plus apprécié. Le thème principal qui revient tout au long de cette histoire d'amour et d'expiation est pourtant dans toutes les têtes. Comme si la postérité n'avait retenu que cet air. Pourtant la Force du Destin que Verdi compose autour de la cinquantaine est un magnifique opéra. On y retrouve tout à la fois l'âme du compositeur mais aussi sa force musicale, celle que l'on aime tant dans la Traviata, Rigoletto, Le Trouvère ou Don Carlo. Avec ce souffle, ce rythme et cet allant qui nous émeut tant.

L'histoire en elle même, comme souvent n'est pas toujours très crédible; Tirée d'un roman espagnol, elle met tout d'abord en scène la fuite de deux amants, Leonora et Don Alvaro après que celui-ci ait tué par mégarde le père de sa chère et tendre. Situation qui n'est pas sans rappeler la première scène de Don Giovanni, le vil séducteur entrant en scène en tuant celui qui allait devenir le Commandeur, celui par la main de qui Don Giovanni paiera sa dette envers Dieu et la morale chrétienne. Ici, Leonora ne supporte pas le geste de son amant et s'en sépare. Elle entre dans un couvent et choisit une retraite isolée où nul ne pourra plus la voir. Pendant ce temps, le frère de Leonora, Carlo, cherche l'amant de sa soeur et l'assassin de son père.

Après plusieurs péripéties réunissant notamment les deux hommes sans qu'ils le sachent, ceux-ci se retrouvent dans le couvent où s'est retirée Leonora. Don Alvaro finit par tuer Carlo qui tue sa soeur avant d'expirer... Sacré destin qui colle à la peau des personnages sans qu'ils puissent s'en extraire. Même en s'isolant au fond d'une grotte, au centre de la terre, Leonora est rattrapée par sa faute, et par le destin qui a décidé dès le début qu'elle serait punie.

Cette nouvelle programmation de la Force du Destin à l'Opéra Bastille est une vraie réussite. Surtout dans sa mise en scène du dernier acte où l'on retrouve l'héroïne dans son repère. Le jeu de lumière nous place au milieu de nulle part, d'une grotte platonique, d'un utérus principiel ou tout commence et tout finit. L'intensité musicale est telle qu'on croirait vivre un dernier acte wagnérien. Le metteur en scène Jean-Claude Auvray nous plonge ainsi dans l'émotion de l'infini petit et l'infini grand qui n'aura d'autre aboutissement que la mort et l'éternité. Les chanteurs, sous la direction de Philippe Jordan sont, il est vrai, excellents. A commencer par Violeta Urmana dans le rôle de Leonora et surtout le coréen kwangchul Youn, dans celui du padre Guardiano qui accueille l'héroïne dans le couvent.

Et puis il y a cette musique, cette trame mélodique, ces thèmes qui viennent et reviennent et nous rappellent que les protagonistes sont mus par leur destin. Du grand Verdi comme on aime passionnément.


La Force du Destin, de Giuseppe Verdi. Opéra Bastille (Paris). Jusqu'au 17 décembre. Prix des places : de 5 à 180 euros.
Réservations : www.operadeparis.fr

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