2008-2011, le retour du mistigri

Par François Lenglet, directeur de la rédaction de La Tribune.
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"Les bases de la croissance sont aujourd'hui solides, et les conséquences de la crise financière ne devraient pas être dramatiques", estimait le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, juste avant le déclenchement de la crise. Quant à Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, il déclarait, huit semaines avant la faillite de Lehman Brothers, le 3 juillet 2008 : "La croissance mondiale devrait être résistante... les fondamentaux de la zone euro restent sains et la zone euro ne souffre pas de déséquilibres majeurs." On connaît la suite.

La situation actuelle ressemble en de nombreux points à celle du printemps 2008 : pressions inflationnistes, dollar à la cave, prix des matières premières au zénith, tout cela étant la conséquence du déluge de monnaie créé par les banques centrales pour ramener à la vie une économie mondiale exsangue. Depuis vingt-cinq ans, chaque crise financière - le krach de 1987, la crise des pays émergents en 1997-1998, l'explosion de la bulle Internet en 2000-2001, la grande récession de 2008-2009 - se traite avec un arrosage de liquidité qui apaise momentanément le mal avant de le raviver, chaque fois plus résistant. En apparence, le monde s'est désendetté.

En réalité, la dette n'a fait que passer d'un bilan à l'autre, de celui du secteur privé à celui des Etats ou des banques centrales, qui ploient sous le fardeau. Les pays les plus faibles, comme la Grèce, tentent de passer le mistigri aux plus forts, l'Allemagne. Mais même ceux-ci commencent à trembler, depuis que les Etats-Unis ont vu leur signature dégradée. Les déséquilibres d'épargne mondiaux, l'une des causes majeures de la crise, se sont aggravés - les réserves de change chinoises ont bondi de 1.800 à 3.000 milliards de dollars en trois ans. Quant aux efforts de régulation financière, ils ne portent qu'à la marge. A la réflexion, il y a une différence par rapport à 2008 : la prochaine fois, si les Etats n'ont pas rétabli leur situation, il n'y aura plus personne à qui refiler le valet de pique.

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