Le jeu de la mort (de l'euro)

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef-éditorialiste à La Tribune.

Ne nous y trompons pas, les moments que nous traversons font écho à ceux que nous avons déjà vécus, il y a moins de vingt mois, avec la faillite de la banque Lehman Brothers. Un même vent de folie et de spéculation souffle sur les marchés, agités de rumeurs invérifiables. En septembre 2008, les banques d'investissement américaines, accablées de crédits "subprimes", étaient comparées aux "Dix petits nègres" du roman d'Agatha Christie. Le même jeu de la mort se déroule en Europe, la contagion de la crise grecque gagnant l'Espagne. à qui le tour ?

Dans cette crise de crédibilité budgétaire qui transforme la dette des Etats en nouveaux "subprimes", le rôle des banques est, à nouveau, majeur. Sauvées hier par les contribuables, ce sont elles qui portent l'essentiel de la dette des Etats. Jusqu'ici, le jeu leur a été (très) bénéfique. Mais il repose sur un équilibre fragile puisque ainsi lestées, elles menacent de devenir à leur tour des maillons faibles. La BCE a essayé d'intervenir, en acceptant de nouveau la dette grecque pour ses opérations. Mais elle y risque sa crédibilité. Les marchés ont bien vu la faille en s'attaquant à tous les établissements financiers soupçonnés de détenir une forte exposition sur les dettes publiques des pays menacés. De sorte que la crise européenne, tout en s'accélérant, change de dimension.

Ce qui menace la Grèce aujourd'hui, un confetti sur la carte des dettes souveraines, demain l'Espagne, un bien plus gros morceau, pourrait bien frapper un jour la France, le Royaume-Uni et surtout, les Etats-Unis. "Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés". La formule de Jean de la Fontaine sonne juste. L'enjeu aussi change de dimension. L'idée d'une fin de l'euro n'est plus taboue. Le parallèle fait avec la crise argentine, la contradiction apparente entre la dureté des plans d'ajustements budgétaires envisagés et la relance de l'économie, ouvre la porte à un retour du parti de la dévaluation qui a hissé hier le drapeau rouge sur l'Acropole d'Athènes. Ne pas prendre, et vite, au plus haut niveau des Etats, la mesure de la gravité de la situation serait une erreur sans doute fatale.

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Commentaire 1
à écrit le 05/05/2010 à 8:14
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l'Intelligence n'est pas le propre toujours des chefs d'états. Pour ne parler que de chez nous : Sarkosy n'a pas écouté les syndicats ni les uns, ni les autres partis politiques, pour que les PMI-PME ne souffrent pas de la crise ...résultat il dema...

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