Positive Economy Forum (1/5) : "Que sera le monde en 2030 ? "

Pour le président de PlaNet Finance, Jacques Attali, qui a initié le groupe de réflexion à l'origine du rapport "Pour une économie positive", nous devons prendre en compte dans toutes les décisions majeures, publiques et privées, l'intérêt des générations futures. Et cela, au moyen de l'économie positive.
Jacques Attali.

La complexité de notre environnement et les mutations profondes en cours rendent difficiles ce travail de prospective. Or, 2030, c'est demain. Comment en finir avec le chômage, le surendettement, les tensions sociales et politiques, mais aussi le désespoir, le déclinisme, le fatalisme ?

Au-delà du devoir moral, nous avons tous un rôle à jouer dans ce que sera demain. Nous sommes tous responsables et acteurs de ce monde qui changera en fonction de ce que nous déciderons et de ce que nous pensons qu'il adviendra. Nous avons les clés pour l'orienter, le dessiner, l'inventer, pour qu'il ne ressemble en rien à ce que l'on peut en craindre.

Plusieurs scénarios

Comment préparer demain, de manière objective, sans pessimisme ni optimisme ? Si l'histoire se répète parfois, les scénarios du futur sont pluriels et multidimensionnels. Quel sera le plus vraisemblable ? Dans l'histoire récente de l'humanité, on observe des tendances longues et durables qui sont peut-être des indications de ce qui pourrait avoir lieu au cours des prochaines années.

Si l'on se replace au début du siècle dernier, il est intéressant de souligner que le progrès technique, le mouvement démocratique et l'essor économique étaient des réalités concrètes et tangibles, alors que, quelques années plus tard, la crise de 1929 a éclaté et a marqué l'avènement d'un siècle « malheureux ». Les valeurs sur lesquelles s'est construit le XXIe siècle, à savoir le désir d'immortalité et la liberté individuelle, doivent être aujourd'hui reconsidérées.

Accompagnant le passage d'une économie de la rente à une économie du profit, la quête de liberté individuelle, c'est-à-dire du droit à changer la vie, est devenue progressivement une valeur dominante de l'Occident. L'organisation de cette liberté individuelle s'est opérée dans un contexte de rareté.

L'intérêt des générations futures

Pour comprendre les crises successives et les grands enjeux de demain, il est fondamental d'analyser et de saisir deux principales contradictions. Le marché par nature est mondial, total et sans frontières, tandis que la démocratie est par définition locale, comme la règle de droit à laquelle le marché n'est d'ailleurs pas soumis. Il existe une incohérence concernant notre volonté d'organiser des biens rares (le marché) tout en tentant d'être libre (la démocratie).

Le couple marché/État exprime une fausse connivence. La liberté à tout prix peut être synonyme de réversibilité et de précarité. En particulier, la liberté individuelle peut remettre en cause le contrat de travail, le contrat affectif, le contrat avec les générations futures. Elle peut écarter l'intérêt collectif et le bien commun, ce qui peut aboutir à une déloyauté généralisée.

« Moi, maintenant, tout le temps »

Nous sommes aujourd'hui dans une dynamique du chaos. L'apologie de la liberté individuelle est l'apologie de la précarité. Il semble que même la technologie soit au service du « moi, maintenant, tout le temps ». Prendre en compte dans toutes les décisions majeures, publiques et privées, l'intérêt des générations futures. Telle est la définition de la mission de l'économie positive. Ce choix s'imposera de plus en plus face aux défis démographiques, financiers, écologiques, technologiques, sociaux, politiques, idéologiques. Il est même la condition nécessaire à la résolution de la crise économique et financière actuelle, qui trouve sa source dans la tyrannie de l'immédiat, qui règne de plus en plus, tant dans l'économie de marché que dans les institutions démocratiques.

L'économie positive repose sur la pratique d'un altruisme rationnel : chacun a intérêt au bonheur des générations suivantes. Parce que, sans cela, la vie de nos contemporains finira comme un cauchemar. Mais aussi parce que dans un monde plus dangereux, chacun sera de plus en plus tenté de se replier sur son bonheur personnel. Face à tous ces défis majeurs qui se profilent à l'horizon, il y a donc urgence à agir pour transformer en profondeur notre économie et notre société.

