Bruno Bonnell, faiseur de roi à la métropole de Lyon

POLITISCOPE. Homme « aux multiples vies », comme il se définit, il n'hésite pas à importer son expérience entrepreneuriale dans sa pratique politique. Lui qui a confondé à Lyon les célèbres sociétés Infogrames, Infonie et Robopolis aime les défis.
Bruno Bonnell, député LREM, candidat sans étiquette à Villeurbanne, est un as de la communication. Sa dernière trouvaille : distribuer son programme politique sous forme de roman-photo.
Bruno Bonnell, député LREM, candidat sans étiquette à Villeurbanne, est un as de la communication. Sa dernière trouvaille : distribuer son programme politique sous forme de roman-photo. (Crédits : Laurent Cerino - ADE)

À 61 ans, le député LREM Bruno Bonnell n'est pas du genre à regarder dans le rétroviseur. Cet entrepreneur lyonnais qui a rejoint Emmanuel Macron en 2017 avec enthousiasme continue de tracer sa route. Depuis le début du quinquennat, sa bonhommie et ses formules chocs ont fait la joie des chaînes d'info qui l'invitent régulièrement à commenter l'actualité politique. Homme « aux multiples vies », comme il se définit, il n'hésite pas à importer son expérience entrepreneuriale dans sa pratique politique. Lui qui a confondé à Lyon les célèbres sociétés Infogrames, Infonie et Robopolis aime les défis.

C'est ainsi qu'il a décidé de se présenter aux prochaines élections métropolitaines de Lyon, dans sa circonscription de Villeurbanne, regroupant 150.000 habitants. Cas unique à Lyon : celle-ci a la caractéristique d'épouser à la fois les frontières de la municipalité et celles de la nouvelle circonscription métropolitaine. Dans cette nouvelle aventure, le député Bonnell ne part pas seul : il est accompagné d'une transfuge LR, Emmanuelle Haziza. Cette dernière devient tête de liste pour la mairie, sous la bannière « Villeurbanne au cœur », avec en seconde position l'entrepreneur trublion, qui, lui, mène la liste métropolitaine, dénommée de la même manière.

Une candidature qui jette le trouble chez LREM à Lyon

Une initiative que le député Bonnell, devenu à l'automne vice-président du Mouvement radical (MR, fusion du Parti radical valoisien et d'une partie du PRG), se refuse à présenter comme une dissidence. Cette candidature jette pourtant le trouble dans le parti présidentiel à Lyon, déjà fracturé entre les candidatures de Gérard Collomb et de David Kimelfeld à la métropole. Et c'est justement parce qu'il refuse de se positionner entre les deux hommes que Bonnell a décidé de se présenter « sans étiquette ». Ce pari osé pourrait faire de l'entrepreneur lyonnais le futur faiseur de roi de l'élection métropolitaine à Lyon. Celle-ci pourrait se révéler plus ouverte que les sondages n'ont pu le laisser penser dans un premier temps.

Pour remporter le graal de la métropole, il est nécessaire de remporter une majorité des 14 circonscriptions. Avec une difficulté supplémentaire : le vainqueur au sein d'une circonscription récolte une prime en termes de délégués à la métropole. Ce scrutin, pourtant taillé à l'origine pour Gérard Collomb, pourrait vite se transformer en guerre de tranchées. Dans ce contexte, Bonnell évoque l'élection américaine de 2016 qui avait vu Trump s'imposer en récupérant un maximum de délégués face à Clinton qui avait rassemblé le maximum de voix. Le « marcheur » soutient que Villeurbanne pourrait devenir le swing state de l'élection métropolitaine.

Priorité à la thématique de la sécurité

En attendant, Bruno Bonnell multiplie les initiatives. « Comme je l'avais fait lors des législatives face à Najat Vallaud-Belkacem, je compte nationaliser notre campagne », nous décrypte-il. Cet as de la communication et du marketing compte également innover dans les supports utilisés. Premier exemple ? Il prévoit de diffuser un roman-photo auprès de la population de la circonscription pour expliquer les propositions de son programme. Plus classique, avec son binôme Emmanuelle Haziza, ils vont axer une bonne partie de leur campagne sur la thématique de la sécurité. À l'échelle de la métropole, cela serat-il suffisant alors que le candidat écologiste d'EELV, Bruno Bernard, devient un concurrent sérieux pour Gérard Collomb ? « Je pense que le vrai danger à Lyon comme au national vient plus des écologistes que du Rassemblement national. Notamment parce que la jeunesse n'a jamais aimé les discours de repli », nous assure Bonnell.

Du « macronisme », le député lyonnais, qui aurait bien voulu devenir patron de La République en marche en 2017, retient surtout que du jour au lendemain n'importe quel nobody a pu devenir député. « De jour en jour, nous assistons à une petite révolution au coeur de l'État et de l'Assemblée », affirme cet adepte du « nouveau monde ». « On le voit avec ces prochaines élections municipales, les étiquettes ne veulent plus rien dire. À l'inverse les électeurs font confiance à des aventures individuelles. » Les municipales pourraient être autant d'occasions dans les rangs de LREM de prendre du poids politique face aux « technos ». « Lors d'une rencontre avec Emmanuel Macron, je lui avais demandé s'il se reconnaissait plutôt dans 1830 ou 1848 », raconte Bonnell, passionné par le XIXe siècle. À l'époque, le futur chef de l'État ne lui avait pas répondu. Justement, Macron sera-t-il un Louis-Philippe qui donne le pouvoir à Guizot et aux technocrates, ou sera-t-il un Louis-Napoléon Bonaparte qui transforme la France avec les entrepreneurs ?

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Commentaire 1
à écrit le 17/02/2020 à 11:20
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Le problème étant que pour dix "faiseurs de roi" on en a un bon et neuf mauvais à un moment ce mode de fonctionnement est insuffisant.

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