Renault doit-il dire merci à Carlos Tavares ? Le seul fait de poser cette question est une façon d'y répondre, puisque c'est bien à l'actuel patron de Stellantis (groupe issu de la fusion de PSA et Fiat Chrysler) que l'on doit la renaissance d'Alpine à l'époque où il était numéro deux de Renault, et ce, en dépit du scepticisme de Carlos Ghosn. Pourtant, l'A110 est probablement l'une des meilleures voitures françaises conçues ces dernières décennies. Une surprise absolue qui montre que l'ingénierie automobile française n'a pas à rougir de quiconque.
L'Alpine A110 détonne déjà par son design. Avec ses lignes toutes en rondeurs, elle incarne une sorte d'anti-Porsche 911, modèle iconique du segment des sportives, aux lignes agressives et qui a posé un standard de style largement imité. La française se veut plus humble et même un peu rétro, en référence à la version des années 1960-1970. Elle réussit l'exploit d'être encore plus remarquée dans la rue que sa concurrente allemande. Incroyable !
À l'intérieur, cependant, nous sommes réservés... Cette sportive haut-de-gamme dispose du minimum. Une connectivité minimaliste (la nouvelle version accueille enfin CarPlay et AndroidAuto), une planche de bord sans originalité... Des vide-poches peu accessibles, pas de boîte à gants, pas de repose-mug... Ne parlons pas des assistants de conduite totalement absents hormis un simplissime limiteur et régulateur de vitesse (il n'est même pas adaptatif). Dernier grief : les coffres (un à l'avant, un à l'arrière) sont vraiment petits. Les ingénieurs auraient pu se donner comme objectif d'accueillir au moins deux bagages cabines.
En réalité, vous oublierez ces détails superflus une fois que vous aurez démarré le moteur. Le vrombissement de l'Alpine A110 vous sort immédiatement de votre torpeur. Son surprenant moteur de 250 chevaux vous coiffe au poteau grâce à son 0 à 100 km/h en seulement 4,5 secondes. Attention aux limitations de vitesse... Car l'Alpine est tellement à l'aise avec les vitesses que vous pouvez dépasser les vitesses autorisées sans vous en rendre compte. D'autant qu'elle est extrêmement confortables sur route. Entre la qualité des sièges, l'excellent équilibre des suspensions entre souplesse et dynamisme, l'Alpine permet de faire de la route avec un confort rare pour le segment. On aurait préféré une meilleure isolation acoustique, mais soit...
Ultime caprice du conducteur de l'A110 : le mode sport, qui décuple la puissance d'accélération et en rajoute un peu sur le bruit du moteur. A utiliser avec modération.
La version de base, notre préférée
En termes de tarif, la A110, celle qu'on appelle "pure" est à 59.500 euros. La version A110GT vous coûtera 10.000 euros plus cher, et la A110S atteint les 71.500 euros. Pas certain que les versions supérieures soient significativement différentes. Vous passerez à 300 chevaux mais ne gagnerez guère plus de 20 Nm sur un couple déjà élevé (320 Nm) et à peine 0,3 seconde sur un 0 à 100 km/h déjà extrêmement satisfaisant. En revanche, vous pourrez accéder à des options comme des éléments visuels très forts tel un aileron ou des visuels sports sur les flancs.
L'Alpine A110 n'a rien d'anecdotique. Elle incarne une ingénierie automobile française au faîte de son génie, directement inspiré des performances de Renault en Formule 1. Elle incarne une forte personnalité et raconte une histoire de l'ingénierie automobile française trop peu connue. Si vous hésitez encore... Dépêchez-vous, car les jours de l'A110 dans sa version actuelle sont comptés. Ensuite, elle passera en tout électrique grâce à l'aide de Lotus, avec, on l'espère, autant de performances et d'émotions que la version thermique. "Promis!" nous a lancé Luca de Meo, le patron du groupe Renault.
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