Cadbury : banal scénario

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

L'histoire, on aurait pu l'écrire à l'avance. Officiellement, elle a commencé en septembre dernier par les déclarations fracassantes de Kraft qui, pour se renforcer dans les chocolats et le chewing-gum, propose plus de 16 milliards de dollars pour Cadbury. Comme souvent, les deux groupes avaient d'abord discuté en coulisses, mais sans parvenir à s'entendre.

Une fois l'offensive lancée, s'est enclenchée la bataille de la communication. Comme avant lui Pechiney, Arcelor ou Aventis, le confiseur britannique a dit pis que pendre de Kraft, cette "plastic cheese company", selon les mots d'un descendant du fondateur John Cadbury. La marque préférée des Britanniques a fait jouer tous les registres, de l'émotion au politique ou à la menace sur l'emploi. Tout en frappant à la porte du suisse Nestlé, de l'américain Hershey ou de l'italien Ferrero dans ce grand mouvement de "TSK" (tout sauf Kraft), propre à toutes les OPA. Les rumeurs d'arrivée de ces chevaliers blancs ont enflammé la Bourse et obligé Kraft à relever son prix. Sensiblement.

Et puis, un jour, le peuple et les salariés ébahis ont appris que les deux groupes s'étaient mis d'accord. Que les injures lancées naguère, c'était pour rire. Et que même les champions nationaux plus que centenaires, ça s'achète. Pourvu qu'on y mette le prix. "Les Français n'auraient jamais laissé faire", titrait mardi, dépité, un éditorialiste du "Telegraph", en évoquant la mobilisation de l'été 2005 en faveur de Danone, alors que planaient des rumeurs d'offre de PepsiCo. Mais le géant du soda n'avait, à l'époque, jamais confirmé son intérêt pour notre champion français. S'il l'avait fait, l'histoire se serait peut-être terminée autrement.

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