AG anémiées, AG agitées

Début cette semaine des assemblées générales pour les grandes entreprises françaises. AG des Ciments Français hier, AG de L'Oréal aujourd'hui...Cette année, les petits actionnaires vont donner de la voix...

Il y a de quoi. Les actionnaires ont vu, sur l'année écoulée, leur patrimoine fondre comme neige au soleil, leurs titres baisser - ça dépend des groupes - de 50% à 80% ! Alors, l'assemblée générale, ça va être l'occasion, pour eux, d'exprimer leur colère.

L'assemblée générale annuelle, c'est, a priori, dans la vie d'une société cotée, un moment important. Tous les actionnaires, petits et grands, y sont conviés. C'est le moment, le seul pratiquement, où les propriétaires de l'entreprise, les actionnaires donc ont leur mot à dire. Ils votent. Une action, un vote. Sur le bilan de l'année, sur la stratégie à venir, sur la nomination aussi des dirigeants...

C'est la démocratie dans l'entreprise, la démocratie actionnariale !

Oui, en théorie. La réalité, c'est bien différent. Ces AG, en France, c'était plutôt jusqu'à présent des chambres d'enregistrement. Il y avait peu de monde - quelques représentants de grands fonds, des petits retraités qui occupaient leur temps libre pour. Il y avait d'ailleurs souvent à la clé, en fin d'AG, un cocktail et des petits cadeaux pour ceux qui faisaient l'effort d'assister à l'AG jusqu'au bout. L'AG était organisée par les directions avec talent, pour éviter toute contestation, pour faire accepter toutes les résolutions. Dans ces AG, la moitié, voire le tiers à peine des actionnaires était représentées. Les résolutions étaient ensuite adoptées avec des scores à la soviétique - du 99,9% bien souvent.

Sur la rémunération des dirigeants, les actionnaires vont monter au créneau cette fois-ci ?

Oui, c'est ce que promettent les associations de petits actionnaires. C'est vrai que les bonus, les stock-options, les parachutes dorés des dirigeants, tout cela, ça énerve les actionnaires. Sûr que les résolutions sur ces questions ne feront plus l'unanimité, comme autrefois. Les actionnaires devraient exprimer leur colère sur d'autres sujets aussi : la stratégie pas toujours très claire, les rachats d'actions malheureux, les augmentations de capital, les dividendes mêmes. Là, à priori, sur ce dernier sujet, ils ont pourtant été entendus. Malgré la baisse des profits l'an dernier, les entreprises cotées du Cac 40 continueront à distribuer des dividendes. Une manière de calmer les actionnaires. Pas de risque en définitive de putschs dans ces AG. Disons que cette année, les AG, ce ne seront plus de simples chambres d'enregistrement. Ce sera une cour de récréation, l'occasion pour les actionnaires de pousser un grand cri, avant de rentrer dans le rang. Ca aura quand même fait progresser, un peu, la démocratie actionnariale en France. Elle avait, il est vrai, beaucoup de retard.

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