Hollande, aux tirs au but ?

Grand fan de football, sport populaire s'il en est, François Hollande sera-t-il sauvé sur le fil par un « effet 1998 » ? Le chef de l'État compte certainement sur les qualités offensives des Bleus, qui ont une chance raisonnable d'aller loin dans la compétition, pour se refaire une santé dans l'opinion. On l'a vu lors de la Coupe du monde, en 1998 : les Français aiment les victoires. Les grandes compétitions sportives sont un moyen pour un peuple de se rassembler autour de valeurs communes. Et de reprendre confiance dans l'avenir.
Philippe Mabille

Une victoire, la France en a bien besoin, elle qui accumule les déboires et les mauvaises nouvelles économiques depuis la crise de 2008. Dégradé en seconde division par les agences de rating qui lui ont retiré leur précieux triple A, surendetté, affichant le triple record du monde de la dépense publique, des prélèvements obligatoires et du moral en berne, le pays est blessé par les deux attentats terroristes de 2015, perclus de divisions dont la montée du Front national et la multiplication des grèves corporatistes sont le symptôme. Si on y ajoute le temps de cochon qui a fait se répandre ses fleuves et ses rivières, il était temps, en effet, que l'Euro arrive et apporte sinon un réconfort, du moins une distraction.

Mais s'il était entraîneur, François Hollande serait plutôt un admirateur de l'équipe italienne : jouer en défense, attendre la faute, sans hésiter à « tacler » l'adversaire, dans les tibias si possible, quitte à casser un peu d'os, pour l'emporter à la dernière minute, voilà sa tactique préférée. Un bon résumé du quinquennat, pendant lequel le chef de l'État a attendu inlassablement la croissance, faisant preuve d'un optimisme à la limite de la naïveté, jouant avec les nerfs de ses principaux alliés, quitte à casser la gauche en plusieurs morceaux irréconciliables. Le parallèle est saisissant et à l'Élysée, comme dans le dernier carré des soutiens de François Hollande, on continue de se raccrocher à ce scénario à l'italienne qui verrait leur champion s'imposer aux tirs aux buts.

L'histoire est belle, mais est encore loin d'être écrite

D'abord, la France de 2016 n'a rien à voir avec celle de 1998. La France « Black-Blanc-Beur » n'est plus qu'un souvenir et la grande fête du sport risque bien d'être gâchée par les relents racistes et nationalistes qui abîment l'idée européenne. Placée sous haute surveillance, la compétition va faire vivre la France pendant un mois sous haute tension. De ce point de vue, les terroristes ont réussi leur coup : changer notre mode de vie, quoi qu'on s'en défende, en entretenant la peur et alourdissant les coûts de la sécurité.

Sur le front social, le match qui a opposé le gouvernement à la CGT joue encore les prolongations et laisse un goût amer à tous les protagonistes. Certes, Manuel Valls n'a pas cédé au chantage, maintenant envers et contre tout la loi El Khomri, y compris dans son article 2. Mais la loi Travail donne le sentiment de n'avoir été qu'un prétexte à des conflits plus catégoriels dans le secteur public. L'intervention inopinée du gouvernement dans les négociations à la SNCF, faisant plier la volonté réformatrice de la direction, offre d'ailleurs la démonstration saisissante que la priorité donnée aux accords d'entreprise dans la future loi n'est qu'un vain mot, dès lors que la politique s'en mêle. À la SNCF, à EDF, à la RATP, chez Air France, l'autorité des dirigeants a été sacrifiée sur l'autel du rétablissement de l'ordre, face à une base syndicale qui comme la Seine, menace de déborder de son lit.

Dès lors, la question qui vient à chacun est la même que celle que l'on s'est posée lors du désastre de la France lors de la coupe du Monde en Afrique du Sud, en 2010 : est-ce la faute des joueurs, ou bien est-ce l'entraîneur qui n'est pas à la hauteur de la situation ? Chacun peut avoir son avis, fans de football comme électeurs. Mais poser la question, c'est déjà y répondre. C'est clairement à l'entraîneur de convaincre, par son leadership, qu'il conduit son équipe sur le chemin de la victoire. Et, si celle-ci arrive, il ne lui est pas interdit d'espérer en tirer quelque gloire.

Philippe Mabille

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Commentaires 3
à écrit le 10/06/2016 à 12:03
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Je souhaite que l'équipe de France soit construite a l'image du président:audacieuse ,tenace ,vainqueur dans l'adversité

à écrit le 10/06/2016 à 12:02
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Si l'avenir du pays se joue sur un match de foot, la France est vraiment tombée bien bas !!! On tire les ministres aux cartes ou aux osselets :-)

à écrit le 10/06/2016 à 8:59
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Si Vall et Hollajnde s imaginent pouvoir tirer vers le haut leurs cotes de popularité avec un succé des bleus c est qu ils sont vraiment a l ouest. Déjà ce soir si le SDF est vide ils pourront faire toute la com. qu il veulent, ils en porteront la ...

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