Promouvoir une "autre" économie

L'économie positive entend réorienter le capitalisme vers la prise en compte des enjeux du long terme. L'altruisme envers les générations futures y est un moteur plus puissant que l'individualisme animant aujourd'hui l'économie de marché. Le Mouvement qui vise à promouvoir cette autre économie ne valorise pas seulement un concept. Il met en lumière des énergies, des intuitions, des intentions enthousiasmantes et passionnantes démontrant que l'économie positive est déjà en marche partout sur la planète. Entrepreneurs sociaux, grandes entreprises, collectivités territoriales, membres de la société civile... Tous participent à cette économie plurielle qui n'est plus marginale.

Rappelons que l'économie positive n'est pas une économie subventionnée, elle crée des emplois, de la valeur, dégage des profits. Les lois adoptées récemment en France sur le financement participatif et l'économie sociale et solidaire permettent de libérer le cadre réglementaire pour amplifier les impacts positifs pour les générations futures et leur bien-être.

L'économie positive au service des générations à venir est la démonstration concrète qu'une croissance responsable, durable et inclusive est possible. Une économie respectueuse de l'environnement, qui est, enfin et avant tout, au service de la société. Dans un monde devenu anxiogène, où les perspectives semblent manquer, surtout aux jeunes qui se cherchent un avenir, parfois loin de la France, jamais il n'aura été aussi nécessaire de donner une voix aux générations futures. Jamais la prise en compte du long terme, pour chacun d'entre nous, à toutes les échelles d'action, n'aura été aussi urgente.

Aujourd'hui, cette prise de conscience conditionne la survie même de l'humanité. Chacun d'entre nous est un acteur du changement. Chacun est un acteur de l'économie positive ou négative. Une famille, une entreprise, une collectivité, une nation, une personne, chacun peut travailler pour les générations suivantes ou leur nuire. Nous pouvons encore agir pour faire émerger une société positive basée sur les valeurs de coopération, de confiance et de résilience. Inspirons-nous des nouvelles visions de progrès et d'espoir proposées par les pionniers de l'économie positive partout dans le monde.

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A LIRE DEMAIN (2/5): "Nous sommes à la veille d'une révolution sociale", par Ronald Cohen

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Commentaires 13
à écrit le 27/09/2014 à 20:46
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Voici ici détaillée la mauvaise foi d’Attali : lien pour -> blogs.mediapart.fr. Jugez-en par vous même.

à écrit le 27/09/2014 à 16:45
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Attila n'est pas ce mec qui a prédit le 18 décembre 2011 que l'euro n'aurait que jusqu'au 31 décembre pour disparaître ? toujours méfiant de l'entrée de la Turquie en Europe, maintenant il est devenu l'apôtre maximum de cette idée. Attali c'est le Sa...

le 28/09/2014 à 20:54
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oui c'est bien lui même.

à écrit le 27/09/2014 à 12:02
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c'est vrai ATTALI fait partie de ces gens que l'on voit depuis plus de 20 ans à la télé et qui se trompe tout le temps. Et il continue à passer à la télé.

à écrit le 26/09/2014 à 21:11
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Le gugusse s'est trompé à peu près sur tout comme Minck, mais il est toujours là à bonimenter, dehors, imposteur !!

à écrit le 26/09/2014 à 14:55
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Allez Jacques, il est temps de se reposer, voire de subir une petite euthanasie comme tu le suggérais si bien il y a 20 ans...

à écrit le 26/09/2014 à 14:24
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Bla bla bla bla....et ça continue encore et encore....décidément l'élite cherche en permanence à nous enfumer...

à écrit le 26/09/2014 à 11:25
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Tout ce que dit Mr Attali ne mange pas de pain. Qui ira vérifier ses dires en 2030 ? D’ici là le monde aura encore tellement bougé. J’espère seulement que d’ici 2030 Mr Attali n’aura plus les capacités intellectuelles de s’exprimer car il a trop fait...

à écrit le 26/09/2014 à 9:07
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Depuis 1981, sou Mitterand, Jacques Attali blablatte tout et son contraire, du plus fantasque au plus stupide ; Le pire c'est qu'il ai encore des benets politicards pour l'écouter et le lire .

le 26/09/2014 à 9:12
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tout à fait d'accord .Il ferait mieux de se taire car on voit aujourd'hui où mènent ses "bons conseils".

le 26/09/2014 à 10:28
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In finé, tous les rapports commandés par Chirac Sarkozy Hollande à Jacques ATTALI et payés avec de l'argent public sont constitutifs d'abus de fonds publics

le 29/09/2014 à 11:41
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Si ceci est avéré la dette n'est pas à rembourser. ce sera un des rares points positifs autour de cette logorrhée.

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