Bitcoin, Ethereum... les monnaies programmables redonnent du souffle à la démocratie

OPINION. Au sein large, l'idéologie communiste promettait une gouvernance par les citoyens pour les citoyens. Côté capitaliste, on veut garantir la liberté de commercer et le juste profit. De même, du côté du socialisme, on prône un idéal de la représentativité des citoyens et de la juste répartition des richesses. Tout cela devient possible avec les nouvelles monnaies programmables. Par Yann Le Floch, consultant Maslow Capital Partners (*)

Les monnaies digitales issues des technologies Blockchain, et notamment du Bitcoin ou Ethereum, permettent aujourd'hui de programmer la monnaie, de par des développements de « smart contracts », de contrats intelligents par traduction littérale. Grâce à eux, la monnaie devient programmable. Enrichie de services et de nouveaux rôles, la monnaie programmable devient alors à l'argent, ce qu'un smartphone est au téléphone, avec un ensemble d'association d'applications possibles. Ces programmations de la monnaie, couplées aux autres outils du digital, laissent la possibilité d'envisager de manières variées les modèles d'économies politiques historiques, pour les modifier ou en créer de nouveaux, tant pour les monnaies crypto dites privées, que celles dites publiques de banques centrales.

Commençons par une pensée provocatrice, les idées politiques du communisme, - même si le concept est large -, promettaient une gouvernance par les citoyens pour les citoyens. Au 20 ème siècle, nous avons pu observer que ces idées aboutissaient à des gouvernances centralisées, administratives, et autoritaires, et étaient non-efficientes pour la création de richesse économique, qui doit reposer sur une diversité des initiatives individuelles et collectives.

Avec les monnaies programmables et le numérique, il est tout à fait possible de construire une allocation de capital, pour une initiative, un investissement, un financement, afin qu'elle soit réalisée d'une manière démocratique, en tentant d'optimiser la satisfaction collective, par des monnaies dont l'usage doit être validé par des droits de votes digitaux d'un collectif, qu'il soit d'élus ou de citoyens, à des niveaux locaux, nationaux ou internationaux. Ainsi la notion de décision d'un commun d'un capital intelligent, où définition de l'intelligence de l'usage et conditionnement par des droits de vote cohabitent, est techniquement accessible. Des fonds américains utilisent ce type de structure pour des investissements dans des crypto-money, où un « commun » d'acteurs clés sont garants de la conservation des monnaies digitales, et de leur bon usage en cas de transfert, de conversion, ou de paiement, une communion de financiers de Wall Street qui donnent la voie.

De même, les notions de liberté, de l'argent, dans la cadre d'une économie capitaliste naturelle dirigée par le juste profit et la juste accumulation, pourraient s'inscrire pleinement dans la liberté individuelle et singulière d'une entreprise, d'une nation, d'une association, d'un groupe d'individus, pour créer sa propre monnaie et avec les règles d'utilisation associées qui optimiseraient la satisfaction individuelle. La liberté de l'argent, la liberté du capital, dans un optimum possible de créer librement une monnaie qui puisse être utilisée librement selon un marché libre et des règles libres. Ainsi le client, l'usager, le citoyen, le commerçant, petit ou grand patron, l'acteur de l'économie en général, pourraient goûter à la liberté du capital, essentielle dans le capitalisme, et utiliser de manière optimale selon sa satisfaction personnelle quel type d'argent, de monnaie, il souhaite utiliser, et selon telles règles ou telles philosophies. Ainsi, la société Facebook dans le cadre de ses projets Libra et Calibra, renommés Diem en Décembre 2020, pourrait envisager une liberté de création monétaire associée aux groupes Facebook, petits ou grands. Un GAFAM qui donne la voie de la liberté du capital et du capitalisme.

