COP22 - "À Marrakech, nous devons tous prouver que nous voulons et allons passer à l'action"

La 22e Conférence (COP 22) de la Convention-cadre de Nations unies sur les changements climatiques qui se déroule à Marrakech (du 7 au 18 novembre). C'est une autre occasion pour les pays qui ont ratifié la Convention d'évaluer les responsabilités des différentes parties et de développer un cadre de négociation des engagements pris lors de la COP 21 à Paris. Pour Lahcen Haddad, Député et ancien ministre marocain du Tourisme, "Marrakech est notre dernière opportunité pour agir"…
Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères et président de la COP22, ouvrant la conférence, le 7 novembre à Marrakech , en compagnie de Ségolène Royal, ministre française de l’Environnement et présidente de la COP 21.

L'impact des changements climatiques sur les populations vulnérables et les pays pauvres est une réalité déroutante aujourd'hui, mais effrayante pour l'avenir très proche. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la qualité dégradée de l'air entraînée par les changements climatiques causera 250 000 morts supplémentaires entre 2030 et 2050. Le coût des problèmes de santé induits par le climat sera de 2 à 4 milliards de dollars à l'horizon 2030. L'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) estime que la présence du dioxyde de carbone (CO2) dans l'air a dépassé pour la première fois en 2015 le taux symbolique de 400 parts par million (PPMs).

La dégradation climatique s'aggrave...

Tristement, 2016 sera également une année record. « Une nouvelle réalité climatique » vient de voir le jour, entraînée par des changements sans précédent dans le système climatique à l'échelle planétaire : El Niño a été la cause principale des sécheresses qu'a connues le monde ces dernières années, surtout au niveau des zones tropicales, supposées être les poumons de la terre, vu leur rôle primordial dans l'absorption du CO2 émis dans l'air par nos usines, nos voitures, nos stations thermiques et nos villes.

Quand la couverture végétale fut sévèrement affaiblie par la sécheresse, la capacité d'absorption des forêts tropicales s'est amenuisée, selon l'OMM. Les poumons de la terre risquent même d'avoir atteint un taux élevé de saturation. Voilà qui explique le taux alarmant de CO2 dans les différentes couches de l'atmosphère ces dernières années.

Sécheresse et chaleur élevée ont sévèrement réduit la présence de l'eau aussi bien souterraine que de surface, surtout dans les régions désertiques, arides et semi-arides de l'Afrique, de l'Asie, de l'Océanie et de l'Amérique centrale. L'été dernier, des pays comme le Maroc ont investi des dizaines de millions de dollars pour acheminer l'eau en citernes aux populations et au cheptel vivant dans des zones qui connaissent un stress hydrique avancé, rendu plus aigu par la sécheresse et des vagues de canicule jamais vues auparavant. Cet effort est appelé à être plus important et plus pesant dans l'avenir très proche.

... et démultiplie  pauvreté extrême et conflits

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a mis en garde la communauté internationale contre le fait que 122 millions de personnes pourraient basculer dans la pauvreté extrême à l'horizon 2030 à cause des phénomènes liés aux changements climatiques tels que les inondations, la sécheresse et la salinisation du sol. Les petits agriculteurs, surtout en Afrique, en Asie, en Amérique centrale et du Sud, et au Pacifique, vont très bientôt voir leurs récoltes diminuer au moment où les produits de nécessité sur le marché connaissent une flambée sans précédent. Entre 35 et 122 millions de personnes vont donc basculer, en l'espace de 14 ans (toujours selon la FAO), vers la pauvreté extrême, entrainée par les changements climatiques.

Des régions entières souffrent déjà de manque d'eau, de canicule extrême, de déforestation et de pertes progressives de revenus : le Sahel, le Grand Sahara, la Corne de l'Afrique, les Caraïbes, les Îles du Pacifique, les régions subtropicales de l'Afrique et de l'Asie, les iles de l'océan Indien, les pays du Golfe de Guinée... Les pays et les communautés enclavés sont les premières victimes de ce changement drastique qui a bouleversé le système climatique. Les conflits au Yémen, en Syrie, au Soudan, en Somalie et ailleurs sont en fait des réactions sociopolitiques aux déséquilibres du système écologique entraînés par le stress hydrique, la déforestation, la rareté des sources de revenus, et les miniconflits autour des ressources.

"Nous devons agir maintenant et rapidement"

Les changements climatiques font partie maintenant de la réalité quotidienne de millions de personnes. Les leaders mondiaux s'étaient réunis l'année dernière à Paris et avaient pris des engagements de maintenir une hausse de la température mondiale à moins de 2 degrés Celsius tout le long de ce siècle et de fournir plus d'efforts pour arriver à moins de 1,5 degré d'augmentation par rapport à l'ère pré-industrielle. L'accord est un pas significatif en avant. C'est une action raisonnable et collective qui vise à sauver la planète pour nous et pour les générations futures.

