L'économie collaborative se structure en gamme

Le rapport Terrasse sur l'économie collaborative (remis en février 2016) a comme tout rapport la qualité de parler du passé. Or aujourd'hui, face à l'accélération de l'économie, tout ce qui est présent est passé. L'origine du collaboratif dans les courants de pensée alternatifs est bien loin.

Aujourd'hui, le collaboratif représente même des entreprises de tailles considérables comme Uber et Airbnb notamment par le nombre de personnes qui en sont actrices (13.000 emplois salariés en France, Ademe, mai 2015). Ce sont des entreprises de « plateformisation », mot affreux qui caractérise le processus économique et décrit des entreprises horizontales à organisation plate.Le développement de cette économie est lié à deux processus. Le premier est l'élévation du niveau général d'éducation : chacun peut tenter sa chance de créer une entreprise ou d'en être acteur. Le second est la liberté personnelle en tant qu'acteur idéologique ou en tant qu'utilisateur du temps, pour l'économiser ou le mettre à disposition. Ces deux processus démontrent que l'économie collaborative devient l'économie autonome : chacun peut en être individuellement acteur.

La fin des plateformes

La prochaine étape de l'économie collaborative, de l'économie autonome, est en marche. Comme pour tout marché, la concurrence se développe et d'abord vers le haut de gamme. Pour Airbnb, la chambre chez un particulier, la concurrence va vers le service hôtelier d'exception comme Onefinestay. Et pourquoi pas l'accompagner du service de restauration, voire du service d'accueil à l'aéroport ou à la gare en entrant dans un service de conciergerie total. A l'inverse, le Ryanair d'Airbnb est à créer. Pour les VTC, lorsque toutes les villes seront couvertes, le même processus se mettra en marche avec un Uber plus haut de gamme se complétant de services pour la globalité du déplacement à la montée, à la descente ; et en plus bas de gamme les transports de 8/10 personnes vont se multiplier. Dans les prêts entre particulier, la différence se fera sur le conseil ponctuel ou permanent, ou la nature des prêts.

On est en marche vers la redécouverte de l'économie mutuelle de la fin du XIXe siècle : qui se ressemble s'assemble. L'assurance, la banque, sont les premiers concernés.

Aucun marché ne va y échapper. Face à un effet de mondialisation, la personnalisation entre dans l'économie par la grande porte, hier pour le produit ou le service, aujourd'hui pour en être acteur. C'est bien la conséquence de l'élévation du niveau d'éducation et la liberté personnelle, les moteurs de cette économie autonome. Une chance pour qui veut agir et non subir.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015.

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