Bâle pas si tragique

Par François Lenglet, directeur des rédactions de La Tribune.

Les régulateurs de la finance ne sont pas de joyeux drilles. Cette semaine, ils célèbreront l'anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, tombée le 15 septembre 2008. Il n'est pas fréquent que l'on ait à fêter quoi que ce soit dans ce milieu. Mais ces esprits inaccessibles aux plaisirs simples préfèreront rester sobres : pas de bal, mais plutôt un Bâle. C'est en effet dans le petit port helvétique où siège la Banque des règlements internationaux, que sont élaborées les nouvelles normes pour le secteur bancaire, dites de "Bâle 3".

Une fois adoptées, ces nouvelles règles conduiront les banques à augmenter massivement leurs fonds propres, pour mieux résister à une crise éventuelle. Dans les années qui viennent, le secteur bancaire mondial pourrait donc lever des centaines de milliards de dollars, afin de constituer un matelas protecteur qui servirait en cas d'à-coups financier. Bien sûr, les banquiers fulminent et redoutent le Bâle tragique. Tous les établissements de la planète vont solliciter les investisseurs et les derniers risquent fort de payer plus cher l'argent dont ils ont besoin. De plus, ces gigantesques opérations vont peser sur leur rentabilité.

Mais si le monde entier applique ces nouvelles normes - il subsiste une incertitude quant à leur adoption par les Américains - le mal ne serait pas si grand : mieux vaut des banques solides et un peu moins rentables plutôt que des établissements qui arrosent dirigeants et actionnaires quant tout va bien et tendent la sébile au contribuable quand le temps se gâte. Pour techniques qu'elles soient, les nouvelles règles de Bâle seront beaucoup plus efficaces dans la prévention des crises que les innombrables projets de taxe bancaire, qui n'ont pas d'autre objet que de donner aux peuples l'illusion que les gouvernements ont tiré les leçons de la crise.

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