General Electric, la boussole cassée

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

Le baromètre n'a pas senti venir la tempête. Depuis de nombreuses années, General Electric faisait figure d'indicateur le plus fiable de l'activité industrielle aux États-Unis. De fait, la diversité de ses métiers, qui vont de l'aéronautique au médical en passant par les sèche-linge ou les médias, donnait un reflet assez fidèle de l'état de santé de la maison Amérique. Elle aidait aussi le conglomérat à tenir le cap quand s'abattait un vilain grain sur l'un ou l'autre de ses métiers.
En 2001, alors que Jack Welch venait tout juste de passer la barre à Jeffrey Immelt, le groupe avait ainsi pu affronter, sans tanguer, l'effondrement du transport aérien, dans la foulée des attentats du 11 Septembre, et le scandale Enron, qui avait gelé les investissements dans l'électricité. Et d'expliquer alors cette stabilité par le poids de ses activités financières, métiers à cycle long peu sensibles aux caprices du vent et des vagues.
Ces services financiers étaient à l'origine très liés aux métiers industriels. GE avait compris que, pour vendre plus facilement ses locomotives ou ses centrales électriques, il devait aider ses clients à les payer. Mais cette finance a vite pris son essor, étendant son périmètre à l'immobilier ou au crédit à la consommation, jusqu'à représenter la moitié du chiffre d'affaires et des bénéfices du groupe.
Géant bancaire parmi les autres, GE n'a pas vu venir les écueils que constituaient les prêts à risque et les outils sophistiqués inventés par les génies de la finance. Et il s'est retrouvé dans le pot au noir avec ses rivaux. Les résultats annoncés hier par le groupe sont certes honorables dans la conjoncture actuelle. Mais la boussole est cassée. Le bateau a failli être entraîné vers le fond par ce lest financier qui constituait son meilleur stabilisateur. Il a perdu sa note AAA et son titre a plongé le mois dernier sous les 7 dollars, loin des 40 dollars de septembre 2007. GE incarnait l'industrie. Il symbolise désormais les risques qu'encourt un géant industriel lorsqu'il se prend pour un roi de la finance.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.