BCE : une main ferme par gros temps

Certains observateurs s'attendent à ce que la BCE décide ce jeudi d'assouplir encore la politique monétaire. Ce serait une erreur. Par Elga Bartsch, chef économiste Europe, Morgan Stanley

Cette semaine, la BCE sera la première banque centrale à réunir son Conseil des gouverneurs après la pause estivale. Au bout de quelques semaines marquées par la volatilité globale des marchés financiers, en particulier en Asie, de nombreux investisseurs se tournent avec espoir vers les banques centrales, tout particulièrement vers la BCE, la Fed et la Banque Populaire de Chine. Cette dernière a déjà abaissé ses taux la semaine dernière, et un grand nombre d'acteurs se demandent maintenant si la BCE va réagir à son tour par une série de mesures d'assouplissement monétaire.

Les projections de la BCE révisées à la baisse?

Ces espoirs sont à notre avis mal fondés. Nous pensons plutôt que la BCE s'apprête à confirmer sa politique actuelle. Dans le même temps, nous nous attendons à ce qu'elle souligne de nouveau sa volonté de mettre en œuvre de nouvelles mesures de politique monétaire. Ces dernières seraient logiques dans la mesure où il est vraisemblable que les projections de la BCE vont devoir être révisées à la baisse à la lumière des derniers indicateurs économiques et du renchérissement de l'euro.

Le taux de croissance de 0,5 % prévu par la BCE paraît un peu surévalué par rapport aux résultats des trimestres précédents. Nous pensons également qu'il faudra réviser le profil d'inflation. La nouvelle chute des cours du pétrole et la remontée de l'euro justifient ces ajustements, notamment sur le court terme. À moyen terme, nous jugeons toujours que la tendance de l'inflation va clairement dans le sens de l'objectif de stabilité des prix de la BCE. C'est aussi pour cela que nous ne voyons pas de raison qui justifierait la mise en œuvre de nouvelles mesures d'assouplissement.

De simples ajustements

La BCE a déjà laissé entendre, lors de sa dernière réunion, à la mi-juillet, qu'elle entrevoyait des risques pouvant affecter la dynamique de croissance dans la zone euro. Elle a également indiqué que le ralentissement de la croissance sur les pays émergents était un facteur de risque. Dans le même temps, elle a souligné - dans le contexte de la fin de résolution de la crise grecque - qu'elle réagirait par des mesures supplémentaires à un resserrement inopportun des facilités de crédit ou à un risque accru pour la stabilité des prix. Néanmoins, le Conseil de la BCE ne prendra de telles mesures que si elle conclut à la nécessité d'une réévaluation globale de la situation, et non dans le cadre de simples ajustements des prévisions.

La Fed différerait toute décision

Étant donné qu'on peut s'attendre à ce que la Banque Populaire de Chine assouplisse encore un peu plus sa politique monétaire et que le gouvernement chinois assortira ces décisions de mesures d'ordre fiscal, nous ne pensons pas que le nouveau taux de change du renminbi conduira la BCE à réagir. Il est bien plus vraisemblable qu'elle poursuivra la mise en œuvre de son programme d'assouplissement quantitatif. En revanche, la Fed différera probablement sa première hausse de taux jusqu'en décembre.

Elga Bartsch, chef économiste Europe chez Morgan Stanley

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