Commerce extérieur : les raisons de l'échec, les pistes pour une amélioration

Le déficit commercial tient à trois principaux facteurs: une compétitivité insuffisante, un mauvais positionnement à la fois industriels et géographique, et un sous investissement des entreprises. Par Hervé Guyader, Avocat au Barreau de Paris, Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International

Nul n'ignore à quel point le commerce extérieur français peine comparé à ses homologues, notre balance commerciale étant tristement négative. Nous avons déjà eu l'occasion de déplorer le manque d'implication politique expliquée, en ces temps incertains, par la volonté gouvernementale de ménager son électorat.
Nous avons pu appeler de nos vœux l'émergence d'une vraie politique du commerce extérieur. Au-delà du constat et de l'incantation, voici quelques propositions.


- Un manque de compétitivité

Est-il encore utile de déplorer notre manque dramatique de compétitivité ? Après que le gouvernement ait annoncé 50 Milliards d'Euros d'économie (à compter de 2015), le voici déclarant début septembre qu'il allait supprimer une tranche d'impôts sur le revenu. Les 50 Milliards ne seront jamais économisés, et la dépense publique va croître, réconciliant Vals 2 avec son électorat.
La compétitivité est étranglée par la masse invraisemblable de réglementations qui oblige tout entrepreneur à consacrer une partie importante de son temps à la gestion administrative de son entreprise. Ces contraintes normatives croissent encore dès lors que l'on s'intéresse au commerce international pour finalement asphyxier les quelques rares encore décidés.

- Un mauvais positionnement

Le problème de compétitivité est d'autant plus aigu que la France positionne fort mal ses productions tant en termes de choix de produits qu'en termes de géographie. Il est stupéfiant de constater l'absence d'idées claires de définition de produits susceptibles d'être exportés. Le coût horaire français étant si élevé, les productions sont chères et peu compétitives par rapport à nos concurrents.
Pourquoi ne pas se concentrer sur une production haut de gamme dont les coûts seront justifiés ?
L'image de la France est associée à l'image du luxe, de la gastronomie, de la mode, de l'excellence industrielle et scientifique, secteurs où les coûts sont naturellement élevés. Nos amis allemands, dont la main d'œuvre n'est guère moins chère, l'ont compris depuis des lustres concentrant toute leur énergie à une production à forte valeur ajoutée, très qualitative et aisée à exporter.
Relisons Ricardo et sa théorie de l'avantage comparatif.
Ensuite, le positionnement géographique est désastreux tant nous sommes absents de régions entières du globe, particulièrement en Amérique centrale, Amérique du Sud et l'Asie au-delà des célèbres BRICS (Brésil Russie Inde Chine Afrique du Sud). La France concentre ses efforts sur la zone Euro et le commerce transatlantique (dont nous déplorons qu'il soit si rigide). Pourquoi ne pas explorer ces autres zones où l'image de la France est pourtant porteuse ?
Il suffit de fréquenter les Chambres de commerce pour se rendre compte des possibilités infinies qui n'ont qu'à être saisies tant les réseaux sont tissés depuis tant d'années.


- Un manque d'investissements

Les PME françaises sont souvent trop petites pour penser à l'exportation qui coûte fatalement fort cher. Il leur faut croître, et pour ce faire, l'argent manque. Leur accès au financement est trop contrarié par les banques françaises qui ne savent se comporter qu'en Parangon d'une gestion équilibrée. Qu'un établissement bancaire soit soucieux de la rigueur comptable de ses clients s'entend, mais qu'elle se traduise alors par un appui. Il est malheureusement regrettable de constater à quel point les banques se montrent frileuses.
L'exportation, c'est le risque, l'essence même de l'esprit entrepreneurial. Le commerce international ne s'est nourri que de ces aventures folles qui ont construit le paysage du 19e et du 20e siècle avec ces canaux, ces barrages, ces routes commerciales...
Sortir de cette dépression suppose donc de chercher à positionner nos productions vers le haut de gamme, chercher des débouchés dans les zones centre-américaines, sud-américaines et asiatiques.
Quant à l'idée que le gouvernement décide de soutenir l'investissement afin de permettre à nos PME et autres grandes entreprises d'exporter, il faudra certainement attendre que les deux prochaines années ne s'écoulent et qu'un certain pragmatisme économique revienne aux affaires.

Hervé Guyader
Avocat au Barreau de Paris
Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International

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Commentaires 23
à écrit le 09/10/2014 à 18:02
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la nature ayant horreur du vide, si nous ne sommes pas présents sur les marchés export, ce sont les autres qui en profitent.. il faudrait aussi avoir des produits à vendre et vu l'état de notre outil industriel, il y a du souci à se faire...la re-con...

