Patrons, sortez de votre retraite

Il a suffi que François Chérèque propose d'ouvrir une négociation sur l'emploi des jeunes et des seniors, aussitôt acceptée par le gouvernement et le patronat, pour qu'on refasse au leader de la CFDT le coup de la « trahison » de 2003, déjà sur les retraites. Souvenez-vous, lorsque le successeur de Nicole Notat avait signifié, sur le perron de Matignon, avoir « topé » avec Jean-Pierre Raffarin et - déjà - François Fillon sur l'harmonisation de la durée de cotisation public-privé, en échange d'une prise en compte des « carrières longues », avait sonné pour la centrale cédétiste l'heure de la crise, un choc frontal entre la ligne réaliste-réformiste et la ligne dure.

Sept ans plus tard, il serait inéquitable de faire un tel procès à François Chérèque. Il a exprimé, dès le départ, son opposition à une réforme qu'il considère comme fondamentalement injuste, parce qu'elle fait reposer une part trop grande de l'effort sur les seuls salariés, notamment ceux qui, ayant commencé à travailler tôt, devront cotiser plus que les 41 ans (41,5 en 2020) requis pour accéder au droit de partir. Dès lors, au jour, historique pour l'avenir du modèle social français, où saute le mythe de la retraite à 60 ans, on devrait savoir gré au leader de la CFDT d'offrir une sortie par le haut, concrète et pragmatique, à un dialogue social bien mal en point. Signe des temps, le nombre des seniors au chômage a dépassé, fin septembre, celui des moins de 25 ans, ce qui est un appel urgent à l'action, pas aux manifestations. Il est plus que temps. Et maintenant que les patrons ont obtenu gain de cause sur leur revendication historique - allonger l'âge du départ à la retraite (le Medef demandait même 65 ans) -, les entreprises vont devoir démontrer qu'elles sont capables de garder leurs seniors au travail tout en continuant à embaucher des jeunes.

C'est tout le défi des années qui viennent : pour que la réforme Sarkozy ne devienne pas, ce que craint Chérèque, et les autres leaders syndicaux, un simple jeu de vases communicants entre la Caisse vieillesse et Pôle emploi, il va falloir sortir le marché français du malthusianisme dans lequel il est englué à coups d'abus des préretraites et de précarité du travail.

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