Valls, des réformes pour de bon ?

Le gouvernement a changé son discours. Par Bernard Cohen-Hadad, présient du Think tank Etienne Marcel

Après avoir parlé devant les patrons des grandes entreprises, le premier ministre Manuel Valls vient de tenir, à La Rochelle, devant les socialistes un plaidoyer en faveur des réformes et des entreprises. La mise au point était nécessaire. Mais les discours suffisent-ils ? En effet, il n'y a pas si longtemps Jean-Marc Ayrault avait engagé son gouvernement dans la « priorité PME » et le président de la République rappelé avec solennité, à l'occasion des Assises de l'Entrepreneuriat, en avril 2013, « ce sont les entreprises qui créent de la richesse, ce sont les entreprises qui créent l'emploi ». Aujourd'hui, reconnaître que les entrepreneurs ont besoin de souplesse, de flexibilité, de stabilité, de lisibilité et de transparence n'est pas une nouveauté mais une urgence économique.

Et répondre à l'inquiétude des chefs d'entreprises des PME dépasse les effets d'annonce. Au début de l'été, 90% des dirigeants de PME (1) se déclarent « inquiets » par le contexte économique et 51% sont inquiets aussi pour leur propre activité.

Les PME, c'est 52% de l'emploi salarié

Dans les territoires, notre tissu entrepreneurial n'est pas constitué uniquement de grandes entreprises mais d'une multitude de PME patrimoniales. En France, on compte 3,2 millions de PME, soit 99,9% des entreprises. Ces entreprises représentent 52% de l'emploi salarié, 49% de la valeur ajoutée et 43% de l'investissement. Il faut, sans attendre, arriver à desserrer les freins sociaux des PME d'autant qu'elles ne délocalisent pas l'emploi ! Le principe du compte de pénibilité individuel est contreproductif.

L'urgence de mesures sur les seuils sociaux

Les mesures sur les seuils sociaux sont urgentes. Il existe en France 2,4 fois plus d'entreprises de 49 que de 50 salariés. Et franchir ce seuil est un casse tête : c'est plus de 35 obligations administratives et financières nouvelles. Il faut aussi de la cohérence. Comment condamner la défiance vis-à-vis de l'entreprise quand dans le même moment on dote l'Inspection du Travail de nouvelles prérogatives d'investigation et de contravention ? Pour retrouver la croissance le gouvernement doit dédiaboliser les profits, engager des réformes pour que les PME retrouvent des taux de marges décents et alléger la pression fiscale.
Il convient donc de passer aux actes ! La pression fiscale reste trop forte pour les PME. Avec un taux de 47% du PIB, la France détient la troisième place des pays européens dont les recettes fiscales sont les plus élevées.

36,1% d'impôt sur les sociétés, contre une moyenne européenne de 23%

Les recettes provenant des impôts et des cotisations sociales se sont accrues sous la gauche ! En 2014, le taux des prélèvements obligatoires va battre un record. Il faut avoir le courage politique de revoir notre taux d'imposition sur les sociétés qui est de 36, 1%. Dans l'Union Européenne, le taux moyen est de 23 %. Comment, dans ces conditions, faire face, dans les régions, à la concurrence internationale ?

Les établissements financiers indispensables

Pour grandir, prospérer, devenir des ETI, les PME ont besoin de confiance et de trouver des financements multiples pour se développer dans les territoires, à l'international, et pour l'innovation. BPI France est une réussite. Mais elle ne peut pas tout. Les investisseurs institutionnels, les investisseurs privés, français et étrangers, les établissements financiers sont indispensables. Ils ont besoin d'un climat politique stable, un climat social apaisé. Ils doivent pouvoir espérer des opérations rentables sans être montrés du doigt. Au lieu de les dénoncer, les politiques doivent valoriser concrètement ces mutations de notre économie mondialisée.

Encourager les PME à se tourner vers les banques, les assureurs et les investisseurs privés français ou étrangers. Aider les PME à grandir c'est donner une chance aux placements privés, encourager le marché obligataire et faire de la bourse des valeurs moyennes, une vraie bourse de PME. Récemment la chancelière allemande Angela Merkel appelait de ses vœux de «véritables réformes structurelles en France» une manière de souligner que pour faire des réformes les discours doivent quitter les tribunes pour se matérialiser par des actes.


Bernard COHEN-HADAD
Président du Think tank Etienne Marcel
Président de la commission financement de la CGPME

1) Baromètre CGPME KPMG 16 juin 2014

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Commentaires 8
à écrit le 10/09/2014 à 17:38
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OK. Combien d'emplois de créer. Il faut des engagements. Le résultat du CICE en 2014 : une augmentation du déficit budgétaire. Tout le contraire de ce qui avait été promis

à écrit le 02/09/2014 à 5:40
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Le CV de l'auteur me laisse pantois!

à écrit le 01/09/2014 à 23:30
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Nos dirigeants sortent quasiment tous d'un moule unique dans lequel on apprend que pour s'en sortir, il faut être fonctionnaire et s'appuyer sur le réseau des copains sortis du même moule. Parfois ils vont batifoler dans le privé, le temps de devenir...

à écrit le 01/09/2014 à 21:06
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Etre aussi intelligent et se laissez avoir par un beau parleur ,je sens que je vais pouvoir lui vendre des junkbonds ,voir ma vieille ds sans problème

à écrit le 01/09/2014 à 19:44
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De la propagande ultralibérale, on fait ça depuis des annees et ça ne marche pas.

le 01/09/2014 à 21:35
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"ultralibérale" ??? Déja ce mot ne veut rien dire, libérale c'est la liberté et la liberté "est", elle ne peut etre "ultra". De plus donner des chiffres concrets et vérifiables sont des faits, pas une opinion. Mais Max comme ses amis "ultra collectiv...

à écrit le 01/09/2014 à 16:49
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Ce monsieur semble ignorer que les petites entreprises (jusqu'à 7 630 000 euros de CA) ne sont soumises qu'a un IS de 15% sur les 38 120 premiers euros de bénéfice. Augmentez les salaires , investissez et vous garderez l'IS a 15%;

le 01/09/2014 à 23:40
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T'as jamais du monter ta boite. Car pour sortir 7ME en partant de rien il va falloir sacrément travailler et être brillant et si c'est le cas, tu vas pas le faire pour 38K. A ce prix autant faire postier intérimaire. Or malheureusement ce ne sont pas...

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