Nos amis les robots

L'autre matin, lors d'une intervention sur la mutation du travail, une assemblée de DRH me faisait part de sa peur des robots.

À titre personnel, ils se faisaient l'écho des craintes de la mécanisation potentielle de leur travail : observer par robot la motivation d'un salarié à travers son oeil (quelle horreur !). À titre plus collectif, ils reflétaient la crainte de la perte massive d'emplois.Si les arguments ne sont pas fondamentalement faux, il est inquiétant de voir des personnes responsables de la transition numérique des équipes se faire encore l'écho de telles craintes.

Heureusement, l'une d'elles a rappelé que les secrétaires et sténodactylos avaient pour ainsi dire disparu du paysage sans que pour autant la masse d'entre elles ait défilé dans les rues ou pointé au chômage. Il y a eu mutation, même si certaines sont restées sur le bord du chemin.

Que ce soient les caissières de supermarchés ou une grande part du monde agricole, la robotisation (quel mot affreux) est en marche. Comme il y a un siècle, les palefreniers et maréchaux-ferrants ont disparu pour laisser place aux pompistes et garagistes. En fait, nous sommes entourés de robots : notre smartphone, notre ordinateur, et notre voiture sont largement numérisés. Les robots humanoïdes qui garderont les personnes âgées à domicile vont se multiplier, et dans nos maisons, de petits drones iront dans les étages.

N'y aurait-il alors plus de place pour l'homme ?

Bien au contraire, et je l'ai développé à plusieurs reprises dans cette chronique, plus le robot nous envahira, plus il y aura de place pour l'homme. Ne serait-ce que par nécessité. Le disque n'a pas fait disparaître les concerts. Il y a dans la rencontre entre humains ce courant qui crée le contact, le rapport, l'échange. Et puis notre vie a largement évolué : entre 1966 et 2016, en cinquante ans, les offres et les besoins ont largement changé faisant que les produits et services se sont multipliés et se sont créés, fabriqués et entretenus.

Alors, faisons ce petit exercice de se replonger en 1966, notre alimentation, nos déplacements, nos transports, nos loisirs, nos vêtements, notre santé. Voyons tout ce qui a été créé en cinquante ans.

Merci les robots ! Sinon, nous n'aurions pas les moyens financiers de nous payer toute cette évolution positive qui fait que nous vivons plus âgés et plus longtemps en meilleure santé. Faisons le saut dans cinquante ans, en 2066. Vive les robots !

Ils prendront en charge les tâches répétitives. À l'homme les tâches de création et d'humanité !

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015.

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Commentaires 2
à écrit le 18/04/2016 à 19:22
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Toujours la même musique : les tâches de création qui devraient occuper les humains ne concerneront qu'une partie négligeable. Le reste, eh bien... Il y en aura quelques uns de laissés sur le côté, comme c'est si joliment précisé dans l'article.

à écrit le 18/04/2016 à 19:22
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Alors, pourquoi y a t il des chomeurs? Quelle liaison avec les robots? Est ce l'énergie?

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