Prime et subprimes

Par Français Lenglet, directeur de la rédaction
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L'affaire de la prime révèle une nouvelle fois les travers de la politique économique que conduit l'actuel gouvernement : des initiatives irréfléchies, dictées par des considérations politiques immédiates, qui ne produisent guère qu'un fatras de règles incompréhensibles sans autre effet que de harceler littéralement les entrepreneurs. Du bouclier fiscal à la prime salariale en passant par la taxe carbone, une seule signature, l'improvisation. La « Sarkonomics », l'économie selon Sarkozy, se conçoit sur un coin de table, en griffonnant sur la nappe en papier tachée par la vinaigrette, l'esprit enfiévré de discours à quatre sous sur le volontarisme : la France a trouvé une réponse à la crise du capitalisme anglo-saxon ! Pour guérir des Subprimes, voici la Prime !

Paradoxe, Sarkozy emprunte ici une méthode qu'il avait vilipendée pendant sa campagne électorale, celle des Trente-Cinq heures. L'Etat décide seul, équarrit la réalité pour lui faire épouser les schémas préconçus par de brillants esprits, et arrose les mécontents avec force allégements de charges sociales. On connaît la suite. Les entreprises ploient sous les nouvelles contraintes. Et les contribuables sous les dettes. Au fil du temps, la croissance s'amenuise, les emplois créés se déqualifient, les entreprises délocalisent. Par delà les époques et les alternances, nos gouvernements témoignent sur ce sujet d'une permanence remarquable, que n'altèrent pas même les échecs constatés des prédécesseurs. De temps à autre, un Camdessus, un Rocard ou un Pébereau poussent leur cri, en pointant la détérioration de la compétitivité française, dans un rapport qui suscite l'émotion et la contrition générale pendant au moins quarante-huit heures, avec une pointe de « Schadenfreude » lorsque nous nous comparons à l'Allemagne. Mais les rapporteurs passent. Et la grandeur de la France subsiste.

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