"La disparition du dispositif Scellier est salutaire et devrait faire baisser les prix"

Henry Buzy-Cazaux, président de l'Institut du management des services immobiliers (Groupe IGS, université professionnelle), prône la vérité des prix. Selon lui, la fin des aides fiscales y contribuera.
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Que pensez-vous des dernières publications de prix de l'immobilier ? Constatez-vous des progrès dans l'élaboration des statistiques ?

La cacophonie constatée ces dernières années entre les différentes sources tend à s'atténuer. Pour autant, ces sources sont encore régulièrement divergentes, jusque sur le sens des évolutions ! Le juge de paix sera l'Observatoire national des notaires, dont les contours ont été précisés par la loi de mars dernier. Il est indispensable qu'il soit efficient rapidement. Et ce, tant vis-à-vis des ménages, qui ont besoin de connaître les véritables tendances du moment, que des pouvoirs publics, qui élaborent leurs projets de réformes en fonction de ces mouvements.

Que vous inspire la disparition du dispositif Scellier prévue pour la fin 2012 ?

Je regrette d'abord que les mesures décidées par le gouvernement depuis l'été aient été prises dans l'urgence et le désarroi, sans aucune mesure d'impact. En supprimant le Scellier, on met fin à un quart de siècle de perfusion de l'investissement locatif privé, puisque le premier dispositif figurait dans le fameux plan de relance de Pierre Méhaignerie en 1986. Comme tout débranchement de perfusion, ce geste va, dans un premier temps, avoir de très rudes conséquences et provoquer une asthénie du marché du neuf. Pour autant, il me semble que ce marché devrait enfin vivre de sa belle vie. L'arrêt de cette aide artificielle devrait déjà avoir pour effet assez rapide de faire baisser les prix du foncier et, par ricochet, les prix des actifs. En fait, on aurait dû s'y résoudre il y a cinq ans et je crois que cette mesure est salutaire. Le grand arrosage, c'est malsain. Il faudra seulement que les pouvoirs publics imaginent un dispositif ciblé pour favoriser le locatif privé à destination des ménages modestes, offre dont le pays manque cruellement.

Et les mesures prises vis-à-vis du prêt à taux zéro ?

Je n'ai aucun état d'âme non plus avec la fin des avantages de ce prêt pour les achats dans l'ancien. Dès son apparition, cette aide était une opération de marketing politique avec des conséquences inverses à celles imaginées par ses initiateurs : l'aide a favorisé la hausse des prix.

Que pensez-vous des réformes envisagées au sujet du mandat des professionnels de l'immobilier ?

Les mesures envisagées dans le projet de loi sont celles dont la profession ne voulait pas et l'on ne retrouve pas, en revanche, celles dont la profession avait un besoin urgent, telle que la création d'un Conseil supérieur, assorti de plus d'obligations de formation. Elles prévoient notamment une limitation de la durée du mandat exclusif à trois mois non renouvelables et la suppression de la pénalité exigible lorsque le propriétaire vend son bien lui-même. L'intention du législateur a deux origines : depuis des dizaines d'années, les agents immobiliers français n'ont pas su démontrer la valeur ajoutée du mandat exclusif. Par ailleurs, Bercy veut favoriser la concurrence pour faire baisser les honoraires. Si la profession échoue à infléchir le texte, il restera le mandat simple, qui constitue, avec neuf mandats sur dix à ce jour, la base de la relation commerciale entre agents immobiliers et vendeurs. L'utilité des professionnels ne disparaîtra pas !

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