Adapter l'automobile aux modes de vie de demain

L'automobile ne disparaîtra pas du jour au lendemain du paysage urbain, et la montée en puissance de la voiture électrique sera lente. Pour autant, ses usages peuvent être modernisés et repensés.
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Au long du XXe siècle, le système automobile a façonné nos territoires et transformé nos modes de vie. Aujourd'hui, à moins d'habiter le centre d'une métropole, nous sommes tous dépendants de la voiture. Or, ce système est à bien des égards "non durable" en raison des émissions de gaz à effet de serre et de la congestion qu'il provoque, en raison également du pétrole qu'il consomme. Sa transposition dans les pays émergents est exclue : à titre d'exemple, elle entraînerait la multiplication par quatre de la demande chinoise en hydrocarbures ! Certes, les moteurs thermiques devraient voir leur efficacité énergétique continuer à augmenter, avec un gain qui pourrait atteindre 50% d'ici à 2030. Malheureusement, cela ne suffira à répondre ni aux objectifs de lutte contre le changement climatique ni aux enjeux sociaux et territoriaux d'une mobilité durable.

On attend beaucoup de la nouvelle génération de véhicules électriques ou hybrides, en confondant parfois promesses et performances réelles. N'oublions pas que leur part ne devrait pas dépasser 10% à 15% des ventes à l'horizon 2020... Nous devons donc aller plus loin. Il s'agit de repenser la place de l'automobile dans notre société et d'inventer de nouvelles formes de mobilité.

La révolution des technologies numériques, qui n'a pas encore donné toute sa mesure dans le domaine des transports, sera d'un immense secours : demain, lors de nos déplacements, nous serons informés en temps réel de tous les itinéraires possibles, avec des gains considérables en temps, et donc, en énergie.

Longtemps symbole de liberté et de réussite sociale, l'automobile suscite aussi aujourd'hui la réticence et l'inquiétude. Il y a là une invitation à développer des services nouveaux ne reposant plus sur le seul modèle de la possession d'un véhicule individuel. Demain, le consommateur achètera une carte Navigo qui lui assurera l'usage de plusieurs types de véhicules, en plus des transports collectifs, avec un accès numérique à une large gamme de services associés.

Dans l'invention de ces nouvelles mobilités et services, le rôle de l'initiative locale sera fondamental. En effet, la conception comme la mise en oeuvre devront être adaptées aux territoires, en fonction de leur géographie, de leur densité et des attentes de leur population. On conçoit dès lors combien les nouvelles mobilités posent également la question de l'équité sociale car le risque est réel de creuser l'écart entre les grandes agglomérations et les territoires mal desservis.

Notre mobilité future ne proviendra pas d'une seule innovation mais de la conjugaison de plusieurs. Au-delà du nécessaire développement des transports collectifs, ou de l'espoir suscité par les véhicules électriques ou hybrides rechargeables, il nous faudra promouvoir l'automobile partagée, la redécouverte du vélo et les petits véhicules légers (à deux, trois ou quatre roues), voire à faible coût. Sait-on que la Chine compte déjà 120 millions de vélos à assistance électrique ? Ce mode de transport pourrait remplacer en France la seconde voiture pour des trajets courts.

Toutes les initiatives feront largement appel au secteur privé, mais il appartiendra à l'État et aux collectivités territoriales de créer un cadre favorable à leur réussite. Nous devons repenser le partage de la voirie et de l'espace public au profit du vélo, des véhicules propres peu encombrants, des transports collectifs et des nouvelles mobilités. Nous devons faciliter l'arrivée de nouveaux opérateurs : si nous conduisons plusieurs véhicules lors d'un même trajet, ne faut-il pas envisager une évolution du système d'assurance qui porterait non plus sur le véhicule mais sur le conducteur ? Nous devons enfin, notamment dans le cadre du grand emprunt, faciliter le développement des services d'information correspondants. Ces innovations techniques et sociales ne nécessitent pas des moyens financiers hors d'atteinte. Elles exigeront en revanche de remettre en cause des habitudes ou des idées reçues, de porter un autre regard sur nos modes de vie et notre organisation sociale, pour parvenir à une liberté et à un plaisir retrouvés dans nos déplacements.

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