Jean-Jacques Goron, délégué général de la Fondation BNP Paribas : « Nous souhaitons inscrire nos actions sur la durée »

Elle fête cette année ses 30 ans et se lance dans un grand projet international d’éducation par la pratique artistique, la Fondation BNP Paribas se veut plus que jamais engagée dans la vie culturelle et sociale. Décryptage avec son délégué général, Jean-Jacques Goron.
Valérie Abrial
Jean-Jacques Goron, délégué général de la Fondation BNP Paribas

Pouvez-vous nous rappeler les origines de la Fondation BNP Paribas ?

La Fondation BNP Paribas est née du rapprochement entre les deux banques au moment de leur fusion en 2000. D'un côté, il y avait la Fondation Paribas créée en 1984 ; de l'autre côté, la BNP qui, à la même époque, s'engageait dans des actions de mécénat sans pour autant passer par une fondation. Il faut rappeler qu'au début des années 80, il existait très peu de fondations dans les entreprises puisque le statut de fondation d'entreprise n'existait pas encore (statut créé en  juillet 1990, ndrl). La Fondation BNP Paribas est une fondation abritée sous l'égide de la Fondation de France depuis 30 ans. La fusion a permis de rassembler sous une même bannière les mécénats de ces deux entreprises qui opéraient sur les mêmes thématiques : culture, solidarité et recherche médicale.

Pourquoi avez-vous opté pour la pluridisciplinarité dès la création de la fondation?

C'est vrai qu'au  début des années 80, cela pouvait surprendre. Admical (association qui diffuse la pratique du mécénat, ndrl) venait d'être créée sous l'impulsion de Jacques Rigault avec la perspective de développer le mécénat et de changer le regard porté sur cette pratique, jugée parfois suspicieuse. Il s'agissait au fond de montrer que les entreprises pouvaient aussi, soit en régie directe comme le faisait la BNP, soit au travers de structure comme les fondations, servir l'intérêt général. A cette période, le mécénat était souvent culturel, ce qui s'explique par l'histoire. On se souvient des grands mécènes comme les Médicis, les philanthropes qui protègent les artistes comme le banquier Edouard André... Mais pour autant, BNP et Paribas étaient également engagés dans le champ social et dans le champ de la recherche médicale.  La BNP a été dès l'origine partenaire du Téléthon. Pour nous, le mécénat doit servir l'intérêt général dans des domaines variés - à l'image de la banque qui non seulement est riche de ses nombreux métiers mais est  également  au service  de très nombreux milieux et de tous les clients possibles : les particuliers, les  associations,  les très grandes et très petites entreprises...

Quelles sont les actions les plus significatives de la Fondation BNP Paribas ?

A la fusion de Paribas et BNP, les deux entités avaient beaucoup de points communs, particulièrement dans le domaine de la danse contemporaine. La Fondation Paribas s'est depuis le début intéressée à la création chorégraphique en soutenant des créateurs. La BNP, quant à elle, a été le premier partenaire d'une institution assez unique en France, La Maison de la Danse à Lyon. Autre point commun : les musées !  La Fondation Paribas a lancé  dès le départ une collection de livres sur les musées, Musées et Monuments de France. La volonté était de doter les musées d'un ouvrage de qualité sur leurs collections, à une époque où très peu de publications  existaient. Nous avons édité le premier livre en 1985 avec le château de Versailles. L'année dernière nous avons réédité celui sur le Musée des Beaux-Arts de Lyon. De son côté, la BNP était engagée depuis longtemps dans un vaste programme de restauration d'œuvres dans les musées avec « BNP pour l'Art ». Le geste inaugural a été la restauration du Repas chez Simon de Véronèse, au Château de Versailles. Le tout dernier c'était la semaine dernière, un portrait  d'Olga Boznanska au Musée National de Cracovie, icône du musée. Au total, ce sont plus de 200 œuvres ou ensembles d'œuvres qui ont été restaurés comme la collection d'art graphique de Dubuffet aux Musée des Arts décoratifs à Paris ou encore l'ensemble des pastels du musée d'Orsay.  Actuellement, le chantier de la Chapelle Saint Martial au Palais des Papes à Avignon est en train de s'achever.

Avez-vous des actions de mécénat en dehors de la France ?

