C'est quoi "Solidarnosc" en chinois ?

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Il faut revoir la scène sur Internet : il y a trente ans exactement, le 31 août 1980, un Lech Walesa dans la force de l'âge signe les accords de Gdansk aux côtés du vice-Premier ministre communiste Mieczyslaw Jagielski. Le jeune syndicaliste écrit avec un stylo en plastique de trente centimètres aux couleurs de la Pologne et décoré d'un chromo du pape Jean-Paul II. D'un coup d'oeil, on voit que la lutte qui se dénoue ce jour-là est politique, patriotique et spirituelle. Après dix-huit jours de grève, les ouvriers des chantiers navals ont certes obtenu des hausses de salaires, mais ils ont surtout arraché une précieuse parcelle de liberté qu'ils sauront avec courage faire prospérer.

Trente ans plus tard, en Chine, un autre parti communiste et d'autres ouvriers jouent une pièce qui pourrait ressembler à la précédente, sauf que tout est différent. Les revendications salariales sont bien là, mais le pouvoir politique a la situation en main. La Chine n'est pas exsangue et surendettée comme l'était la Pologne. Elle n'est pas occupée militairement mais, au contraire, témoigne chaque jour de sa souveraineté et de sa puissance retrouvées.

Les usines, c'est vrai, appartiennent souvent à des étrangers, mais le Premier ministre Wen Jiabao peut leur enjoindre, comme il l'a fait dimanche avec une délégation japonaise, d'augmenter la paye de leurs salariés chinois. En revanche, la hausse du pouvoir d'achat ne s'accompagne d'aucune espèce de liberté, syndicale ou autre. Ce n'est pas ce que les ouvriers réclament, pour l'instant. "Solidarnosc" reste un concept intraduisible en chinois. Tout comme la blague sur le rationnement à l'époque en Pologne : "C'est quoi un sandwich ? Un ticket de jambon entre deux tickets de pain."

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