Mexique : le pays émergent qui se réforme, mais...

Sur fond de renforcement des relations bilatérales, la visite d'Etat de François Hollande au Mexique témoigne du crédit international grandissant dont jouit ce pays, à la faveur d'une dynamique inédite de réformes. D'aucuns saluent le « Moment du Mexique . Qu'en est-il vraiment ? par Jérémie None, économiste

Avec un PIB de 1 259 Mds USD en 2013, le Mexique est la 14ème puissance économique mondiale, la 2ème en Amérique latine et la 5ème parmi les émergents, derrière les BRIC. Il dispose d'atouts économiques notables à l'image d'un vaste marché intérieur de 118 millions de consommateurs, d'une abondance de ressources naturelles (minières, énergétiques et agricoles) et d'une situation géographique idoine pour jouer un rôle de plateforme d'exportation.

 Des comptes publics maîtrisés

La politique économique saine et rigoureuse menée depuis la crise de 1994-1995 lui a permis de se doter de solides fondamentaux tels qu'une maîtrise de ses comptes publics et extérieurs, une inflation contrôlée, un blindage de son économie soutenu par une politique d'accumulation des réserves de change et un système financier bien régulé et supervisé.

Cette gestion macroéconomique sérieuse renforce le crédit de cet émergent tant auprès des investisseurs étrangers -montant record des Investissements Directs Etrangers reçus en 2013 à 35,2 milliards de dollars- que de la communauté internationale. Pays hôte de la 16ème Conférence des Parties (COP 16) en 2010 et du G20 en 2012, il bénéficie, à titre de précaution, de la ligne de crédit flexible du FMI et du soutien d'autres institutions, dont la BID, l'OCDE et la Banque mondiale (étant le 1er emprunteur de la BIRD).

 Fervent défenseur du libre-échange

Cette influence croissante dans le système économique international tient enfin de son ouverture commerciale, engagée dans le sillage de son accession au GATT et de l'ALENA. Fervent défenseur du libre-échange, il dispose d'un réseau de 10 accords de libre-échange le liant à 44 Etats et participe activement à l'Alliance du Pacifique, la locomotive de l'intégration régionale en Amérique latine, ainsi qu'aux négociations de l'accord plurilatéral ambitieux de Partenariat Trans-Pacifique (TPP).

 Des freins structurels

 En dépit de ces remarquables attributs, la compétitivité du pays est grevée par des freins structurels subsistant depuis plusieurs décennies, faute, jusqu'il y a peu, de compromis entre les partis.

Parmi eux, la forte dépendance à l'activité nord-américaine (quasiment 80% de ses exportations sont destinées aux Etats-Unis) et aux revenus pétroliers (un tiers de ses recettes) constituent de sérieuses vulnérabilités. L'appareil productif mexicain est également affaibli par la prépondérance de l'informalité (environ 60% des emplois), des sous-investissements dans des domaines clés (R&D, infrastructures, capital humain) et le manque de concurrence dans certains secteurs.

Un accès limité au crédit 

S'y ajoutent d'autres rigidités telles qu'un accès limité au crédit, une faible performance du système fiscal (pression fiscale de 9,4% en 2013 à l'échelle du gouvernement fédéral) ou bien encore un impact très inquiétant de l'insécurité sur l'économie (coût estimé entre 1,4% et 15% du PIB). Enfin, signe que des progrès substantiels restent à accomplir sur la voie d'un développement davantage inclusif, le Mexique est en butte à d'importantes inégalités sociales et territoriales ainsi qu'à une forte pauvreté, touchant près de la moitié de sa population.

 Une dynamique de réformes

 Les retards du pays ont incité le Président Peña Nieto, dès son arrivée au pouvoir en décembre 2012, à favoriser la constitution d'une alliance entre les trois principaux partis pour mettre en œuvre un programme ambitieux de réformes structurelles.

Malgré des tensions politiques et des pressions de groupes d'intérêts, l'élan réformateur du « Pacte pour le Mexique » a été couronné de succès avec l'approbation d'une myriade de réformes dont celles des secteurs énergétique (fin du monopole des entreprises d'Etat d'hydrocarbures et d'électricité), financier pour d'accroître l'accès au crédit, des télécommunications avec une ouverture à la concurrence, de la fiscalité, du système éducatif, douanière ou bien encore politico-électorale.

 Combattre la pauvreté

De même, des mesures ont été prises sur le plan social pour combattre la pauvreté alimentaire via le programme phare de la « croisade contre la faim » et instaurer une pension de retraite pour les personnes âgées de plus de 65 ans ainsi qu'une assurance chômage. 

Suscitant de nombreux espoirs de changement, à l'instar des agences de notation Standard & Poor's et Moody's qui ont relevé sa note de dette souveraine, ce programme de réformes structurelles ne devrait porter ses fruits qu'à moyen terme, comme l'a rappelé la moindre croissance de l'économie mexicaine en 2013 à 1,2% (contre 3,6% en 2012).

 Cette croissance décevante, la plus faible depuis la récession de 2009, s'explique par un environnement international moins favorable, une crise du secteur de la construction et la baisse des dépenses publiques. Elle appelle plus que jamais à une concrétisation des efforts déployés en 2013, laquelle passe par l'approbation rapide de lois d'application des réformes majeures (énergétique, financière, télécommunications).

 C'est à ce prix que le pays pourrait élever durablement sa croissance à moyen terme autour de 4% voire au-delà de 5%, d'après les estimations respectives du FMI et de la Banque centrale du Mexique. De quoi hisser le « tigre aztèque » parmi les dix premières puissances mondiales à l'horizon 2025 ?

 

Jérémie NONE

 

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Commentaires 4
à écrit le 15/04/2014 à 12:18
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Bonne synthèse, fidèle à la réalité et aux défis du pays.

le 11/10/2019 à 9:09
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merci ca fait plaisir

à écrit le 11/04/2014 à 12:09
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Et pour cette fois au Mexique, il y aura combien de Rafales vendus?.... et des sous-marins nucléaires ?.... des centrales atomiques.... ?

à écrit le 11/04/2014 à 9:32
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Il est bien gentil le petit Jérémie, mais à part nous bassiner de chiffres - imprécis - il nous explique quoi sur le Mexique ? Rien !

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