Europe : apprendre à coucher à côté de l'ours russe

Le groupe de réflexions Mars analyse la stratégie de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine et sa façon de jouer avec les nerfs du monde, notamment de l'OTAN. Mais comme le disent les Norvégiens, il faut apprendre à coucher aux côtés de cet ours un peu brusque. Par le groupe de réflexions Mars.
Il est temps que les Européens s'émancipent de schémas mentaux qui ne correspondent plus à leurs intérêts, afin de continuer à faire rayonner un modèle politique, économique et culturel encore attractif (Le groupe de réflexions Mars).
"Il est temps que les Européens s'émancipent de schémas mentaux qui ne correspondent plus à leurs intérêts, afin de continuer à faire rayonner un modèle politique, économique et culturel encore attractif" (Le groupe de réflexions Mars). (Crédits : POOL)

Quel suspense ! Envahira, envahira pas ? Le monde entier retient son souffle, puis respire quand les deux principaux acteurs de la pièce de théâtre finissent par discuter aimablement ce 10 janvier autour d'une tasse de thé. Ainsi peut-on résumer la tragi-comédie de ce début d'hiver dans les plaines du Dniestr. En réalité, ce n'est ni le premier, ni le dernier épisode d'un feuilleton géopolitique que la tête d'affiche nous livre depuis quelques temps déjà. Vladimir Poutine amuse en effet la galerie depuis vingt ans, inoxydable jeune premier dont les partenaires « co-starring » ne font que passer. Chacun connaît la fin de chaque épisode, une happy end très hollywoodienne, mais apparemment, on ne s'en lasse pas.

Il n'y a pas plus conservateur que Poutine

Chacun sait également qu'il n'y a pas plus conservateur que le président russe, qui n'a ni envie, ni intérêt, et encore moins besoin, d'entrer dans un conflit ouvert avec l'OTAN, à l'issue pour le moins incertaine. Sa priorité est de consolider son camp, comme on le voit actuellement au Kazakhstan. Le Kremlin a beau brocarder l'inaptitude des Occidentaux à gagner les guerres qu'ils déclenchent, une guerre ouverte serait extrêmement destructrice et potentiellement fatale au régime au pouvoir à Moscou.

En réalité, nul moins que Vladimir Poutine n'est enclin à l'aventurisme. Selon une logique aussi vieille que la politique, le régime autoritaire qu'il incarne a simplement besoin d'un ennemi fictif pour conforter périodiquement une légitimité érodée par l'usure du pouvoir, la surmortalité due à la pandémie et l'absence d'ouverture démocratique. Pour cela, rien de plus simple, on gesticule non loin d'une frontière sensible de manière à ce que l'adversaire n'ignore rien des masses mobilisées. Dans le même temps, on nie avec vigueur toute manifestation d'agressivité au nom du droit souverain à mobiliser ses troupes. De l'autre côté, les agitations de cet épouvantail de carnaval est également bien commode pour resserrer les rangs de l'Alliance atlantique, faire oublier la déroute de Kaboul et maintenir la domination américaine sur l'Europe. Entre les deux, l'Ukraine n'existe pas et l'Europe pas davantage.

Europe : maintien du protectorat américain

Comment sortir de ce piège ? La France, critiquant la prétendue naïveté de ses partenaires européens, prône depuis 55 ans une voie intermédiaire entre autonomie et alignement. Avec constance, les faits têtus lui donnent raison de ne pas accorder une confiance aveugle au protecteur américain, qui n'a que faire des intérêts européens s'ils ne convergent pas avec les siens. Mais si la France est tout aussi régulièrement désavouée par les autres Européens dans ses velléités d'autonomie, ce n'est pas parce qu'ils sont naïfs, et encore moins stupides. C'est simplement parce que cette situation demeure conforme à leurs intérêts.

A grand trait, un État a essentiellement pour fonction de veiller à protéger et promouvoir deux types d'intérêts : la sécurité géopolitique et la prospérité économique. Telle était également la vocation initiale de la construction européenne : établir une paix et une croissance durables sur le continent. Pour cela, les nations européennes sorties ruinées de la deuxième guerre mondiale ont eu besoin de l'aide économique et militaire américaine. Avec le temps, les Européens ont cru que leur prospérité reposait sur le maintien du protectorat américain. La France gaullienne a eu beau prouver le contraire, les autres Européens ne voyaient aucun intérêt à se priver de l'avantage d'une sécurité extérieure à faible coût, d'autant que, au tournant des années 1980, le niveau de vie européen avait dépassé celui des Etats-Unis.

