Assisterons-nous un jour à la disparition d'Uber ?

Mal aimé, Uber n'a pas réussi à tuer la concurrence dans l'oeuf, comme y sont parvenus les entreprises stars de la nouvelle économie. Par Olivier Fernandes, Président de Colibee

Amazon qui teste son service de livraison par drones. Uber qui prépare sa transition vers une activité de taxis sans conducteur... Les prochains virages technologiques de ces deux géants de la nouvelle économie sont-ils déjà synonymes de chômage pour des milliers de chauffeurs et de livreurs ? De manière plus générale, les plateformes de services sont-elles inéluctablement destructrices d'emploi ?

 Ces plateformes sont, aussi, des entreprises. Comme toute entreprise, elles visent la rentabilité. Amazon et Uber se sont pour leur part engagées dans une course à la croissance, avec pour credo : " the Winner takes all". Leur objectif : être les premiers sur leur terrain, pour in fine y être les seuls. Pour devenir incontournables, elles ont concentré toute leur stratégie, toutes leurs ressources financières et toute l'énergie qu'elles pouvaient mobiliser sur l'acquisition de clients et de parts de marché. Un pari sacrément coûteux. Sacrément risqué aussi.

 Un bilan critique pour Uber, le mal aimé

A ce jeu, Amazon a presque gagné : il est le seul acteur majeur dans son domaine. Mieux : jour après jour, il grignote inexorablement des parts de marchés aux commerces traditionnels et aux grandes chaines de distribution.

Le bilan est plus critique pour Uber. Certes, la plateforme a incontestablement battu tous les records sur le plan médiatique, au point de donner naissance à un modèle générique de rupture économique et sociétal : l'"ubérisation". Pourtant, malgré une réelle longueur d'avance sur son marché et des moyens financiers considérables, Uber, contrairement à Amazon, n'est pas parvenu à tuer la concurrence dans l'œuf. Plusieurs nouveaux compétiteurs se sont engagés sur le créneau du VTC (Le Cab, Chauffeur Privé, SnapCab...). Mais la fragilité de la plateforme est ailleurs. Uber n'est pas aimé. La corporation des taxis voit en lui une menace. Pour l'opinion publique, il est le cheval de Troie d'une dérégulation tous azimuts. Quant à ses chauffeurs, ils savent qu'ils ne sont considérés que comme les outils d'une logique strictement financière.

 La perspective de voitures sans chauffeurs

D'ailleurs, Uber aura-t-il à terme d'autres choix que de se séparer de ses chauffeurs ? L'entreprise ne pourra vraisemblablement pas augmenter ses prix, ni augmenter ses marges - ce qui fragiliserait définitivement sa relation avec ses conducteurs. La seule perspective semble donc être dans l'automatisation D'où le virage amorcé vers un service de taxis sans chauffeur.

Et Amazon ? Comment imaginer que le géant de la livraison passe à côté des promesses du drone pour réduire encore ses coûts et consolider plus avant sa position ?  Le monde change, nous passons d'une ère industrielle à une ère de l'information. Celle-ci a des atouts considérables : il s'agit d'une ressource inépuisable, créatrice de valeur quand elle est partagée, et qui se déplace à la vitesse de la lumière. Mais elle a un terrible inconvénient : elle ne préexiste pas à l'intervention de l'homme. Elle est le fruit d'un travail, elle nécessite de la matière grise, du temps, du savoir-faire.

Cet inconvénient n'est bien sûr pas indépassable. ll est même riche de belles opportunités. A nouveau monde, nouveaux modes de travail et de collaboration ! Adieu les organisations pyramidales, bienvenue aux modèles en réseau. Bienvenue donc aux plateformes servicielles, qui sont les outils de l'économie d'aujourd'hui et de demain. Reste que les plateformes ne font et ne feront pas tout. Aujourd'hui, beaucoup de patrons de start-ups pensent qu'il leur suffit de connecter quelques personnes via quelques algorithmes pour construire un business pérenne. Lourde erreur. Les investisseurs se montrent d'ailleurs de plus en plus regardants sur la solidité des stratégies, les fondamentaux des modèles. La rentabilité ne se bâtit pas dans une course à la taille. Aujourd'hui comme hier, demain comme aujourd'hui, elle se construit et se construira sur du capital humain.

Olivier Fernandes, Président de Colibee

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