« L'habitat dit tout de nous »

ÉDITO. Le nouveau numéro de T La Revue de La Tribune vient de paraître. Une édition consacrée à l'habitat face aux nouvelles règles imposées par l'urgence climatique. 148 pages pour prendre le temps de décrypter un monde en transformations, actuellement en kiosque.
Valérie Abrial
(Crédits : La Tribune)

C'est sans doute l'une de nos préoccupations majeures : habiter. S'abriter. Se protéger. Vivre quelque part. Souvent pour être ensemble. Avoir un chez soi, un foyer, à partager. À montrer parfois. En être fier.

Il y a tant de manières d'habiter. Tant de manières de construire, d'architecturer, de rénover, de réhabiliter, de décorer. Tant de manières de voir et de vivre. L'habitat dit tout de nous. De quel pays, quelle région, quelle catégorie sociale nous venons. Notre maison comme une carte d'identité. Un carnet de santé. Car on la soigne notre maison. On veut s'y sentir bien. S'y sentir protégé. On veut qu'elle dure le plus longtemps possible. Pour y vivre bien sûr ; pour qu'elle vive elle aussi, et bien souvent pour la transmettre. La maison comme un passage de foyer en foyer à travers les âges.

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Et pour qu'elle vive, elle doit être durable. Ce mot qui est aujourd'hui dans toutes les bouches et autres discours : énergie, développement, économie, relance... Tout doit être durable. Forcément, pour que le monde continue d'exister, autant qu'il soit viable. Que la société dure au lieu de consommer à tout va. Voilà ce que l'air du temps nous murmure à l'oreille.

Décriée comme jamais, la société de consommation, celle d'après-guerre, accueillie à bras ouverts en son temps, perçue comme un modèle de reconstruction, est devenue, à grands coups d'excès, il faut bien le dire, un obstacle à la durabilité.

Faut-il pour autant arrêter de consommer ? Faut-il consommer autrement ?

L'habitat ne réchappe pas à ce questionnement. Surtout quand l'idéal pour une grande majorité de Français demeure la maison avec jardin. Celle qu'on a envie de construire à son image. Construire ? Encore un mot difficile à entendre quand l'urgence pour la planète est à la protection des sols et à leur non-artificialisation. Une problématique majeure, à considérer l'augmentation sans précédent de la population.

Force est de constater qu'habiter le monde devient de plus en plus difficile, surtout lorsque l'injonction formative est à la non-construction.

À partir de là, il n'y a pas d'autre choix que d'habiter autrement. Penser une urbanité à la fois verticale et végétale, réhabiliter l'ancien, transformer l'existant, offrir plusieurs vies au bâti, l'imaginer en évolution permanente et cela dès les premiers plans architecturaux. En utilisant des matériaux différents, avec lesquels s'entremêlent innovation et matières ancestrales.

Et si, finalement, le XXIe siècle était celui de la (dé)construction ? Celle qui implique un changement radical de vision et d'habitudes. Celle où la maison devient nomade, parfois éphémère mais non polluante, partagée et intergénérationnelle. Un habitat dans lequel l'individu laisse la place au collectif. Pour que le vivre ensemble se rappelle à nos mémoires.

Autre murmure de l'air du temps que ce vivre ensemble. Telle une vieille rengaine. Tel un refrain à la nostalgie heureuse. Tel un conte merveilleux et irréel. C'est selon. Car en réalité, ne finit-on pas toujours chacun chez soi...

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T La Revue n°11

Valérie Abrial

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