Campagne de Brousse : le débat est « tout vert »

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Curieuse semaine de calme presque plat où l'anticyclone nous aura offert quelques derniers jours d'un parfait été indien, 25°, des terrasses bondées et foisonnantes. Les xanthophylles colorent les feuilles de l'automne. Au flanc des coteaux des Monédières, les roux, les mauves et les ocres des hêtres et des bruyères se confondent avec le pelage des « limousines ». Les candidats-candidats sont restés à peu près tranquilles depuis quelques jours. Les politologues ronronnent. C'était trop beau.

La tempête Aurore est venue balayer sans vergogne à 100, 120 ou 150 km/h le ciel du  nord de la France d'un vent frisquet apportant son lot d'averses, d'arbres déracinés, de toitures envolées et de sérieuses coupures d'électricité.

La « fée » électricité devient capricieuse, et son compère, le gaz à tous les étages, l'imite. Leur prix, comme les toitures sous l'ouragan, s'envolent. Sollicités par une reprise économique visible et des chiffres de l'emploi « records » par ceux qui veulent bien les voir, ils deviennent chers, trop chers, au point que le gouvernement se voit obligé d'en maîtriser leurs cours, en cette période sensible où se fourbissent les armes d'une compétition préélectorale balbutiante. Jean Caxtex en personne, et en « responsabilité », - dûment approuvé par François Hollande en « promo », comme beaucoup, pour soutenir la sortie de son nouvel opus « Affronter » - confirme un blocage de leurs prix pour toute l'année 2022 en même temps qu'il débloque une « indemnité inflation », un chèque de 100 euros pour trente-huit millions de français confrontés à la rude montée du coût des carburants. On vote en avril ! Ainsi l'essence « Sans Plomb 95-E10 (SP95-E10) » devient un authentique produit de luxe.

La politique de la pompe à essence et de l'EPR


L'affaire n'est pas simple quand il convient par ailleurs d'entreprendre avec détermination la décarbonation du monde. Diminuer les taxes signifierait relâcher l'effort. Un peu comme si l'on réduisait le coût des cigarettes en même temps qu'on enjoindrait la population à moins fumer ! Le « en même temps » impose de l'imagination et de l'habillage. Certes, le climat et l'environnement arrivent en tête des préoccupations de nos contemporains. Mais, devant la pompe à essence, le pouvoir d'achat, dont personne ne ressent manifestement l'amélioration malgré les calculs de l'Insee et les affirmations du Président, s'impose comme le critère crucial de l'instant. Et réveille les souvenirs de novembre 2018, des ronds-points et des gilets jaunes. Un coup de pouce suffira-t-il ?

Comme s'impose, semble-t-il, principe de réalité oblige, un virage sur l'aile en matière de nucléaire ; « La bataille du nucléaire a commencé », titre Le Parisien du 12 octobre. « Energies renouvelables : le pari impossible sans le nucléaire » à la une de Challenges du 14 octobre. Le Président, en annonçant le plan d'investissement France 2030, relançait la filière en vantant les mérites des SMR (Small Modular Reactors), ces nouveaux réacteurs de poche. On envisage la mise en chantier des six EPR (European Pressurized  Reactor), malgré les déconvenues enregistrées par le passé. « On n'y coupera pas ». On ne coupera pas non plus aux confrontations avec les opposants idéologiques lors de la campagne à venir. Le 100 % renouvelable ne fait pas plus l'unanimité que le 70% nucléaire. Quel mix et à quel horizon ? Le débat est « tout vert ». L'écologie et le « en même temps » sont à l'épreuve.

On craint une cinquième vague à mesure que l'on injecte une troisième dose. On est pas sorti de l'auberge, masqués ou non à la discrétion des préfets. Le pass sanitaire sera vraisemblablement obligatoire jusqu'à l'été... Heureusement, ce 21 octobre, cinq millions d'exemplaires du nouvel Astérix déferlent sur la planète. On retrouve nos héros, toute ingérence bue, enneigés au secours de Sarmates envahis par les troupes de César à la recherche d'un mystérieux « griffon ». Cekankondine aux prises avec Terrinconus. Petibonum sauvera-t-il Barbaricum ? Toute ressemblance...

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Commentaires 2
à écrit le 23/10/2021 à 19:59
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Ce n'est pas parce que certain change d'idée comme de chemise que je leur accorderai mon vote! Minimiser les inconvénients est ce qu'il y a de mieux a faire quand on se veut écologiste! Donc éliminer les causes et non gérer les conséquences!

à écrit le 23/10/2021 à 16:40
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Rhoo, les jeux de mollets, j'adore. Comment allez vous yaux de poêle? On ne devrait pas parler de cheque inflation mais de cheque appauvrissement. Le brent est a 73 euros, il y a déjà eu pire, mais aucun journaliste ne parle de l'effet cliquet des ta...

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