L'illusion de la démocratie universelle

Mais les évènements de 1989-1991 ont rebattu les cartes. L'effondrement soviétique laissant croire aux Occidentaux que leur système politique avait une vocation universelle, le leader du camp occidental est devenu une hyperpuissance confortée économiquement par la révolution industrielle de l'ère numérique. Mais loin de garantir au monde une ère de paix et de prospérité comme cela était habituellement le cas lorsqu'un empire hégémonique avait « pacifié » les territoires contrôlés, le monde est entré dans une période chaotique marquée par la permanence des conflits et des crises financières et économiques à répétition. Difficile dans ces conditions de convaincre de la supériorité des valeurs occidentales, d'où la tentation d'imposer par la violence le « nation building » aux peuples réticents. Le désastre de Kaboul a mis fin à ces prétentions.

Dans ce chaos, la Russie, dont la proclamation d'indépendance il y a 30 ans a provoqué la disparition de l'Union soviétique, a terriblement souffert du délitement des institutions au fondement du régime soviétique : il ne s'est pas trouvé un seul des 18 millions de membres du parti communiste pour le défendre ; les militaires ont déserté en masse une armée rouge vendue à l'encan ; restait le KGB, dont le bref passage au pouvoir sous Andropov lui avait permis de préparer la suite, à savoir la captation de l'héritage soviétique à l'occasion des privatisations massives. Le pouvoir est dès lors devenu de type mafieux. Dans ce contexte d'anarchie entretenue par un pouvoir fantoche aux ordres de Washington, le PIB russe a perdu 40% de sa valeur en dix ans, soit davantage que lors de la Grande guerre patriotique, et sans doute autant de citoyens, que ce soit par émigration ou du fait de l'effondrement de l'espérance de vie.

Poutine rempart contre l'aventurisme

Comment penser que cet immense pays ingouvernable, dont l'autoritarisme atavique cache mal l'anarchie foncière, allait en rester là et continuer à contempler son propre effondrement sans réagir ? Les structures de sécurité au pouvoir (l'ex-KGB, pour simplifier) ont fini par choisir l'un des leurs pour le hisser à la tête du pouvoir et mener une politique conforme à leurs intérêts. C'est ainsi que l'obscur bureaucrate Poutine, conseiller du très-libéral maire de Saint-Pétersbourg, est subitement devenu directeur du FSB, puis Premier ministre du président Eltsine avant de le remplacer au Kremlin. Les Occidentaux savent que le maintien de ce régime conservateur est une garantie contre l'aventurisme. A l'inverse, une « révolution de couleur » à Moscou aurait pour conséquence l'arrivée au pouvoir d'un régime faible qui chercherait tôt ou tard à affermir sa légitimité dans une guerre extérieure. Or les prétextes ne manquent pas.

Ces prétextes, ce sont tous les conflits plus ou moins gelés qui se réveillent de temps en temps dans « l'étranger proche » de la Russie. Ces abcès de fixation garantissent paradoxalement la sécurité du territoire russe, comme autant de zones grises qui rejettent l'instabilité à l'extérieur des frontières et préviennent le « retour des Polonais ». Ces « Polonais », ce sont tous les Occidentaux (Polono-Lituaniens, Suédois, Teutoniques, Français, « Fascistes » ... et aujourd'hui l'OTAN) qui, depuis le début du XVIIe siècle, ont périodiquement envahi les terres russes. Alors, oui, en 2022 comme en 1610, l'OTAN en Ukraine, vu de Moscou, c'est le « retour des Polonais ». C'est donc inacceptable. A ce stade, ce n'est même plus rationnel. La défiance vis-à-vis de l'Occident, qui confine à la haine dans certains cercles intellectuels, puise ses racines dans une mémoire vieille de 400 ans qui n'est en rien apaisée.

Au demeurant, ce réflexe obsidional de forteresse assiégée est entretenu par le mythe de la 3e Rome. Le Tsar (César) de toutes les Russie ne succède aux Princes de Kiev et de Moscovie qu'au XVIe siècle, peu après la chute de Constantinople, capitale de l'empire romain d'Orient. La Russie actuelle reprend volontiers un héritage que même Staline n'a pas ignoré. Héritière de Byzance, Rome d'orient qui a survécu mille ans à la chute de la Rome d'occident, la Russie reprend sa grande stratégie, dont le seul but est la survie. Cette grande stratégie n'obéit qu'aux intérêts de la géopolitique, à savoir le maintien de son régime (et de sa religion) au prix d'affrontements permanents (mais limités) avec ses puissants voisins, quitte à des rectifications de frontières mineures au gré des circonstances (et des opportunités). La stratégie de Byzance est l'antithèse de la montée aux extrêmes théorisée par Clausewitz. Napoléon, entré en vainqueur à Moscou après la bataille indécise de Borodino, l'a appris à ses dépens.

