COP22 - Anne Hidalgo à Khalifa Sall : "J'invite les grandes villes d'Afrique…" à agir plus ensemble

Que peuvent bien se dire Anne Hidalgo, maire de Paris, et Khalifa Sall, maire de Dakar, lorsqu'ils se rencontrent à une conférence de Smart Tourism Africa, événement organisé par La Tribune Afrique à Marrakech (10-11 nov.), dans la cadre de la COP22 ? Ils ébauchent une vision inclusive de la ville, acteur majeur du monde de demain, tandis que la maire de Paris invite à renforcer une action internationale concertée des villes…
Anne Hidalgo lors de sa participation à la conférence "Smart city et smart tourism" de l'événement Smart Tourisme Africa organisé par La Tribune Afrique à Marrakech, les 10-11 novembre 2016.

Répondant aux questions de Philippe Mabille, directeur de la Rédaction de La Tribune et modérateur de la conférence "Smart city et smart tourism", Anne Hidalgo inscrivit son propos dans la continuité de celui de Hakima el Haite : dans son discours liminaire, la ministre marocaine de l'Environnement et championne du climat avait notamment relevé que cette COP22 de Marrakech (7-18 novembre) était la première à s'ouvrir aux acteurs non-étatiques - et parmi eux les collectivités locales -, "dont on attend des engagements clairs, sur des objectifs clairs".

Anne Hidalgo : "J'y invite les grandes villes d'Afrique..."

La maire de Paris, dont l'implication en matière environnementale n'est plus à démontrer, illustre en effet ce que peuvent accomplir les collectivités territoriales, urbi et orbi, chez elles et au-delà en s'alliant à leurs alter ego, partout dans le monde. Pour Anne Hidalgo, qui déclare sans détour "Je m'oppose au cartel du diesel", l'Afrique est en effet "le continent stratégique de ce siècle, son développement doit se faire avec les énergies renouvelables, elle doit tourner le dos aux vieux modèles fossiles" tandis qu'elle considère le tourisme comme "un secteur à haut potentiel d'accélération de la transition énergétique".

Et la maire de Paris d'appeler ses homologues africains à rejoindre les associations internationales : "J'agis en ce sens au sein de l'Association Internationale des maires francophones (AIMF) et comme présidente du C40 des plus grandes métropoles mondiales (Le C40, Cities Climate Leadership Group, est une organisation qui vise à lutter contre le dérèglement climatique, ndlr).

J'y invite les grandes villes d'Afrique, avec notamment la présidente du REFELA, le Réseau des femmes élues locales d'Afrique (Célestine Ketcha Courtès, maire de la commune de Bangangté, au Cameroun, ndlr), et le CGLU" (l'organisation CGLU, Cités et gouvernements locaux unis, présidée par Parks Tau, ancien maire de Johannesbourg, représente et défend les intérêts des gouvernements locaux et régionaux sur la scène mondiale).

Khalifa Sall, maire de Dakar : "Le premier acteur du développement touristique, c'est la collectivité locale"

Tandis que Anne Hidalgo avait évoqué la problématique - nouvelle, pour la ville de Paris - de reconquérir les touristes perdus à la suite de l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan, Khalifa Sall, maire de Dakar releva lui aussi l'importance de cette activité, "deuxième source de revenus du Sénégal".

Pour le maire, qui nourrit de grandes ambitions numériques,  participatives et inclusives  pour la capitale du Sénégal (lire ici l'entretien qu'il accordé à La Tribune en décembre 2015) le tourisme peut contribuer à l'avancée vers une ville inclusive :

"Nous apprenons de l'autre, nous sommes ouverts à l'autre, c'est ainsi que nous comprenons le tourisme. Nous devons former nos citadins à être les premiers vecteurs et acteurs du développement du tourisme. Nous devons enjamber (les obstacles) pour aller vers le monde du développement et de l'innovation."

Mais, comment faire ? Pour Khalifa Sall, il faut surmonter le coût de l'accès à l'innovation, avant de franchir le second obstacle, celui de son essaimage : "Nous, les maires, avons tous les mêmes problèmes : nous voulons des villes propres, attractives, sécurisées, et où il fait bon vivre... Le premier acteur du développement touristique, c'est la collectivité locale. Aujourd'hui, nous ne pourrons pas construire le développement sans retourner à la base." Une conviction partagée par Anne Hidalgo - dont la municipalité soutient le Welcome City Lab, plateforme d'innovation dédiée au tourisme urbain et intégrant le premier incubateur au monde réservé à l'innovation touristique - qui considère elle aussi que "la ville inclusive, c'est ça la solution !"

Et lorsque Khalifa Sall surenchérit - "Le monde se fera par le local, le tourisme est un bon levier, rendons-nous attractifs" - Anne Hidalgo se demande à voix haute si "le (pouvoir) local est plus efficace que le national" ?

Pour la maire de Paris, cette reconnaissance de l'échelon local est de plus en plus nécessaire. Certes, elle reste problématique, car le pouvoir national veut imposer la verticalité de ses vues. Et même l'Union européenne, qui ne reconnaît pas les villes comme territoires partenaires (à l'inverse des régions, ndlr). "Or, relève Anne Hidalgo, aujourd'hui le monde s'organise en horizontal... Nous ne sommes pas concurrents, nous sommes un espace porteur de solutions à la bonne échelle. Je propose l'alliance entre États stratèges, organismes internationaux et acteurs locaux afin d'accélérer la marche vers un monde plus vertueux. Nous sommes porteurs de la capacité à construire plus de cohésion et d'harmonie. Tout est là, il n'y a plus qu'à avancer", conclut la maire de Paris.

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Commentaires 3
à écrit le 14/11/2016 à 12:35
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Il faudrait rappeler à Hidalgo, que Paris est un mirage administratif, que ce qui compte c'est L'Ile de France et ses travailleurs. Il est vrai que ceux-ci ne viennent pas en touristes, mais en producteurs de richesses. Mais beaucoup sont des Africai...

à écrit le 14/11/2016 à 12:11
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Encore elle! Après l'autophobie, voici la Françafrique. J'espère que les Africains seront mieux avisés que les Parisiens. Il est vrai qu'ils sont pauvres, donc intelligents. On ne peut pas en dire autant des bobos.

à écrit le 14/11/2016 à 10:15
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TOUTE IDEE ALLANT VERS PLUS PLUS D ECOLOGIE DANS LES GRANDES VILLES EST INPORTANTE? CAR DESORME BEAUCOUP DE GRANDES VILLES SONT INTEGRES DANS DES METROPOLES ET BIENTOT MEGAPOLE? PLUS UNE VILLE ET PROPES ET RESPIRABLE ET SECURISEZ PLUS ELLES AURAS DU...

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