Et si l'Europe, et la France avec elle, se tirait une balle dans le pied ? Dans la confrontation économique mondiale, le Vieux Continent a peu d'atouts. Mais il dispose encore d'un avantage compétitif important : son épargne. Non seulement en stock, par la richesse accumulée, mais aussi par le taux d'épargne de ses citoyens, deux à trois fois supérieur à celui des Américains. Mais l'Europe, comme la France, investit mal, privilégiant le court terme sans risque au détriment du financement à long terme de son économie. L'assurance-vie en apporte un témoignage saisissant. Les nouvelles normes prudentielles, dites Solvabilité II, ont conduit les assureurs européens à se détourner massivement des marchés d'actions, en réduisant des deux tiers les montants qui y sont investis (ils seraient tombés de 15-20 % à 5-6 % du total des actifs). Environ 400 milliards d'euros se seraient détournés de cette source de financement des entreprises pour se réfugier dans les obligations, notamment celles émises par les États pour éponger les déficits publics. Cette réorientation a tendance à se traduire partout par une baisse de la rémunération des épargnants. Mais la France y ajoute ses spécificités. Les pouvoirs publics ont décidé d'y alourdir la fiscalité de certains contrats, ce qui les rend encore moins attractifs. Et, lorsque les assureurs cherchent à redynamiser la collecte avec la mise sur le marché de produits financiers complexes, les autorités de contrôle, l'Autorité des marchés financiers et l'Autorité de contrôle prudentiel, s'en alarment. Décidément, le risque fait peur. On voudrait condamner la France au livret A que l'on ne s'y prendrait pas autrement.
Veut-on tuer l'assurance-vie ?
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