Actions cotées  : un actif irremplaçable pour l'épargnant

OPINION. Même si les indices boursiers ont atteint des sommets ces dernières semaines, les actions cotées restent les actifs les plus rémunérateurs sur le long terme. (*) Par Thierry Dupont, associé co-fondateur de BDL Capital Management.
(Crédits : Reuters)

Trop chers, les marchés ? Tout investisseur préfère évidemment investir juste avant une hausse et éviter de le faire avant une baisse. Malheureusement, le timing du marché est un art difficile, voire impossible. Pire encore, des arbitrages trop fréquents sont souvent destructeurs de valeur. Qui aurait suivi le conseil implicite d'Alan Greenspan en vendant ses actions fin 1996 lorsque le dirigeant de la Réserve Fédérale évoqua l'exubérance irrationnelle des marchés se serait privé d'une formidable phase de hausse. Dans une optique de long terme - typiquement celle de qui fait fructifier leur épargne dans le but d'obtenir un complément de revenus à la retraite -, la vraie question à se poser est de savoir s'il existe des substituts possibles aux actions cotées dans une stratégie d'investissement.

Les obligations : du risque sans rendement

Chaque année, l'étude de référence « Crédit Suisse Global Investment Returns Yearbook », fondée sur des données de marché provenant de 90 pays sur plus de 120 ans, martèle le même message : les actions offrent une meilleure performance de long terme que les obligations, l'autre grande classe d'actifs cotée. Depuis 1950, les premières ont offert en moyenne une performance réelle annualisée de 7,1%, contre 3,6% pour les secondes. Il faut particulièrement garder à l'esprit cette réalité dans la période actuelle, où la stratégie de la Banque centrale européenne (BCE) a ancré les taux monétaires en territoire négatif et où le prix des actifs obligataires atteint des niveaux stratosphériques. L'étude de Crédit Suisse mentionne aussi des projections de rendement sur les années à venir, et elles sont édifiantes : Crédit Suisse table en effet sur une performance réelle négative de 0,5% pour les obligations. Clairement, c'est dans les actions qu'on peut attendre un potentiel, compte tenu de l'extrême faiblesse actuelle des taux, même si elle devrait se limiter à 3% par an après inflation. Les classes d'actifs réputées les moins risquées n'ont jamais aussi peu mérité ce qualificatif.

Le private equity : oui, mais...

Alors que le moteur obligataire est à l'arrêt, celui des actions, à savoir les bénéfices des entreprises, est plus que jamais indispensable à la performance d'un portefeuille. Certes, on peut le trouver ailleurs que dans les actions cotées, à savoir dans le capital-investissement (private equity). Il séduit beaucoup les investisseurs ces dernières années, notamment les institutionnels en quête de diversification. Ces stratégies en actions non cotées ont certes leur intérêt, mais attention au miroir aux alouettes ! D'abord, un argument souvent avancé pour préférer le private equity aux actions cotées - leur moindre volatilité - relève en réalité de la lapalissade : des actifs valorisés tous les trois ou six mois sont assez logiquement moins volatils que les actions cotées en temps réel et subissant au jour le jour les humeurs du marché. C'est d'ailleurs un point clé pour expliquer que les investisseurs institutionnels soumis à la Réglementation Solvabilité II soient attirés par cette classe d'actifs, puisque cette moindre volatilité allège leur contrainte de fonds propres réglementaires.

Non seulement les épargnants n'ont pas à se soucier de ce point, mais le private equity, dont le gisement est moins important que celui des actions cotées, leur est beaucoup moins facilement accessible aux investisseurs particuliers. Les meilleures stratégies sont souvent réservées aux institutionnels et les particuliers devant se contenter d'offres sensiblement différentes des vrais fonds non cotés et plus chargées en frais. Surtout, dans la période actuelle, le fort attrait exercé par le capital-investissement a fait affluer beaucoup d'argent dans le secteur, ce qui pousse les prix des transactions vers le haut. Pour respecter leurs promesses en termes de rentabilité, les fonds de private equity sont ainsi tentés de jouer sur un effet de levier plus important, ce qui pousse le curseur du risque vers le haut.

Les actions cotées : une brique indispensable

Par comparaison, le matériau que constitue les actions cotées est plus abondant, extrêmement diversifié (secteurs, zones géographiques, taille d'entreprises) et facilement accessible, même si faire mieux que le marché n'est pas si simple. Tout le travail d'un bon gérant actif est précisément de façonner des stratégies capables de regarder, au-delà du tumulte du court terme, les tendances lourdes qui remodèlent nos économies et de sélectionner avec soin les entreprises bénéficiaires du changement. Les actions cotées continuent d'être la brique fondamentale et irremplaçable d'une stratégie financière axée sur le temps long.

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Commentaire 1
à écrit le 04/09/2021 à 0:03
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Les actions? De l'argent fluctuant; dommage que l'Etat se serve aussi généreusement quand les fluctuations sont en votre faveur.

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