Assises de l'Eau  : le compte n'y est pas  !

Annoncées par le Président de la République en novembre 2017, les Assises de l'Eau se sont tenues d'avril 2018 à juillet 2019. Sous l'autorité du ministère de la Transition écologique et solidaire, cet exercice aura rassemblé autour de la table, pour la première fois depuis de nombreuses années, tous les acteurs de l'eau en France, pouvoirs publics, entreprises, élus, associations de consommateurs, ONG, représentants du monde agricole... Malgré les bonnes volontés affichées, le vrai problème n'a pas été réglé : celui du financement de la politique de l'eau.
(Crédits : Pixabay / CC)

 Fédérations professionnelles engagées dans la construction et l'entretien de nos infrastructures d'eau et d'assainissement, nous exerçons nos métiers avec passion et c'est cette même passion qui nous conduit aujourd'hui à tirer le signal d'alarme. Le modèle économique de l'eau est en péril car l'équation financière est loin d'être soutenable. Nous n'avons cessé d'alerter ces dernières semaines sur le manque d'investissement dans notre patrimoine de l'eau estimé à 2 à 3 milliards d'euros chaque année en entretien (canalisations, stations de traitement, génie civil, pluvial...). Ce qui est en jeu : l'état de nos infrastructures, leur pérennité, leur sécurité et leur conformité. Au taux actuel de renouvellement de nos canalisations, il faudrait en moyenne 160 ans pour les renouveler entièrement. Le résultat est hélas bien connu des spécialistes : les fuites représentent près d'un litre d'eau sur cinq.

La facture d'eau ne peut, à elle seule,
financer toute la politique de l'eau en France

Aujourd'hui, tous les engagements pris par le Gouvernement pour préserver les ressources en eau dans notre pays seront financés par les factures d'eau payées par nos concitoyens. Ce modèle économique n'est pas soutenable !Il le sera d'autant moins que l'accent mis sur les nécessaires économies d'eau risque de rétrécir fortement l'assiette de financement. En conséquence, et à moins d'une réévaluation rationnelle du prix de l'eau, ce rétrécissement de l'assiette conduira inévitablement les collectivités à reporter leurs investissements dans leurs infrastructures ; investissements qui n'ont pourtant jamais été aussi urgents.

Entre ambitions accrues et moyens qui semblent demeurer constants, voire en baisse, les Assises de l'Eau dessinent une équation financière qui n'est pas tenable pour les collectivités. Celles-ci ne pourront que solliciter les entreprises de l'eau pour tenter de résoudre une situation inextricable en terme de commande publique. Ainsi, si elles se concrétisent, les orientations des Assises pourraient paradoxalement mettre en danger les entreprises de l'eau. Très tendue à l'heure actuelle, leur situation financière expose nos entreprises à des cessions comme en témoigne, encore récemment, le choix du groupe Saint Gobain avec sa filiale PAM.

Des solutions existent pourtant
et nous les avons proposées dès avril 2018

Elles passent notamment par le renforcement d'urgence du principe de pollueur-payeur ou la réévaluation de façon cohérente du prix du m3 d'eau, principal élément constitutif du modèle économique de l'eau en France.

Comme l'a justement souligné le ministère de la Transition écologique, lors d'une récente conférence de presse :

« la bataille de l'eau est devant nous, État en tête ». Dans cette bataille, les collectivités en appellent à « en finir avec la baisse du prix de l'eau » comme demandé par Hervé Paul, vice-président de la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et régies.

___

Bruno Cavagné, Président de la FNTP ; Alain Grizaud, Président des Canalisateurs ; et Jean-Luc Ventura, Président de l'Union des industries de l'eau.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 08/08/2019 à 6:27
Signaler
"Dans cette bataille, les collectivités en appellent à « en finir avec la baisse du prix de l'eau » comme demandé par Hervé Paul, vice-président de la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et régies." NON, il faut mettre en place, app...

à écrit le 23/07/2019 à 11:30
Signaler
Qu'est-ce qui nous empêche de DIRE VENIR LA PLUIE douce, abondante durable à partir des océans ! Les processions "religieuses" le faisaient autrefois ! Les hopis savaient qu'il fallait danser et chanter pour faire venir la pluie ! LES ENERGIES SONT ...

à écrit le 23/07/2019 à 9:31
Signaler
"2 à 3 milliards d'euros chaque année en entretien" 30 euros par français, il suffit de les ajouter à la facture (HT), non ? Je croyais qu'une partie de la facture concernait l'entretien (comme le futur démantèlement des réacteurs dans les factures ...

à écrit le 23/07/2019 à 9:12
Signaler
"en finir avec la baisse du prix de l'eau" Information incomplète puisque comme d'habitude on fait payer l'eau moins chère à ceux qui la consomment le plus état donné que les ménages eux n'ont, depuis les privatisations honteuses, sachant qu'aux ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.