
Cet édito est la version Web de notre newsletter « Votre Tribune de la semaine », à recevoir par e-mail, chaque samedi, dès 8 heures.
___
C'est un cri d'alarme que lance dans La Tribune celle qui a failli être la Première ministre d'Emmanuel Macron et qui est devenue depuis le 1er janvier la présidente-directrice générale de Nexity en succédant à Alain Dinin, longtemps considéré comme le « vrai » ministre du Logement. Un cri d'alarme sur la surdité des pouvoirs publics face à la crise annoncée du logement que pourrait accentuer la hausse des taux d'intérêt. La tension se manifeste par la baisse de la production de logements neufs, alors que le marché de la location se tend à l'extrême, y compris pour les résidences étudiantes. Une crise du logement que les nouvelles règles contre les passoires thermiques pourraient amplifier, en réduisant l'offre sur l'ancien, et qui a des conséquences économiques : elle freine l'emploi alors que les entreprises cherchent à recruter et la mobilité sociale et géographique. « Il y a bel et bien une crise du logement qu'il va falloir résoudre. Le système est en train de s'étouffer », s'indigne la PDG de Nexity Véronique Bédague. « Le logement neuf permettait de le faire respirer. Il est important de continuer à aider les primo-accédants à avoir accès au logement, c'est très important pour la cohésion sociale. Si des gens n'ont plus accès au logement, cela va très mal se passer », prévient-elle. Macron, entends-tu le cri des futurs Gilets jaunes du logement ?
La question du logement est par définition une question sociale que le gouvernement a tort de négliger dans une période d'inflation. Car il représente une part croissante du budget des ménages. Il serait plus efficace à moyen terme d'agir pour rendre le logement plus abordable pour les ménages modestes que de chercher à contrôler l'inflation par une action de court terme sur les prix via un hypothétique panier anti-inflation.
Pour Michel-Edouard Leclerc, ce n'est pas à un « mars rouge » auquel il faut se préparer mais bien à un trimestre rouge avec des hausses de prix spectaculaires.
La question agite le pouvoir qui cherche désespérément une réponse politique à la flambée annoncée de la facture des caddies. Olivia Grégoire, la ministre du Commerce et des PME, assure que « l'idée du panier anti-inflation » n'est pas abandonnée, façon de maintenir la pression sur les producteurs et les distributeurs dans les négociations en cours. On en saura plus d'ici le 15 mars mais ce n'est pas un panier de 50 produits à prix bloqués pour 3 mois qui va résoudre la question de l'inflation perçue par les consommateurs, sur plus de 6.000 références d'un supermarché, fait valoir Michel-Edouard Leclerc.
Pour apporter une réponse politique, à la fois à la crainte de l'inflation et à la colère sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron a lui-même « mouillé la chemise » en se rendant auprès de « la France qui se lève tôt » au MIN (marché d'intérêt national) de Rungis. Paul Marion a suivi cette visite très politique aux accents sarkozystes, le chef de l'Etat ayant vanté la valeur travail, vraie réponse pour créer et partager la valeur.
La bonne nouvelle de la semaine est venue de la signature y compris par FO de l'Accord national interprofessionnel sur le partage de la valeur, qui vise à enfin étendre aux PME de 11 à 49 salariés les mécanismes d'intéressement et de participation. Un accord qui sera sanctuarisé dans la loi et repris tel quel a promis la Première ministre Elisabeth Borne, une condition sine qua non posée par les partenaires sociaux. « Le temps des partenaires sociaux est venu », a triomphé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le patron des patrons. Geoffroy Roux de Bézieux, tout en dénonçant le spectacle pitoyable à l'Assemblée nationale du débat sur l'âge de la retraite, espère même la naissance de cette « République contractuelle » vantée par Emmanuel Macron après sa réélection. Un Macron très critique en 2017 sur l'immobilisme des partenaires sociaux et qui est bien obligé de constater sur le terrain le retour en force des syndicats qui retrouvent leur rôle d'encadrement du mouvement social. Rendez-vous est pris pour le 7 mars pour les choses sérieuses ?
D'ici là, on attendra la pluie qui ne tombe toujours pas et qui inquiète les scientifiques et le gouvernement. La sécheresse hivernale qui succède à la sécheresse estivale sera à l'évidence au cœur du Salon de l'agriculture qui ouvre ses portes dans un contexte de crise, entre l'inflation des prix de l'énergie et la crise climatique. La France doit se préparer à des restrictions d'eau et à une hausse des températures qui pourrait aller jusqu'à 4 degrés, prévient le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. Il devrait dévoiler en avril des scénarios d'adaptation et appelle à « sortir du déni ».
- L'EDITION SPECIALE : La crise du logement neuf en France
Sujets les + commentés