Apprendre à coucher à côté de l'ours russe

La Russie fuit à la fois les alliances trop contraignantes qu'elle ne domine pas et les batailles décisives, sauf quand elle est sûre de la victoire, quel qu'en soit le prix (comme à Koursk). Par conséquent, il est tout aussi erroné de craindre une grande alliance sino-russe que de croire que la Russie soit miscible dans l'Occident. Comme le disent les Norvégiens, il faut apprendre à coucher aux côtés de cet ours un peu brusque, qui peut faire mal quand il se retourne ; c'est pourquoi il est prudent de mettre un peu de distance entre lui et nous. Cette distance, c'est aujourd'hui l'Ukraine.

Les grands diplomates occidentaux sont des personnes cultivées et n'ignorent rien des fondements de la politique étrangère russe. Par conséquent, sous couvert de défendre des valeurs, s'ils jouent avec le feu en provoquant un casus belli avec la Russie, ils le font sciemment. Cela sert en effet des intérêts qui ne sont pas forcément ceux de la paix et de la prospérité des peuples européens. Intégrer l'Ukraine dans l'espace économique européen permettrait par exemple d'offrir au capital occidental une main d'œuvre nombreuse, bon marché et bien formée, plus facile à intégrer que les populations arrivées sans titre du sud ou de l'est de la Méditerranée. Et faire de la Russie non plus un partenaire stratégique mais un ennemi irréductible affermirait définitivement l'emprise militaire américaine sur l'Europe.

Une fenêtre d'opportunité s'était pourtant ouverte au début des années 1990, quand la Russie d'Eltsine cherchait encore sa voie et le tandem Mitterrand-Kohl envisageait sérieusement de donner une certaine consistance à l'idée de maison commune un temps prônée par Mikhail Gorbatchëv. Mais l'oncle Sam, qui s'appelait Bill à l'époque, n'en a pas voulu, considérant, à juste titre, cette perspective comme contraire aux intérêts américains. Et depuis 25 ans, la fenêtre s'est refermée pour longtemps.

La France doit rester dans l'OTAN

Mais la solution pour sortir de ce « piège d'Hérodote » (pour filer la métaphore de Thucydide) n'est pas pour la France, comme on l'entend à droite et à gauche, de sortir d'une Alliance atlantique inféodée aux intérêts industriels américains, mais au contraire d'y rester pour y consolider un môle de résistance à ces intérêts économiques contraires à la paix et à la prospérité des Européens, afin de ne pas perdre tous les bénéfices de l'alliance quand les Américains finiront par quitter Ramstein et Aviano comme ils ont abandonné Kaboul. C'est la seule solution raisonnable.

Toute nouvelle sortie du commandement intégré achèverait d'isoler notre pays et de le faire glisser sur la pente dangereuse d'un nationalisme agressif. A l'inverse, toute fuite en avant dans « l'armée européenne » n'aurait pour conséquence que de ruiner notre propre souveraineté sans pour autant doter l'Europe d'une autonomie stratégique dont personne ne veut. En revanche, il est temps que les Européens s'émancipent de schémas mentaux qui ne correspondent plus à leurs intérêts, afin de continuer à faire rayonner un modèle politique, économique et culturel encore attractif, n'en déplaise à M. Poutine.

La France doit donc rester dans l'OTAN, où prévaut le consensus, et continuer à y défendre ses positions politiques originales contre vents et marées, jusqu'au jour où les yeux des autres Européens finiront par se dessiller par la force des réalités stratégiques. Tout en présidant pour 6 mois le Conseil européen, notre pays fournira en 2022 la force de réaction très rapide de l'OTAN. L'état-major a désigné pour cela la brigade franco-allemande, qui n'a pas la réputation d'une unité d'élite très opérationnelle, et c'est très bien ainsi. C'est le genre de signal que les Russes savent parfaitement décrypter. L'armée française veut bien de temps en temps crier au loup avec le reste de la meute quand il y va de la pérennité de ses budgets, mais elle est assez bien renseignée pour ne pas se laisser intoxiquer par sa propre communication.

Pour sa part, fidèle à la tradition pacifiste et industrialiste du parti socialiste de Jean Jaurès et Albert Thomas, le groupe MARS estime qu'il existe d'autres moyens, plus honnêtes intellectuellement et moins risqués stratégiquement, de justifier l'investissement dans l'outil militaire. C'est ce à quoi il s'emploie depuis deux ans. Cette position raisonnable gagnerait à s'incarner politiquement à l'horizon des prochaines échéances électorales.