à écrit le 06/10/2014 à 22:50
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Je travaille l'étranger depuis près de dix ans (Amérique du Sud, Afrique) et il m'arrive d'essayer de commander des biens et des services en France, dans 99% des cas sans succés. 9 fois 10 les entreprises françaises que l'on contacte ne répondent pas...

à écrit le 06/10/2014 à 19:30
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l'union pour la mediterranée ... c'est la solution a l'economie française .. mais marine et ses admirateurs n'en veulent pas ... ils ne sont pas assez blanc..!!

le 07/10/2014 à 14:35
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L'union pour la méditerranée n'apporterai rien à la France. Rien à voir avec la couleur de peau. D'ailleurs la France n'est plus blanche depuis longtemps. C'est vers l'Est, c'est à dire la Russie, qu'il y aurai des opportunités pour notre pays. Les U...

à écrit le 06/10/2014 à 18:24
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Simplement le résultat de la baisse de l'euro face au dollar puisque l'on importe plus que l'on exporte la baisse de l'euro ne sera profitable qu'en cas d' excédent du commerce extérieur et ce n'est pas pour demain (déficit actuelle environ 70 milli...

le 06/10/2014 à 22:03
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Z comme zéro pointé : le déficit est de 24 Mds.

le 09/10/2014 à 6:46
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Non 61Mds

à écrit le 06/10/2014 à 17:43
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Les banques sont des acteurs majeurs de l'économie, et c'est elles qui distribuent les cartes . Elles n'ont pas de nationalité et font de juteuses affaires en fragilisant les entreprises françaises dont le prix est alors bradés. Ou alors en spéculant...

à écrit le 06/10/2014 à 16:41
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oh le joli monsieur yaca faucon

à écrit le 06/10/2014 à 16:39
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comment un simple avocat peut-il donner ainsi des leçons aux patrons ? il decrait être patron et serait surement très riche

à écrit le 06/10/2014 à 15:52
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avant de vouloir conquerir l'amerique centrale et du sud... il faut d'abord consolider sa position en afrique. au lieu de decrocher... le continant affiche 5% de croissance. pour commencer il faut arreter le dedin et le mepris de l'afrique reputer...

le 06/10/2014 à 16:31
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mais nous sommes déjà en Afrique, à l'intérieur comme à l'extérieur. le problème est la représentation exécrable de nos relais ambassades,chambre de commerce,et surtout du NO ENGLISH LANGAGE§§§§

le 06/10/2014 à 18:51
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nous etiont en afrique nuance..!!! dans les année 70 ,....il y avait 80% des vehicule qui etait français aujourd'hui 80% des vehicules sont japonais en attendant la chine.. l'afrique a besoin de 100 centrales electrique par an et alstoms n'est pas...

le 06/10/2014 à 19:12
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pigeot c'est desinteresser de l'afrique ne construisant plus des vehicule de brousse adapter au pays ..resultat il est racheter par les chinois. les chinois sont les premier investisseurs en afrique ...est cela leur rapporte des millards..obama ne ...

le 06/10/2014 à 19:54
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en tournant la page de l'afrique la france pensait tourner la page de son passé alors qu'elle tournait le dos de son avenir.. nicolas sarkozy.......

à écrit le 06/10/2014 à 15:17
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Dommage que les militants PS aient déserté ce forum...

le 06/10/2014 à 19:52
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Nous sommes en congrès à vieux boucau ! On revient bientôt.

à écrit le 06/10/2014 à 14:16
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l'accès au crédit en France n'est pas si difficile. la France est le pays ou le crédit aux entreprises a le mieux résisté dans la zone Euro pendant la crise.

à écrit le 06/10/2014 à 13:46
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Bon article. De mon point de vue le positionnement est le pb n1. La France est le seul pays qui jouit d'une image bonne et meme au dela, et qui est incapable d'exploiter ce filon.

le 06/10/2014 à 22:55
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Je trouve étonnant que les décideurs économiques demandent une politique claire de montée en gamme. Avec l'euro au taux où il est, la politique de montée en gamme est une évidence même pour un étudiant de première année. Il est loin le temps (avant 1...

à écrit le 06/10/2014 à 13:28
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d'un autre cote, les firmes ne vont pas faire de bons investissements pas rentables qui serviront a financer la secu et les chateaux des syndicalistes, en prenant des risques inconsideres sur les emergents..... si le nombre d'entreprises export a dim...

le 06/10/2014 à 13:45
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Oui. nos entrepreneurs ne maîtrisent pas l'anglais. ils sont frileux, alors que les allemands sont conquérants (comme le disait le Journal des Chambres de Commerce en 1914, avant l'expansion de l'Etat). l'Euro fort a dû accroître leur frilosité. l'Et...

à écrit le 06/10/2014 à 13:03
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On ne peut plus parler de commerce extérieur quand il n'y a plus de frontières!

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