Mes propositions pour un vrai débat au Medef

Dans un contexte apparemment dépourvu de toute compétition pour la présidente sortante, je souhaite formuler quelques propositions. Cette démarche, préalable à une éventuelle candidature, s'inscrit dans la logique qui a guidé toute ma vie professionnelle. Avant de souhaiter diriger, j'expose ma façon de penser et de proposer des solutions. Pour comprendre les mutations qui s'opèrent dans notre société et comme jeune patron impliqué dans la Cité.

Dans quelques semaines, le Mouvement des entreprises de France élira son président. Dès septembre?2009, j'ai proposé d'organiser une "primaire des challengers" qui aurait permis d'engager un débat de fond, pour parler des thèmes essentiels qui préoccupent les entrepreneurs. Pour parler aussi d'avenir, en cette période de crise et d'interrogations. Qualifiée de "régression démocratique" par Laurence Parisot, ma proposition n'a pu voir le jour. J'ai beau chercher, je ne vois pas en quoi la démarche d'un entrepreneur adhérent du Medef et membre d'une de ses commissions, constituerait un acte subversif. Loin de me dissuader, la réaction rugueuse de sa présidente me confirme dans la conviction que le Medef a besoin d'un débat, au-delà des querelles d'appareil et des ambitions personnelles.

L'échange, les idées, l'activité créatrice me motivent. Si l'élection à la tête du Medef ne remplit pas ces conditions, elle se viderait de son sens pour cette nouvelle génération de patrons à laquelle j'appartiens, davantage soucieux de développer et de pérenniser leur entreprise dans un monde convivial et ouvert que de poursuivre les chimères de l'argent pour l'argent, ou les illusions des titres de gloire.

Les propositions que je rends publiques aujourd'hui traitent de l'image des patrons, des valeurs, du rôle des entreprises et du Medef dans la société, de la gouvernance de l'organisation patronale et de l'avenir. Loin de constituer un catalogue technique, ces propositions procèdent d'un état d'esprit et visent une portée que je n'hésite pas à qualifier de philosophique. C'est, selon moi, la condition "sine qua non" pour amener le plus grand nombre à débattre.

Il est avant tout impératif de défendre et de revaloriser l'image des entrepreneurs en France. Près de quarante ans après le célèbre discours d'Antoine Riboud, où il exhortait les patrons à prendre en compte la dimension humaine de l'entreprise et s'attachait à redéfinir les responsabilités de celle-ci vis-à-vis de la société et de ses salariés, la France connaît une apogée des créations d'entreprises. Curieusement, l'image des patrons n'a jamais été aussi mauvaise. Lorsqu'il crée, l'entrepreneur est presque un héros ; devenu patron, il est définitivement un salaud.

Je rejoins Maurice Levy dans sa détermination à faire de la revalorisation de l'image de l'entrepreneur une de ses priorités à la tête de l'Afep (Association française des entreprises privées). Il me semble qu'à trop se justifier sur les bonus, les rémunérations, les délocalisations, la souffrance au travail, les discriminations, on oublie l'acte fondateur qui caractérise chaque patron : la création, l'accouchement des idées par la mobilisation des équipes. La culpabilisation systématique des entrepreneurs nuit à leur bien-être et donc au développement des entreprises. Je propose qu'une commission du Medef soit créée sur ce sujet.

Afin de porter haut et de défendre les valeurs de l'entreprise, il faut que le Medef joue un rôle central dans notre pays. A l'instar des Américains lors du traditionnel discours de l'état de l'Union, je propose que, chaque année, soit présenté aux acteurs des mondes politique, syndical, associatif et éducatif un état général de nos entreprises pour définir un programme d'actions à mener avec des objectifs clairement définis. Il me paraît également souhaitable que le Medef puisse organiser des auditions des ministres en charge des portefeuilles économiques et sociaux, dès leur nomination puis de manière régulière, et rende un avis public sur les orientations présentées à cette occasion.

Pour que le Medef soit fort, il faut aussi qu'il soit attractif, en donnant envie aux entrepreneurs d'y adhérer et de s'y investir. Je rêve d'un Medef davantage ouvert aux jeunes générations, un Medef qui reflète toute la diversité et la richesse du tissu d'entreprises de notre pays. C'est pourquoi je propose que l'on réfléchisse à une réforme des modes d'adhésion et d'organisation. A l'époque d'Internet et des réseaux sociaux, il faut adapter nos formes de pensée et de fonctionnement. En matière de gouvernance, je souhaite que le Medef évolue vers plus de transparence. Mon voeu est que les treize propositions emblématiques que je formule aident à la réflexion préalable à la poursuite de la modernisation du mouvement patronal engagée par Ernest-Antoine Seillière et Denis Kessler. Puissent-elles au moins favoriser le déclenchement d'un débat dont la présidente du Medef ne semble pas, à ce stade, accepter le principe. Débattre n'est pas se battre, mais se donner les moyens d'avancer.

L'auteur vient de publier, aux Editions Editea, "En finir avec la dictature du salariat".

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