Oui. C'est important d'être présent partout où la banque est implantée, dans 75 pays. Nous avons  toujours eu ce grand souci de servir la France mais aussi l'international, à telle enseigne que la Fondation BNP Paribas est aujourd'hui le pilote du mécénat du groupe. Ce qui ne veut pas dire dicter et exiger mais plutôt impulser dans le plus grand respect des pratiques des pays.  Car le mécénat s'exerce de différentes manières au sein du groupe. Certains des pays sont de grands acteurs du mécénat, évidement l'Europe d'une façon générale est la région qui occupe la première position. Il y a une dizaine de fondations dans le groupe, en Pologne, Italie, Belgique, mais aussi Brésil... Notre rôle est d'avoir une pratique d'échanges régulière et instituée, avec l'organisation de séminaires, mais c'est également de penser l'intérêt général de la même façon, car les cultures de pays sont très variées.

Quels sont les grands projets à venir ?

Fort de nos 30 années d'expérience, nous avons décidé de faire le lien entre nos engagements dans les champs  de la culture et de la solidarité en lançant un grand programme international d'éducation par la pratique artistique appelé Dream Up. Depuis plus de deux ans, nous expérimentons cette initiative dans 8 pays en Europe et 4 en Asie. L'idée est  d'accompagner des projets qui vivent tout au long de l'année scolaire. En Bulgarie, par exemple,  nous soutenons depuis longtemps deux orphelinats. Quand nous avons lancé l'appel à projet, l'équipe sur place s'est rapprochée de ces deux  des orphelinats et de l'école de musique de Sofia pour monter un programme à l'année dédié à ces enfants qui sont dans des situations de grande précarité. Dans d'autres pays, ces formations annuelles se portent sur la photo, la vidéo ou encore la danse. Nous finançons intégralement ces expériences à hauteur de 20 000 euros par an par association pour trois ans et allons désormais la développer dans une trentaine de pays

La dimension sociale et solidaire est très importante. Allez-vous la déployer davantage ?

C'est vrai que cette expérience inscrit la fondation dans ses dimensions fortes qui sont la culture et la solidarité ; c'est un programme éducatif et artistique. En fait, il s'agit de  mécénat éducatif. Par ailleurs, le soutien à la création fait partie de notre personnalité. Notre ligne directrice est d'accompagner en tout premier lieu les individus plus que les institutions  dans des domaines peu prisés d'autre mécène comme la danse contemporaine, les nouveaux arts du cirque et le jazz. Nous sommes également très présents dans le domaine de la recherche ; nous avons soutenu de nombreux projets de recherche médicale et avons réorienté notre action sur l'environnement. Il y a 4 ans, nous avons lancé un programme de mécénat sur le changement climatique ; il réunit actuellement une dizaine de projets. Cet engagement encore récent dans ce secteur va de pair avec notre philosophie, celle qui consiste à dire que malgré nos fondamentaux, nous ne restons pas figés. Nous bougeons avec le monde. C'est pourquoi les programmes sociaux ont également vu leur budget augmenté. Nous avons  déployé un programme éducatif  très important avec le Conseil Général de la Seine-Saint-Denis, département dont  BNP Paribas est toujours le premier employeur privé. Ce programme appelé Odyssée Jeunes permet à des professeurs de tous les collèges de Seine-Saint-Denis de monter des voyages pédagogiques tout au long de l'année. Plus que tout, nous souhaitons inscrire nos actions sur la durée et pouvoir en évaluer les bénéfices.

 Infos + sur www.fondation.bnpparibas.com

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EN CHIFFRES

La fondation BNP Paribas, c'est :

>> En France, en 2014

7 millions d'euros

1,5 M€ pour la culture (790 000 € spectacle vivant, 520 000 € musique, 210 000 € musées)

4,5 M€ pour la solidarité (2 405 000 € lutte contre les exclusions, 1 840 000 € égalité des chances, 190 000 € engagement des salariés)

6 M€ pour l'environnement (1M€ recherche sur le changement climatique, 220 000 € recherche médicale)

>> Le mécénat dans le monde

40,5 millions d'euros en 2013 dans 45 pays

Culture : 22%

Solidarité : 74 %

Environnement : 4 %

Valérie Abrial

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