Lire aussi : Libra, Facebook Pay : le géant des réseaux sociaux veut s'imposer dans les paiements

Enfin, le dit socialisme de l'économie politique, qui se définit parfois, notamment par Jacques Attali, comme un équilibre entre la liberté de la démocratie et la liberté de l'argent, pourrait innover pleinement sur des sujets d'équilibrage de l'environnement, d'inégalités économiques ou sociales, en créant par exemple des capitaux à usage spécifique, défini par des votes démocratiques représentatifs ou directs, via des monnaies colorées « coloured coins », ou des monnaies vertes, ou des monnaies sociales, dans le cadre desquelles l'usage sectoriel, géographique, sociologique, thématique, pourrait s'inscrire. Ainsi un usage des capitaux dans un équilibre dit socialiste entre la liberté de la démocratie et la liberté de l'argent pourrait s'architecturer. La société israélienne Colu, pionnière dans le domaine, propose ainsi de créer des monnaies locales pour des communautés, parfois à vocation politique par exemple LGBT ou dans le cadre de « Black Lives Matter ».

Il est à noter, que ces outils aujourd'hui, présentent toutes les qualités nécessaires du point de vue de la sécurité informatique, tout du moins autant que vos paiement Visa ou MasterCard, ou l'accès à vos comptes bancaires en ligne, à budget de sécurisation équivalent.

L'efficacité de ces outils ne sont donc plus un frein aux développements de ces technologies et ces notions.

Ainsi, l'économie politique historique, dans un mélange complexe des dimensions classiques, retrouve ses lettres de noblesse avec l'économie des monnaies digitales. Ne reste plus qu'à chacun de vous, à chacun de nous, de manière démocratique idéalement, de définir les monnaies de demain dans nos usages économiques et financiers, selon une fraternité. Merci à Satoshi Nakamoto, créateur.s du Bitcoin, d'avoir ouvert la voie technologique à ces infinies possibilités, et donc longue vie à l'économie politique et à la liberté monétaire !

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(*) Par Yann Le Floch, banquier des monnaies digitales, ancien banquier d'affaires pour BNP Paribas CIB, ingénieur des Mines de Paris, certifié en Blockchain du MIT et de la Harvard Business School en développement durable.

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Commentaires 9
à écrit le 08/02/2021 à 14:13
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Pour ma part, tout cela me semble totalement suicidaire. La situation explosive du pays est le fait d'un désengagement progressif de l'État, dans toutes les sphères. Comme s'il ne voulait plus diriger. La régulation de la monnaie est un pouvoir régal...

le 08/02/2021 à 17:46
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Je pense que vous n'avez pas très bien compris le concept de la crypto monnaie et plus généralement de la blockchain, mais rassurez-vous personne encore n'a perçu tout l'univers du possible de cette révolution. Un point important, ne confondez pas la...

à écrit le 08/02/2021 à 10:53
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L'or est le seul garant d'un bon echange. Facile a transporter et negociable partout. Gardez vos pseudo monnaies.

le 08/02/2021 à 13:41
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Bon courage pour transporter des kilos d’or, pour traverser des frontières, les garder en sécurité etc... Commentaire assez risible, mais excusable, car sans doute émis par un néophyte. Quoi qu’il en soit, la blockchain et les crypto, vous y v...

le 08/02/2021 à 18:33
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Je ne connais pas votre fortune, mais 1kg d'or coute 50k euros. La majeure partie de la population ne va pas transporter beaucoup de kilos d'or.

le 10/02/2021 à 0:50
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génie

à écrit le 08/02/2021 à 9:40
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Disons plus simplement qu'au sein d'un système totalement vérrouillé par les puissances financières mondiales, dans lesquelles seuls les riches sont en possibilité de devenir toujours plus riches, ces monnaies virtuelles offrent une alternative parti...

le 08/02/2021 à 14:21
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J'ai du mal à comprendre votre fascination pour les cryptomonnaie de GAFAM. "Ainsi le client, l'usager, le citoyen, le commerçant, petit ou grand patron, l'acteur de l'économie en général, pourraient goûter à la liberté du capital, essentielle dans l...

le 08/02/2021 à 18:00
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Ce n'est pas de la fascination c'est de la compréhension du phénomène du déclin qui a généré une oligarchie et donc une caste dirigeante toujours plus cupide et donc toujours moins éclairées. UNe catastrophe ambulante, un véritable fléau qui nous men...

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