Sous le volcan, le calme

Par Odile Esposito, rédacteur en chef à la Tribune
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Eyjafjöll. Rares sans doute sont ceux qui auront essayé de retenir le nom de ce volcan islandais. Et pourtant, quel chaos dans le ciel européen et mondial ! Et quelle impuissance devant ce phénomène !

Face à la grippe, l?État peut sommer les laboratoires d?accélérer la production de vaccins, en commander des dizaines de millions de doses, lancer une campagne de prévention urbi et orbi. Face à la neige qui bloque plusieurs jours durant les locomotives de l?Eurostar, il peut tempêter, réclamer une vaste enquête, contraindre les entreprises coupables à prendre des mesures. Face aux inondations, il peut rappeler à l?ordre les préfets, définir des zones vertes, rouges ou noires, imposer des destructions. Et il ne s?en est pas privé.

Mais face à un volcan ? L?État a certes organisé une cellule de crise pour tenter d?organiser au mieux le rapatriement des Français coincés à l?étranger. Mobilisant pour cela aéroports militaires ou compagnies d?autocars. Au-delà, cependant, les gesticulations sont vaines, les médiateurs inutiles, les « Grenelle » inadéquats, les taxes impossibles. Le volcan au nom imprononçable continuera de cracher ses cendres tant que bon lui semblera. Le coupable est connu. Mais la panoplie des ripostes, quasiment vide.

Est-ce si grave ? Pour des compagnies aériennes ou des voyagistes déjà fragilisés par la crise, la facture sera probablement lourde. Et les vacanciers qui ont vu leurs vacances partir en fumée se retrouvent bien évidemment frustrés et dépités. Chacun se sent donc solidaire

Mais n?est-il pas utile aussi, de temps à autre, que la nature vienne ainsi nous rappeler à l?ordre, sans morts et sans larmes pour une fois ? Qu?un simple grain de sable, plutôt de poussière, vienne contrecarrer des organisations que nous voulons toujours plus complexes et interdépendantes ? Nous obligeant à méditer sur notre fragilité sans que quiconque puisse détourner l?attention en réclamant la tête des coupables.

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Commentaires 3
à écrit le 18/04/2010 à 19:03
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Je vous trouve bien optimiste Madame, En Islande déjà en crise ce ne dois pas être la fête, des sociétés d'aviations qui sont sur le point de faire faillite, des vacanciers dont certains sont limites dans leurs dépenses ... bof quelle importance ! Et...

à écrit le 18/04/2010 à 16:48
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La prise de conscience de notre fragilité va-t-elle nous inspirer de l'humilité? si nous ne pouvons rien au volcanisme, notre responsabilité est grande dans la façon dont nous traitons la nature. Moins d'agressions serait préférable et éviterait l'...

à écrit le 18/04/2010 à 15:46
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Eh oui, quand la nature se réveille, la technique découvre ses limites.

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