Ceci peut ne pas être une crise !

OPINION. Pour assurer un rédémarrage de l'activité et éviter une crise économique, il est nécessaire de restructurer les dettes des entreprises et les créances des banques afin que ces dernières puissent à nouveau prêter aux acteurs économiques. Par Michel Santi, économiste*.
Michel Santi.
Michel Santi. (Crédits : DR)

La comparaison de la crise économique estampillée Covid-19 avec la crise des
années 2007-2008 est fascinante. Souvenez-vous: à l'époque, l'économie
réelle subissait les conséquences directes d'un système bancaire surendetté
et gros consommateur de levier. Face à cette menace existentielle, la
réponse fut assez classique, en ce sens qu'elle consista à la création de
mécanismes de soulagement de ces banques couplés à des modifications des
règles prudentielles. Dans le monde d'après confinement, la situation sera
diamétralement opposée car c'est le système bancaire qui, dès lors, sera
confronté à une économie réelle qui - à son tour - se retrouvera
surendettée.

Une production à jamais perdue

Pendant le confinement, les liquidités et les revenus dont bénéficient
nombre d'entreprises furent mises en cale sèche et la production censée se
dérouler durant cette période à jamais perdue. Voilà pourquoi les
entreprises encore debout et en vie dans les semaines à venir espèrent une
résurrection de ces cash flows, mais dans l'objectif évident de parer au
plus pressé, de rassurer leurs salariés, et de renouer avec leur trajectoire
d'affaires antérieure, et non pour rediriger une grande partie de ces
liquidités à rembourser leurs emprunts ni même les intérêts de leurs dettes.

C'est donc une restructuration qui doit être initiée afin d'éviter
absolument que les créances des banques ne viennent nuire davantage - voire
donner le coup de grâce - à nos conditions économiques. Il est donc vital
pour l'ensemble des acteurs, comme pour la reprise d'une croissance
sérieusement compromise, que des procédures administratives simplifiées
soient mise en place qui autoriseront une restructuration des dettes des
entreprises, car leur insolvabilité n'est en rien de leur fait ni la
résultante d'une mauvaise gestion mais - comme on le sait tous - la
conséquence directe de la pandémie.

Encourager les banques à prêter

Par ailleurs, si le souci de nos dirigeants politico-économiques est bien de
redémarrer l'économie dans les meilleures conditions et dans les plus brefs
délais possibles, il est tout aussi important d'encourager les banques à
prêter, mais celles-ci ne seront motivées - et ne pourront le faire du
simple point de vue de la réglementation - que si elles sont délestées de
leurs créances douteuses. En effet, même si c'est l'État qui se porte garant
des créances des entreprises fragilisées, les banques ne pourront entrer en
matière sur de nouveaux prêts permettant la reconstruction et les nouveaux
investissements que si les anciens disparaissent de leurs bilans ! L'État -
ou l'Europe - devra donc sans tarder instituer un véhicule qui rachètera aux
banques ces créances douteuses voire pourries et le plus rapidement
possible, afin que leurs bilans ainsi purgés leur permettent de financer la
reprise.

La facture pour les contribuables

Alors oui, c'est nous les contribuables qui, de manière ultime, seront
amenés à payer la facture et nous le savons depuis 2008 que c'est nous - et
non les banques centrales - qui sommes les vrais prêteurs en dernier
ressort. Mais nous vivons, évoluons, consommons et investissons dans un
contexte occidental dont nous savons qu'il croule sous les endettements.
Voilà pourquoi notre boîte à outils est hélas aujourd'hui réduite à sa plus
simple expression, et voilà pourquoi l'alternative à la solution évoquée
ci-dessus serait le plongeon la tête première dans la catastrophe.

_________

(*) Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.
Il vient de publier «Fauteuil 37» préfacé par Edgar Morin
Sa page Facebook et son fil Twitter.

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Commentaires 8
à écrit le 12/05/2020 à 0:15
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Étrange raisonnement. Si l’on veut que les banques continuent de prêter (ce qu’elles font déjà...), une seule chose simple est à faire : que la BCE autorise les banques à retenir dans leurs bilans (pour le calcul de leur niveau de fonds propres requ...

à écrit le 11/05/2020 à 9:51
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Un article qui ne tient pas beaucoup compte de tout le fric que les gouvernements, en France et ailleurs, envoient aux entreprises pour qu'elles évitent la crise de liquidité : chômage partiel, PGE, reports de charges sociales etc... sans parler de c...

à écrit le 10/05/2020 à 22:06
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Moi non plus je ne comprends pas l’intérêt de cet article si ce n’est de faire du lobbying sur les etats en tant qu’influenceur afin qu’ils reprennent des créances douteuses des banques. Est ce pour débarrasser les banques de prêts douteux bien juteu...

à écrit le 10/05/2020 à 15:22
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Quand on jongle avec la monnaie, on ne pense qu'avec ses œillères! L'essentiel est de répondre a la demande et non de préformaté le futur avec les données d'hier!

à écrit le 10/05/2020 à 10:42
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Quel est l’intérêt de cet article ? C’est une description de ce qui se passe aujourd’hui déjà... Pour information, nous sommes déjà dans une crise économique et les effets seront violents dans les mois à venir...

à écrit le 09/05/2020 à 20:45
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"Une production à jamais perdue" Présente et future pour une partie puisque les mentalités ont évolué quand même, bien malin est celui qui va les anticiper.

à écrit le 09/05/2020 à 19:55
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Quand on jongle avec la monnaie, on ne pense qu'avec ses œillères! L'essentiel est de répondre a la demande et non de préformaté le futur avec les données d'hier!

à écrit le 09/05/2020 à 19:51
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Qu'ont on jongle avec la monnaie, on ne pense qu'avec ses œillères! L'essentiel est de répondre a la demande et non de préformaté le futur avec les données d'hier!

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