"On essaye de réduire trop rapidement l'endettement public"

Le professeur Paul de Grauwe explique, pour La Tribune, les risques d'un engrenage où l'austérité aggrave les déficits.
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La semaine prochaine, le parlement européen devrait adopter le "six pack", une réforme profonde du pacte de stabilité. Infliger des sanctions plus fortes et plus précoces, faire plus de coordination des politiques budgétaires et économiques : c'est la réforme qu'il fallait pour tirer les leçons de la crise ?

 

Il est bien sûr nécessaire d'introduire une contrainte sur la politique macroéconomique afin qu'il y ait moins de divergences que par le passé. Mais les réformes proposées ne seront pas suffisantes. Ces divergences qui fragilisent la zone euro se sont produites pour des raisons financières et monétaires. Les pays qui ont aujourd'hui des problèmes ont connu des bulles financières intensifiées par les banques. Or les propositions de la Commission abordent peu cela. Cette idée de convergence laisse de côté la responsabilité de la BCE.

La BCE, elle, insiste beaucoup sur le besoin de réformes structurelles. La divergence des coûts unitaires de travail est devenue un "mantra" à Francfort, dites-vous...

 

Réduire les divergences entre coûts unitaires est une chose. Savoir avec quels instruments en est une autre. Les coûts salariaux sont le résultat de mouvements macroéconomiques. Ils ont augmenté fortement en Espagne ou en Irlande à cause du boom économique. Entre 2004 et 2007, le crédit bancaire, aux ménages comme aux entreprises, institutions financières comprises, a augmenté de 10% par an. Pendant ce temps, la croissance nominale du PIB était de 4%. On aurait du voir qu'il se passait quelque chose.

La priorité à présent n'est-elle pas bel et bien de réduire l'endettement public ? Après tout, le secteur privé a commencé à réduire son endettement et la dette publique, elle, a explosé depuis 2008.

 

C'est vrai que les ménages, comme les entreprises, augmentent désormais leur épargne. Il y a une correction mais elle n'est possible que grâce à l'augmentation de l'endettement public. Particulièrement dans le Nord de l'Europe, on fait une fixation sur l'endettement public. Erreur ! Cet endettement est nécessaire pour sauver le secteur privé. On aurait du féliciter les autorités publiques d'avoir fait ce qu'elles ont fait. Cela dit, effectivement, il faut maintenant penser à réduire l'endettement public. On essaye de le faire trop rapidement. Cette impatience est influencée par l'analyse fausse selon laquelle tout l'endettement public est mauvais. On est pris dans un engrenage où l'austérité aggrave les déficits.

 

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2011 à 7:31
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La quasi totalité des perroquets s'en prennent à l'endettement et proposent des remèdes qui tuent le malade en le guérissant. On oublie toujours qu'une dépense de A est toujours une recette de B, une dette, passif de A est une créance, actif de B..Le...

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