À Marrakech cette année, nous devons tous prouver que nous voulons et allons passer à l'action. Nous devons agir maintenant et rapidement. Nous avons besoin d'un plan d'action global qui répondrait de façon efficace aux problèmes et aux attentes de centaines de millions de personnes en matière d'eau potable, de sécurité alimentaire, de baisse de revenus, de migration et d'accès à l'éducation et à la santé.

Les pays industrialisés doivent honorer leurs engagements de réduire les émissions des gaz à effet de serre (GES) sur une période de temps réaliste et raisonnable. Réduire les émissions de GES à l'échelle internationale à l'aide de systèmes de transports améliorés, de villes propres et intelligentes et de choix responsables en matière d'énergie et d'alimentation compte parmi les mesures à entreprendre pour voir réduits les problèmes de santé induits par la dégradation de la qualité de l'air.

Le défi du financement est réel, mais il doit être abordé de façon intelligente et responsable. Les cent milliards de dollars promis l'année dernière doivent être mobilisés par les gouvernements, les bailleurs de fonds et le secteur privé et utilisés pour financer des projets, des prêts à faible intérêt, des dons, des joint ventures et des initiatives en faveur des pays pauvres, des pays affectés par les changements climatiques, les pays insulaires, les pays enclavés et les pays et les zones victimes de conflits.

Bien sûr, les énergies renouvelables attirent plus facilement les investissements publics et privés, mais une attention particulière doit être donnée aux secteurs à « faible » retour sur investissement comme l'agriculture, l'écotourisme, les projets de reboisement, les petites et moyennes hydrauliques, etc. Arriver à une énergie à 100 % basée sur des renouvelables à l'horizon de 2050 est à notre portée. Déjà, des pays comme la Suède, le Costa Rica, le Nicaragua, l'Écosse, l'Allemagne, l'Uruguay, le Danemark, la Chine, le Maroc, les États-Unis et le Kenya agissent en tant que pionniers en investissant dans les différents types d'énergies renouvelables.

"Nous pouvons le faire, nous allons le faire"

Les citoyens également se doivent d'agir . Les collectifs et la mobilisation des individus se mettent en place partout dans différentes régions du monde pour réduire l'empreinte de l'activité humaine sur la planète. Greenpeace a proposé un ensemble de règles à suivre par les individus d'une façon quotidienne afin de contribuer positivement à l'effort mondial contre le réchauffement climatique  : 1. Réduire, réutiliser et recycler ; 2. Éteindre l'ordinateur et la télévision ; 3. Utiliser des ampoules économiques ; 4. Utiliser le transport public ; 5. Réduire l'utilisation de l'eau ; 6. Combattre la déforestation ; 7. Suivre un régime diététique à base d'aliments dont la production ne demande pas beaucoup d'énergie.

D'autres initiatives, de la part d'individus et de groupes engagés, existent. Elles visent l'atténuation de l'impact des changements climatiques et la réduction de l'empreinte humaine sur l'environnement. Ce qui est important c'est l'Action. À Marrakech, les leaders mondiaux vont parler argent et vont décider des mesures concrètes assorties d'indicateurs. Notre devoir à tous, en tant que citoyens du monde, est de continuer la mobilisation et le plaidoyer pour la sauvegarde de notre planète. Le changement climatique est une réalité qu'on ne peut plus cacher. Il n'est pas trop tard pour arrêter les dégâts, atténuer l'impact et adopter des comportements plus responsables. Marrakech est notre dernière opportunité pour agir. Il faut que l'humanité tout entière parle d'une seule voix et dise : nous pouvons le faire, nous allons le faire.

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Commentaires 5
à écrit le 11/11/2016 à 15:48
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Il faudrait faire le bilan de ce que Ségolène Royal nous a coûté. Études, rémunérations de tous les postes occupés jusqu'à aujourd'hui, retraites dorées future, et comparer à ce qu'elle a rapporté à la Nation.

à écrit le 11/11/2016 à 9:11
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J'ai oublié, est-ce que Ségolène fera la danse du ventre ?

à écrit le 11/11/2016 à 9:08
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Les chiffres avancés doivent être relativisés 250000 morts pour 7,5 milliards d'individus, à la louche, ça ne fait jamais que 0,003 % ou comment affoler les politiques qui n'ont pas besoin de ça. L'OMS, c'est comme l'ONU, un "machin". Cette organisat...

à écrit le 10/11/2016 à 13:06
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Faites et arrêtez de dépenser des tonnes de carbone et d'euros pour seulement le dire svp. Et faites bien, pas comme la banque européenne d'investissement qui au nom du réchauffement climatique finance des groupuscules mafieux assassinant des opp...

à écrit le 10/11/2016 à 9:28
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""Nous devons agir maintenant et rapidement"" Combien de millions d'euros et de tonnes de carbones dépensées depuis des années en réunions pour nous affirmer ce principe ? Ben oui va falloir que vous agissiez rapidement et maintenant mais au ...

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