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(*) Le groupe Mars, constitué d'une trentaine de personnalités françaises issues d'horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l'industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

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Commentaires 19
à écrit le 11/01/2022 à 19:13
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Bonjour, Collaboration avec les nazis,, nos amis américains en connaissez long sur cette histoire... Avant et apres guerre....ils ne faut pas le dire s'est pas bien...

le 12/01/2022 à 8:59
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La peur panique du soviétisme a rendu les classes dirigeantes mondiales complètement folles déjà que partant de loin qui ont toutes, dont la classe dirigeante française, copieusement collaboré avec les nazis. D'ailleurs les grandes entreprises allema...

à écrit le 11/01/2022 à 2:10
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Le petit coq assis a cote de l'ours.

à écrit le 10/01/2022 à 23:09
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Une analyse qui est juste dans certains aspects, mais pas exempt de défauts. >Chacun sait également qu'il n'y a pas plus conservateur que le président russe< Les gens ne rendent pas compte qu’il ne s’agit que de la rhétorique dans la plupart des as...

à écrit le 10/01/2022 à 20:45
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Une analyse qui est juste dans certains aspects, mais pas exempt de défauts. >Chacun sait également qu'il n'y a pas plus conservateur que le président russe Les gens ne rendent pas compte qu’il ne s’agit que de la rhétorique dans la plupart des...

à écrit le 10/01/2022 à 18:51
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Quand on est le plus grand pays du Monde avec une des plus puissantes armées, qu'on affronte 8 mois sur 12 les rudesses de l'hiver, que la survie de cette mosaïque de peuples (francophiles d'ailleurs) repose essentiellement sur l"Energie, on aspire s...

à écrit le 10/01/2022 à 17:51
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Браво генерал Гамелен !

à écrit le 10/01/2022 à 17:17
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Quelle photo! Une belle tête de champion ce Poutine!

à écrit le 10/01/2022 à 17:05
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Bonjour, l'Europe a toutes a gagné a développé des relations durables avec la Russie.. Mais nous devons développé une défense Commune au niveau européen... Car s'est le seul moyen d'exister dans notre monde instable. La Russie s'est 6000 tanck et...

à écrit le 10/01/2022 à 16:27
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"Apprendre à coucher à côté de l'ours russe" ? Mais on s'endort déjà tous les soirs à côté de la Russie. Il n'y a que les ambitieux que cela empêche de dormir...

à écrit le 10/01/2022 à 10:35
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Est-il sot d'imaginer, un jour, l'intégration de la fédération de Russie dans la communauté européenne? Bien sûr, cela bouleverserait l'équilibre Occident-Asie? Historiquement, il me semble que la Russie a plus de points communs avec l'Europe. C'est ...

le 10/01/2022 à 10:47
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Faudrait déjà que l'UE à 27 fonctionne les prêcheurs européistes, on attend des résultats et non des prêches d'utopistes cupides.

le 10/01/2022 à 14:45
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Pourquoi intégrer la radeau de la méduse qu'est l'europe et qui est en train de couler ? Quel interet pour la Russie de rejoindre ce néant européen vérolé par les technocrates soumis aux américains ? Aucun.

à écrit le 10/01/2022 à 10:29
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Les problèmes de la Russie sont à l’échelle de ce pays continent et le voir sous notre angle de petit pays démocrate est à mon avis une erreur. La Russie n’a jamais connue une liberté politique telle que nous la vivons en occident et pour un observat...

le 10/01/2022 à 15:21
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sans diminuer le courage russe en 41-45, il faut bien reconnaitre qu ils n ont pas eut le choix. les nazi les traitaient comme des betes et pensaient les eliminer pour avoir l "espace vital". et cote sovietique (et pas uniquement russe) c etait la di...

à écrit le 10/01/2022 à 9:44
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Article assez bizarre. Deja si la plupart des pays de l UE souhaitent un parapluie US, c est par realisme: ils savent tres bien qu ils ne font pas le poids face a une armee russe. Qui pense serieusement que la litiuanie ou la Hollande peuvent contrer...

à écrit le 10/01/2022 à 8:51
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Voilà la Russie reste la seconde puissance nucléaire au monde, lui chercher querelle est tout simplement débile mais hélas avec nos dirigeants politiques européens au dogme binaire à savoir ou quelqu'un nous apporte de l'argent et tout va bien ou bie...

le 10/01/2022 à 10:15
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c'est plus simple se sont nos elite qui depuis 1945 reve d'etre amaricain et font tout pour cela de l'ecriture inclusive au wokisme jusqu' a vendre entreprise et technologie et meme aller payer certain produits en dollard pour mieux dépendre des ...

le 10/01/2022 à 10:26
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Oui on peut se dire que l'Europe paye très cher d'avoir sauvé les fesses des mégas riches français et allemands qui ont pourtant copieusement collaboré avec les nazis, la CIA doit avoir les tiroirs bourrés de dossiers sur notre classe dirigeante qui ...

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