Plaidoyer pour la paresse

L'emploi n'est pas une fin en soi. Il nous permet juste d'assumer notre subsistance. Voilà pourquoi ce sont des emplois productifs qu'il nous faut aujourd'hui : qui nous permettent de consommer des biens et des services produits avec un minimum d'effort et de labeur humains. Par Michel Santi, économiste (*).
Michel Santi, économiste.

Selon moi, le développement et la prospérité économique devraient surtout tendre vers la réduction progressive de notre temps de travail nécessaire pour produire et pour assurer l'approvisionnement de nos biens et services. Cessons donc d'être obnubilés par les statistiques des « créations d'emploi » qui ne doivent en définitive pas être le but ultime. Tandis que c'est plutôt l'accélération de la productivité - permettant de réduire drastiquement les prix - qui devrait être l'objectif vers lequel nos sociétés post industrialisées devraient tendre.

Il est ringard de s'accrocher à la notion vieillotte, voire éculée, de protection de l'emploi

Un seul mot d'ordre devrait animer notre système économique : celui consistant à créer plus de richesses avec toujours moins de travail. À ce sujet, c'est évidemment le commerce transfrontalier combiné avec la division du travail (dont l'usage des robots) qui autorisent les gains substantiels en productivité.

Un étudiant, Andy George, ne s'était-il pas essayé à fabriquer un sandwich par lui-même, en cultivant ses propres légumes, en élevant son bétail et - dans la mesure du possible - sans utiliser d'ustensiles de cuisine ? Expérience lui ayant coûté 1.500 dollars et six mois de sa vie, tandis qu'il nous suffit aujourd'hui de quelques dollars dépensés pendant une visite de quelques minutes dans un supermarché afin de se le procurer. Cette même heure de labeur qui était nécessaire en 1800 pour obtenir 10 minutes de lumière en génère aujourd'hui 300 jours !

Face à de telles avancées entièrement redevables à l'accélération du commerce global - lui-même générateur de division du travail et de percées technologiques - il est désormais ringard de s'accrocher à la notion vieillotte, voire éculée, de protection de l'emploi.

Place au paradigme du règne de la productivité

Que cette nostalgie de la défense des travailleurs cède définitivement la place au paradigme du règne de la productivité, qui permettra de réduire encore et davantage notre temps de travail et d'améliorer d'autant notre qualité de vie.

Loin - très loin - des descriptions de Zola, il est temps pour le travailleur et pour le salarié d'aujourd'hui de retrouver leur dignité et de se consacrer de plus en plus à leurs activités favorites. Les opportunités nous étant offertes par l'univers des services sont en effet réjouissantes et seuls les grincheux et autres pessimistes regretteront la « bête humaine » des usines ou le travail harassant dans les champs.

C'est donc à l'ensemble de la société que profitent la mécanisation, la robotisation et - d'une manière générale - la productivité, et ce par la courroie de transmission de la réduction massive, et des prix, et du temps de travail. Réfutons donc les discours cataclysmiques annonçant la dégénérescence de l'Humanité et faisant la promotion active de la fermeture des frontières car nous n'avons jamais été aussi riches.

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(*) Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.

Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique", "Misère et opulence". Son dernier ouvrage : "Pour un capitalisme entre adultes consentants", préface de Philippe Bilger.

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Commentaires 7
à écrit le 02/10/2018 à 13:56
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C'est horrible d'etre riche aujourd'hui car il n'y a presque plus rien à acheter que le pauvre n'ait déja. Comme l'écrivait W Buffet, avec 2% de ce que je gagne, je peux vivre et faire vivre toute ma famille dans ce qu'on appelle ( fautivement) le lu...

à écrit le 01/10/2018 à 16:38
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Texte intéressant mais qui fait un peu l'impasse sur la sauvegarde de l'environnement et la redistribution des richesses.

à écrit le 01/10/2018 à 14:54
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Ce n'est pas seulement la productivité mais un ensemble qui permet de l'augmenter comme la R&D et l'investissement en éducation (non pas en montant comme en France mais en qualité qui permet à terme à chacun de trouver un poste là ou il y a un manque...

à écrit le 01/10/2018 à 14:54
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Donc, raison de plus pour ne pas reculer l'âge de la retraite! Mais au contraire l'avancé!

à écrit le 01/10/2018 à 13:19
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Il suffirait d'appliquer la note n°6 du CAE pour régler tous nos problèmes, avec une allocation unniverselle pour respecter l'équité; mais les Français ne le comprennent pas; pourquoi? C'est pour moi un mystère. Qui aurait une réponse?

à écrit le 01/10/2018 à 12:19
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Entièrement d’accord et pourtant tout à fait contre Le pb c’est que si les chinois avaient la productivité des français le reste du monde n’aurait pas à travailler La question est donc comment répartir harmonieusement le travail dans une économie m...

le 01/10/2018 à 16:08
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La productivité des français est le prix à payer pour la réduction du temps de travail dont ils ont bénéficié. La productivité est une grandeur éminemment élastique qui s'adapte aux conditions de coût du travail (par exemple les usines Dacia de Rouma...

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